Retrouvailles

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Il était déjà tard quand Derek et les autres quittèrent la clinique. Après que le Doc eut raconté l'histoire des origines de Tyler, Bonnie l'avait assaillie de questions. Au fil de la conversation, Deaton avait appris la nature vampirique de Damon et Elena et comme l'ancien alpha s'y attendait, cela l'avait fasciné.

Résultat, Derek avait dû insister pour partir et promettre que Bonnie et le vétérinaire auraient l'occasion de se revoir, pour qu'ils acceptent de se séparer.

Une fois dans la voiture, ils arrivèrent rapidement au loft et constatèrent que Scott s'y trouvait déjà. Le véritable alpha attendait devant l'entrée, accompagné de Lydia et Malia. Derek les avait fait venir eux en particulier, car ils étaient ceux qui avaient eu le lien le plus fort avec Stiles.

Le tout maintenant était d'être optimiste. Espérer que la rencontre de la meute avec les nouveaux venus de Mystic Falls se passerait bien. Croire que malgré leurs réticences, ils feraient l'effort de l'écouter. Si Derek arrivait à mener à bien ces objectifs, encore faudrait-il que Bonnie réussisse son sort. Une fois de plus, il eut la sensation de ne pas être la bonne personne pour accomplir tout ça. L'espoir, l'optimisme, la confiance, autant de mots dont il n'était plus certain de connaitre la signification.

— Bonsoir Scott. Merci d'être venu.

L'ancien alpha estima préférable d'attendre d'être à l'intérieur pour commencer ses explications, il passa donc devant Scott, mais alors qu'il allait ouvrir la porte ce dernier le retint par le bras.

— Qui sont-ils ?

Tout ce que Derek redoutait. Le véritable alpha humait l'air, en fixant Damon et Elena, conscient de la différence entre eux et les êtres vivants, sans pour autant être capable d'identifier cette étrangeté.

— Ce sont des amis à moi. Ne t'inquiète pas, ils ne sont pas là pour nous affronter. Suivez-moi à l'intérieur, je vais tout vous expliquer.

Scott sembla hésiter, en observant les deux vampires. Derek insista.

— Scott, tu me fais confiance n'est-ce pas ?

— Bien sûr.

La réponse était cette fois venue spontanément au véritable alpha. C'était une évidence pour lui. Dans la meute, tous avaient un jour remis leur vie entre les mains des autres membres et tous avaient frôlé la mort pour sauver l'un des leurs. Stiles peut être plus souvent que n'importe lequel d'entre eux. Le fait même d'être humain dans un monde surnaturel l'avait condamné à une existence dangereuse.

Une vague de tristesse envahit Derek au moment où il passait le pas de la porte. Des souvenirs lui revenaient en mémoire. Depuis la morsure de Scott, Stiles avait fait partie de tous les plans et de toutes les batailles. A de nombreuses reprises, c'est lui qui avait protégé la meute. Lui qui avait sauvé l'ancien alpha, alors que ce dernier n'avait jamais était capable de lui en être reconnaissant. Il s'était souvent mis en colère à cause de cela, car il s'était senti blessé. Pas à cause du fait que Stiles était humain et lui un loup, mais parce qu'il voulait être à sa hauteur. Il ne pouvait pas rivaliser avec lui sur sa vivacité d'esprit ou son altruisme, mais être le grand méchant loup c'était son rôle.

Tout ce qu'il possédait, c'était cela, un passé sombre qui l'avait rendu certes puissant, mais aussi froid et solitaire. Seulement si ses crocs devenaient inutiles, que restait-il à respecter ou à aimer chez lui ? Ses proches l'avaient si souvent trahis, qu'il avait fini par se résigner. Il ne trouverait jamais la personne qui lui était destinée. Suffisamment forte pour survivre dans son monde et honnête envers lui.

— Derek, ça va ? demanda Scott, en se dirigeant vers son ami.

— Ne l'approchait pas, ordonna violemment Damon, en le retenant par le bras.

— Malia attend ne fait pas ça, s'écria alors l'alpha en voyant la coyote bondir sur le vampire toutes griffes dehors.

Derek n'était plus du tout conscient de ce qui se passait autour de lui. Il était indifférent au va-et-vient de ses amis. Tremblant de tout son corps, il était incapable de bouger. Le loup en lui ressentait une souffrance inouïe, plus intense que jamais auparavant. Alors que lui avait simplement connaissance de se présence.

Pendant un instant, il eut la sensation étrange d'être comme séparé d'une part de lui. Puis sans prévenir, ses yeux changèrent et l'animal en lui poussa un hurlement déchirant. Ce cri se répercuta dans la gorge de l'ancien alpha et se mua en grognement de douleur. Ce qui jusque là l'avait épargné venait de le submerger et il se retrouvait une fois de plus cloué au sol, impuissant.

Sans notion du temps qui s'écoulait, Derek eut l'impression que son tourment était sans fin. Quand tout à coup plus rien, comme la dernière fois la souffrance disparut, laissant Derek à bout de souffle et affaibli. Il avait du mal à reprendre ses esprits. La panique s'empara de lui quand il eut la sensation que quelque chose lui avait été arraché.

— Derek est ce que tu le sens toujours ?

L'inquiétude de Bonnie qui perçait dans sa voix aida le loup à reprendre pied et à se concentrer. Après la première crise, le lien entre lui et Stiles s'était fragilisé et il redoutait plus que tout de plonger en lui pour constater que le vide qu'il éprouvait était dû à sa disparition.

Les secondes passèrent dans un silence total, sans que Derek ne ressente rien. Il fouilla à l'intérieur de lui jusqu'à ce qu'enfin il le trouve si faible à présent qu'il ressemblait déjà à un souvenir.

— Il est toujours là.

Bonnie poussa un soupir de soulagement et Derek, conscient de ne pas être en état de se lever, entreprit de se redresser pour appuyer son dos contre le canapé à proximité. C'est ainsi qu'il constata une chose étrange. Malia, Scott et Lydia étaient assis sur une chaise d'un côté de la pièce. Damon, Elena et Tyler, quant à eux, leur faisaient face installés à l'autre bout.

Tout dans cette situation semblait irréel après l'expérience qu'il venait de vivre. La sorcière suivit son regard et comprit.

— Je sais, c'est un peu exagéré, mais ils se sont comportés comme des enfants. Il a fallu que j'utilise ma magie pour calmer tout le monde, mais depuis ils se tiennent tranquilles.

L'ancien alpha vit Elena sourire. En tournant la tête il comprit que ce geste était adressé à Lydia qui le lui rendit. Nul doute, que peu importe ce qui était arrivé, ces deux-là n'y avaient pas pris part.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Je te raconterai ça plus tard pour l'instant il y a urgence. J'espérais qu'on est plus de temps entre les crises, mais deux en moins de quarante-huit heures... A ce rythme, le lien ne tiendra pas. Donc tout le monde va rester sagement assis, jusqu'à ce que tu termines de tout leur expliquer. Ensuite, on se mettra au travail.

Où que tu soisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant