CHAPITRE IV - WYATT

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— Ça bosse dur, Wyatt ?

Je lève les yeux vers Chemsy et tire longuement sur ma clope.

Le séjour à New-York, sauf le premier jour, n'était pas franchement génial. Sauf le Père Julian Mediaz, nous avons eu droit à des viocs, bien que très distingués. Mais ça ne change rien, mes photos sont superbes et loin de moi l'idée de me lancer des fleurs, mais je dois dire que j'ai été plus que performant dans mon boulot.

Et pas que.

— Quel bel homme. C'est aussi un curé ? Il semble jeune.

Chemsy s'approche de l'écran et ses yeux sont aussi ronds que des balles de ping-pong lorsqu'il voit la photo que je suis en train de retoucher.

— Ouais. Père Mediaz, lancé-je. Tu as décroché une date ?

— Vernissage dans deux mois, fin mars. Marisol te tiendra au courant de l'évolution, mais on fera ça au Grand Théâtre de Philadelphie sur le sujet du clergé. J'ai appelé Mizz et son équipe. Ils sont d'accord pour nous filer les articles, dont les interviews. Evidemment, une partie leur sera versée.

Mizz est le patron du Daily Philadelphia. C'est un gros bouquet pour les gens de notre ville et toute la Pennsylvanie, même.

— Leur article sera prêt dans une semaine. Ils comptent envoyer un exemplaire aux prêtres que vous avez rencontré.

— Quoi ? dis-je. Mais qu'ils ne s'emmerdent pas. J'ai un petit boulot à faire sur New-York dans deux semaines, j'irais leur porter.

— Ah, et quel petit boulot ?

Le pire, c'est que je ne mens pas le moins du monde cette fois.

Je fais pivoter mon siège et me retrouve face à mon patron qui va, de nouveau, frôler la crise cardiaque. Mais merde, c'est une super occasion !

— Boom Taxi. Ils m'ont appelé pour quelques clichés. Je serai payé un paquet de fric. Non déclaré, bien évidemment. Ni vu ni connu.

— Et c'est quoi ce truc ? Boom Taxi ?

Je baisse les yeux vers ses doigts boudinés et son annulaire arbore une alliance en or massif. Un sourire étire mes lèvres.

— Une grosse société de films de cul. Oh, allez ! Ça fait quoi... vingt ans que tu es marié ? Tu t'es sûrement déjà branlé sur un de leurs films... Hé, j'ai accès à ton historique, petit cochon.

— Ferme ta gueule, fulmine-t-il. Non déclaré ? J'ai hâte, je me réjouis d'avance que tu te fasses chopper, espèce de petit con.

Fort heureusement, ça n'est jamais arrivé. Mais si je lui confie, il va vraiment éclater. Le rouge lui monte aux joues pendant que je m'amuse à le provoquer de quelques clins d'œil remplis de sous-entendus qui le font perdre pied.

— Allez, va te rincer l'œil dans ton bureau. J'ai du boulot. Je dois toucher un prêtre. Retoucher, excuse-moi.

Il m'assène une tape derrière la tête et je suis de nouveau seul, les yeux perdus sur l'écran. Il ne me reste qu'une heure à prester et je serai libre. Pour ce soir, je n'ai encore aucune idée de ce que je vais faire. Mais je sais ce que j'ai fait hier, et avant-hier, et avant-avant-hier. En fait, depuis que je suis rentré de New-York, j'ai passé mes nuits la main accrochée à ma queue. C'est ridicule, mais j'agis toujours de la sorte lorsque je suis attiré par un mec impossible à atteindre. J'ai vraiment eu un coup de cœur pour le Père Mediaz, et ça se voit par la trique qui déforme mon pantalon depuis que je bosse sur ses photos. C'est dingue, il a de ces yeux... bon sang, sous cette chemise à la con, je suis certain qu'il y a de quoi faire des heureux !

GOOD BOYS GO TO HELLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant