CHAPITRE XIII - WYATT

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Il ne me rappelle pas.

Pourquoi est-ce qu'il ne me rappelle pas, putain ?!

Qu'est-ce que j'ai dit de mal dans ce message ? En l'écoutant de nouveau, j'ai pourtant l'impression qu'il n'y avait que des compliments. Je me suis même surpassé en lui avouant qu'il me manquait déjà après quelques heures. Bon, c'est vrai qu'il manquait surtout à ma queue et ma bouche, mais je ne suis qu'un homme. Je ne pense qu'à ça, parce que je suis un homme. Je veux le baiser, parce que je suis un homme. Et je veux le voir, parce que c'est un homme.

— C'est bien la première fois que tu ne bosses pas ou que tu ne regardes pas de porno au bureau.

Chemsy pousse la porte de mon bureau et vient poser ses grosses fesses sur la chaise en face de moi. Il est drôle. Il parle de moi, mais il me semble que pour un patron digne de ce nom, il fout que dalle.

— Je n'ai plus de mouchoirs, c'est la raison. Qu'est-ce que tu veux ?

— Confirmer aux mariés que tu seras bel et bien là pour le shooting.

J'acquiesce, perdu dans mes songes. La vérité est que je me fiche de ce putain de shooting qui coûte de l'or en barre. Je suis dans une phase de fatigue extrême. J'ai besoin de repos, de voir du soleil. Me casser de ce trou pourri et surtout, entendre mon téléphone vibrer avant de voir le prénom de Julian. Mais ça fait trois jours, et rien. Pas un seul signe de vie. Je vais devenir dingue à rester cloîtré entre mes quatre murs. Et même le garçon d'hier soir ne m'a pas suffi. En même temps, avec les prostitués haut-de-gamme, ça se passe en un éclair. Une pipe, du sperme sur la gueule et au revoir, bon week-end.

— Mais qu'est-ce que t'as ? Pas de petite blague salace, aujourd'hui ?

— Je me sens barbouillé, avoué-je. Je n'en sais rien, j'ai du bouffer un truc pas frais ou je ne sais quoi. Je crois que je vais prendre mon après-midi.

— Tu ne vas rien prendre du tout, tonne Chemsy. Je te rappelle que la campagne pour Sockies doit être clôturée la semaine prochaine et que tu as des photos sur lesquelles bosser.

— Sockies, ricané-je. Ces connards qui vendent des chaussettes pour pédés, on aura tout vu.

Blâmez-moi pour le mot pédé. Allez-y.

— Ouais, sache que les chaussettes pour pédés marchent à mort. Ils ont une place importante sur le marché et s'ils te veulent, c'est parce que...

— Ces mecs ne m'ont pas laissé photographier leurs modèles. Ce serait bien plus sexy de voir un type en entier plutôt que ses pieds dans des chaussettes aux couleurs criardes.

Chemsy, face à ma réplique, hausse les sourcils jusqu'à la racine de ses cheveux. Ou de ce qui lui reste de cheveux. Merde, je suis à la limite du détestable aujourd'hui. Arrogant au possible et énervé. Je le suis souvent, mais au second degré. Non, aujourd'hui, je le sens dans mon corps. Ça se propage, je déteste ça. Attendre quelque chose. Je n'ai jamais rien attendu, ça ne va pas commencer maintenant, quand même !

— Tu sais quoi, Wyatt ? Rentre chez toi. T'as pas l'air dans ton assiette.

— Je n'ai pas besoin de ta permission, j'attends juste que la flemme me quitte pour pouvoir me lever. Et elle vient juste de le faire.

Je quitte mon siège d'un bond, enfile mon trench et débarrasse le bureau. Je n'ai besoin de rien d'autre que mon disque dur. Il faut que je bosse, c'est vrai que ça me permettra de ne penser à rien. Lorsque je suis focalisé sur un projet, je suis du genre à rester concentrer. Le problème n'est pas là. Il faut que je réussisse. Que la volonté me force à m'y mettre.

GOOD BOYS GO TO HELLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant