Zayn
Quand il est étendu dans mes bras, comme maintenant, il est vulnérable.
Seulement, je me suis pas rendu compte à quel point il est vulnérable jusqu'à hier soir. J'ai pas remarqué non plus à quel point il était fort, le feu qu'il a en lui.
Je le regarde. Ses cheveux sont en désordre et ses lèvres légèrement entrouvertes, son souffle caressant la peau nue de mon torse. Il a l'air paisible quand il dort, comme s'il n'y avait pas un millier de démons qui tourbillonnent dans sa tâte et dans son cœur. Comme si il ne se protégeait pas lui-même de tout et n'importe quoi.
Je déplace ma main libre pour écarter ses cheveux de son visage. Il renifle et se colle encore plus contre moi, ce qui me pousse à le serrer de plus en plus fort. Je pose les lèvres sur son front et il passe un bras autour de moi.
Je sais pas trop quand j'ai commencé à me préoccuper autant de lui. Peut-être depuis ce jour à la plage où il m'a parlé de sa mère, ou peut-être quand il s'est déchaîné sur cette fille à la cafétéria - quand il a fait son gros dur.
Ou peut-être pendant une de nos sessions de pelotage, ou peut-être quand je faisais semblant de me concentrer sur le cours d'anglais tout en jouant avec ses cheveux.
Ou peut-être que c'est depuis le début.
Peut-être que je me suis toujours intéressé à lui, et que j'avais enfoui ça sous le prétexte du sexe.
Je sais pas. Tout ce que je sais, pour l'instant, c'est qu'il compte pour moi, et que le jeu est en train de prendre une autre tournure. Une tournure plus réelle que tout ce que j'ai connu avant. Ça devient une chose à laquelle je peux m'accrocher. A laquelle Niall peut s'accrocher.
Je suis quelqu'un sur qui il peut se reposer.-Bonjour, il dit d'une voix endormie, en baillant et en se frottant les yeux.
-Coucou, mon ange, je murmure doucement. Comment tu te sens ?Il garde le silence quelques secondes, le regard voilé.
-Je ne sais pas trop. Je me sens à la fois bien et mal.
Je lui embrasse le front pour effacer la ride qui le barre.
-J'ai fait ce qu'il fallait faire hier soir on est d'accord ? (Sa voix est pleine de doutes et il relève les yeux vers les miens.) En lui disant non ? En refusant de l'aider ?
-Je crois bien, je réponds honnêtement.
-Mais c'est mon frère.
-Hé. (Je relève son visage.) Tu avais une raison pour dire non. Il te fait manifestement vivre quelque chose de si dur que tu n'as plus envie de l'aider. C'est normal, Ni. Il peut pas continuer à recevoir sans rendre quelque chose en retour.Il hoche la tête.
-Tu as raison. Tout ce qu'il m'a fait vivre... (Il ferme les yeux et secoue la tête.) Je n'en veux plus. Je ne veux plus être une carpette.
Je lui caresse les cheveux, parce que je sais pas quoi dire.
-J'avais cinq ans qu'en j'ai rencontré Louis. C'était mon premier ami à la maternelle. On est allés à l'école ensemble, jusqu'au lycée, il déclare soudain, brisant le silence entre nous.
-Tu n'es pas obligé de...
-Si, si...
-D'accord, mon ange.Il tourne les yeux vers moi, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
-On faisait tout ensemble. On était vraiment inséparables. Si Louis prenait des cours de chant, moi aussi. Si j'arrêtais le judo, lui aussi. C'était comme ça que ça marchait. Tout le monde disait qu'on avait dû être séparés à la naissance, tellement on se ressemblait, tellement on était proche. Je pensais que ce serait comme ça toute la vie.
» Quand maman est morte il ya trois ans, Louis était mon rocher. Quand mon univers a explosé et que papa est tombé en dépression, il était là pour m'aider à faire face. Il était là tous les jours après l'école, à m'aider à nettoyer et à faire la cuisine. Après maman, j'étais le seul à préparer des repas dignes de ce nom - et étant donné que ma mère nous avait appris à cuisiner à tout les deux, c'était logique qu'il m'aide.
» Mais ça a changé quand on est entrés en dernière année. Je savais qu'on jour, ça changerait. Peut-être qu'on n'irait pas dans la même fac, ou que l'un de nous deux aurait une relation sérieuse. Eh ben, l'un de nous a eu une relation. C'était pas moi, et je m'attendais pas à ce que le petit ami de Louis soit mon frère.
» Harry a pété un plomb quand maman est morte Il était déjà au lycée quand elle a été tuée, alors il allait souvent à des fêtes et tout ça. Il essayait des drogues, papillonnait ici et là... après tout, il avait quinze ou seize ans, alors c'était un vice facile dans lequel tomber. Il s'est enfoncé de plus en plus, il est devenu de plus en plus dépendant, il essayait des drogues de plus en plus fortes. Papa était lui-même trop mal pour l'empêcher, et Harry a dépensé tout l'argent que maman avait mis de côté pour nos études dans la drogue.
» Alors ouais, j'étais surpris quand Louis et Harry ont commencé à sortir ensemble. Je veux dire, on était tout les deux des étudiants au tableau d'honneur, alors le scénario de la personne de bonne famille qui tombe amoureuse d'un bad boy, c'était le cliché complet.Niall fait une pause pour rassembler ses souvenirs, et je continue de caresser son bras du bout du doigt.
-Au début, il avait l'air de bien le traiter. Il se comportait comme un con quand il avait besoin d'une dose, mais ensuite, il lui offrait des fleurs et tout ça pour se faire pardonner. J'ai essayé de le mettre en garde, après tout, je l'avais vu tomber dans la spiral, mais il était déterminé et certain de pouvoir le sauver.
Il lève les yeux au ciel.
-Le sauver. C'était le truc le plus stupide que j'avais jamais entendu. Dans ma tête, la seule personne qui pouvait sauver Harry, c'était Harry. J'ai essayé de lui parler après la mort de maman, en vain. J'ai continué d'essayer, encore et encore, jusqu'à ne plus pouvoir. Maman disait toujours qu'on ne pouvait pas aider quelqu'un contre son gré. C'était son mantra étant donné qu'elle travaillait avec des toxicos.
» Mais Lou ne voulait rien entendre. Du tout. Alors j'ai commencé à l'accompagner aux soirées. Il ne l'a jamais avoué, mais il m'en était reconnaissant. Il n'était pas fan de ses amis - et moi non plus, tu pense bien, mais je ne l'aurais jamais laissé aller tout seul à ce genre de fête. J'ai continué pendant environ deux moi, tout en réussissant à rester bon élève, pendant que les notes de Lou dégringolaient, quand tout à commencé, un soir.
» Harry n'avait pas assez sur lui pour se payer sa dose. Les prix avaient augmenté parce que les stocks de son dealer s'épuisaient et il ne le savait pas. Harry en était à la phase où il avait méchamment besoin de sa dose, et quand les choses ont mal tourné, Louis a essayé de le calmer. Il l'a bousculé et l'a frappé au visage. Il a volé à travers la pièce. Son nez pissait le sang et je me suis précipité vers lui. Harry s'en fichait. Il voulait juste son prochain fix. C'était tout ce qui importait pour lui.
» J'ai finis par lui filer ce qui lui manquait et c'est la pire chose que j'aie jamais faite. Il s'est dit que puisque je l'avais aidé une fois, je le referais. Il ne semblait pas s'inquiéter d'avoir frappé Lou - je n'ai jamais su si c'était délibéré ou accidentel, mais je savais que c'était pas la dernière fois.-Tu as arrêté d'aller à ces soirées ?
J'ai les muscles tendus à l'idée qu'il se soit retrouvé dans ce genre d'endroit.
Il hoche la tête.-Je suis allé voir Lou le lendemain et je lui ai dit que je ne l'accompagnerais plus et qu'il ferait mieux de rompre avec Harry. Il a refusé. Pour expliquer sa blessure au nez, il a dit à ses parents qu'il avait glissé sur de la glace et qu'il était mal tombé. On était en novembre, alors personne n'a cillé. Je me sentais horriblement mal. Je le laissais aller seul aux fêtes. Il a pas fallu longtemps avant qu'il y aille autant qu'Harry, même si il n'a jamais vraiment touché à la drogue. Il buvait juste quelques verres.
» Au cours des six mois suivants, il semblait avoir un nouveau bleu chaque fois que je le voyait. Quand je lui posais la question, il me disait qu'il était tombé dans les escaliers, qu'il s'était pris un mur ou qu'il avait glissé au cours de sport. Quand je confrontais Harry, il plaidait l'innocence. Il disait qu'il ne savait pas ce qu'il faisait quand il prenait sa dose. Lentement, Louis s'est transformé en étranger. Alors qu'il était ouvert, insouciant et extravertie, il s'est replié sur lui-même. Il est devenu faible et dépendant de mon frère. Et effrayé. Il avait peur de lui. Je les entendais se disputer tout le temps, mais en même temps, je me rappelais qu'il avait choisi. Il avait choisi de rester avec Harry.
» J'ai essayé de lui parler une dernière fois, la tentative de la dernière chance pour le ramener, amis il ne voulait rien entendre. Quoi qu'Harry lui avait fait, il avait brisé mon meilleur ami.Je le serre plus fort quand je sens qu'il commence à trembler, et je sais que la suite ne sera pas agréable.
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