CHAPITRE V : WYATT

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《 Cela ne t'arrive-t-il pas parce que tu as abandonné l'Éternel, ton Dieu, lorsqu'il te dirigeait sur la bonne voie? 》

Jérémie 2:17


Je déteste ces putains de New-Yorkais qui sont incapables de conduire correctement, tout ça à cause de quelques gouttes de pluie. Un jour maussade et c'est l'apocalypse pour eux. Je klaxonne, m'énerve et ça ne s'arrange toujours pas. Parfois, je devrais écouter Marisol lorsqu'elle me dit de préserver mon cœur. Mais merde, ces connards ne savent pas conduire et ça me fout en rogne !

— Allez ! Avance, connard !

Je double un SUV qui pille sur ses freins et, en jetant un regard par la vitre, je modifie ce que je viens de dire. Et très clairement, pour qu'elle comprenne.

— Connasse.

Evidemment, j'ai droit à un doigt d'honneur. J'appuie sur l'accélérateur et tourne à l'angle de Dixon Street. Directement, je fais face à l'hôtel dans lequel je vais séjourner ces trois prochaines nuits. Je me suis renseigné sur les endroits propices aux activités qui m'intéressent. Demain soir, je me rends dans un club qui se nomme The Hunt* et ça veut déjà tout dire.

Un voiturier me prend les clés et un autre jeune homme s'occupe des valises. Il est du genre sexy et mignon. Un petit rouquin aux yeux verts qui rougit à mes moindres sourires.

— Suivez-moi, monsieur Moore.

Nous grimpons dans l'ascenseur, mes yeux fixés sur ses fesses.

— Douzième étage, dit-il.

L'ascenseur se met en route et je suis toujours très étonné des prouesses de la technologie. Bientôt, nous n'aurons plus rien à faire et les générations prochaines seront faites de vrais débiles. Certaines choses devraient rester à leur place. Les ascenseurs, c'est avec des boutons ou rien.

— Vous êtes New-Yorkais... Kevin ? demandé-je en louchant sur le badge accroché à sa poche.

— Pur New-Yorkais, oui. Et vous ?

— Je viens de Philadelphie, mais j'ai grandi en Géorgie.

Ses joues rosissent, il m'offre un sourire poli et se tortille en gardant une main sur la cage qui renferme mes deux valises. Une pour mes vêtements, une pour les photos.

— Douzième étage, s'élève une voix féminine.

Les portes s'ouvrent sur un grand couloir fait de boiseries claires et d'un parquet parfaitement ciré. J'ai bien fait de choisir cet établissement. Ni trop moderne, ni trop old school. Kevin presse le badge magnétique sur un boîtier et la porte de ma chambre éphémère s'ouvre.

— Et voilà, monsieur. Si vous avez besoin de quoi que ce soit...

— J'ai besoin de quelque chose, lâché-je.

Je jette un bref regard au design épuré de l'endroit où je vais passer mes prochaines nuits et suis satisfait rien qu'avec cette baie vitrée qui me donne une vue impressionnante sur Manhattan. En me concentrant à nouveau sur Kevin, j'ai l'impression de voir un lapin pris dans les phares d'une voiture. Il déglutit, faisant bouger sa pomme d'Adam.

Apeuré, alors?

— Vous travaillez dans cet hôtel, la nuit ?

— N-Non, balbutie-t-il. Pourquoi ?

Les commissures de mes lèvres s'étirent fièrement.

— À quelle heure finissez-vous ?

— Dix-huit heures.

GOOD BOYS GO TO HELLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant