Niall
-Je me souviens quand je l'ai retrouvé. Ses parents étaient en voyage d'affaires et sa mère n'avait pas de nouvelles, alors elle m'a demandé de passer la voir. J'y suis allé.
Je secoue la tête et ma voix est sans expression, mon corps insensible aux émotions tandis que la nuit où je l'ai découvert défile devant mes yeux.
-Louis ? Louis, tu es là ? (J'avais frappé à la porte avec véhémence.) J'enfonce la porte s'il le faut ! Allez quoi, Lou, ta mère s'inquiète.
Rien. Il ne répondait pas. J'ai frappé plus fort.
-Tu as cinq secondes pour répondre avant que j'entre !
J'ai compté lentement dans ma tête. Un Mississippi. Deux Mississippi. Trois Mississippi... On ne s'était peut-être pas parler depuis un mois, mais il était toujours mon meilleur ami.
-Ok, j'entre !
Je l'ai prévenu une dernière fois avant de reculer pour enfoncer la porte à coup de pied.
La porte a cédé et je l'ai ouverte. Je me suis figé devant ce que j'ai vu.
Louis était allongé dans la baignoire, tout habillé, la baignoire à moitié pleine, ses bras pendant sur le côté. Du sang coulait de nombreuses entailles et écorchures le long de ses bras, et un petit flacon brun a attiré mon attention. Je l'ai ramassé d'une main tremblante. De l'aspirine. La manière la plus facile. C'est maman qui nous l'avait appris - seize comprimé suffisaient si on ne vous découvrait pas tout de suite. Qui sait depuis quand Louis était enfermé dans sa salle de bains ?
-Oh, Louis.
J'ai sangloté en lâchant le flacon. Dans le silence, il s'est écrasé au sol avec un fracas assourdissant. J'ai reculé contre la porte en essayant d'empêcher mes jambes de trembler. J'ai sorti mon téléphone de ma poche et composé le numéro des secours en tremblant.
Avait-il un pouls ? Je ne savais pas. Est-ce qu'il respirait ? Je ne savais pas. J'avais peur de le toucher. J'avais peur de le déplacer. Pitié, ne sois pas mort, je pensais. Pitié, ne m'abandonne pas toi aussi. J'avais d'abord perdu ma mère. Je ne pouvais pas perdre Louis à son tour. Je ne pouvais pas perdre les deux. Pitié pitié pitié pitié.
J'ai raccroché après avoir donné les informations et je suis resté figé devant son corps inerte. Sa poitrine se soulevait légèrement et une vague de soulagement s'est emparée de moi. Il était vivant. Peut-être.
Mais pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi il avait fait ça ?
-Je savais pourquoi, bien sûr, je murmure. C'est Harry qui l'avait amené jusque là. Il l'avait brisé en mille morceaux. Il l'avait détruit. La seule chose qu'il lui restait, c'était la survie.
-Oh, mon ange, dit Zayn en me serrant contre lui.
-Il est en vie. Il est dans une « institution » pour adolescents dépressifs en dehors de Brooklyn. Il est la vie, mais il ne vit pas vraiment. Je me dis parfois qu'il serait mieux si il n'était plus là, et ensuite je me sens terriblement mal. (Des larmes chaudes coulent sur mes joues.) Je ne sais toujours pas tout ce que lui a fait Harry, et je ne le saurais jamais. Je ne veux pas savoir. Rien que l'idée me fait peur.
-Tu te sens coupable, c'est ça ?
-Oui. Si j'étais simplement resté à ses côté, j'aurais peut-être pu mieux le protéger. Je ne sais pas, Za. Peut-être que si je ne l'avais pas laissé tout seul, il serait encore, eh bien... normale, quoi.
-C'est pas ta faute. Tu n'as rien fait.
-Je le sais, vraiment, mais je déteste que ce soit moi qui l'aie trouvé. Enfin, même si c'est encore heureux que je l'aie trouvé. Les secouristes m'ont dit que si j'avais hésité encore quelques heures, il serait mort. Il avait avalé tous ces comprimés et s'était coupé les veines. Il ne s'était pas arrêté à ses bras. Ses cuisses et son ventre étaient cachés sous ses vêtements. Il portait du noir, donc je ne les ai pas vus, mais l'eau dans la baignoire, maintenant les plaies ouvertes. Il savait exactement ce qu'il faisait. C'était pas un appel à l'aide, c'était un vrai suicide.
Je m'essuie les joues et Zayn dépose un baiser au coin de moi œil.
-C'est pour ça que tu hais ton frère à ce point ?
Je hoche la tête.
-Parce qu'il m'a fait tout perdre. J'avais déjà perdu ma mère, et j'ai perdu Louis. Peut-être pas de la même manière mais il n'est plus celui que j'ai connu. Et il ne le redeviendra jamais.
-Je suis désolé que tu aies traversé tout ça. Vraiment. Tu sais que ton frère ne t'approchera plus jamais, hein ? Sinon, je lui éclate sa putain de tronche, Niall, je t'en fais la promesse.
Je hoche la tête et me serre contre lui.
-Je sais.
-Il n été fera plus jamais de mal, murmure Zayn, ses bras autour de moi faisant l'effet d'une armure.
Et je le crois sans peine.
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-Laisse-moi entrer, espèce de grosse bouffonne ! s'exclame Lila en frappant du poing contre la porte. On part en voyage !
-Il-est-huit-heures-du-matin-bordel ! crie Kay avant d'ouvrir la porte.
Je me redresse en me frottant les yeux.
-Et il y a huit heures de route alors sort tes fesses de feignasse de ton lit et fait ton sac !
Lila tire son sac dans la chambre, suivie par Megan grincheuse, Megan n'est pas vraiment du matin.
Elle me jette une enveloppe marron.
-C'est pour toi.
-Qu'est-ce que c'est ? je demande en baillant.
-Ouvre et tu le sauras.
Je déchire l'enveloppe et la renverse. Une carte en plastique couleur crème en tombe et je la regarde longuement.
-Est-ce que c'est...
-... une fausse carte d'identité ? s'exclame Lila avec un sourire radieux. Ouais.
-Et pourquoi on a besoin de fausses carte d'identité ?
-Parce qu'on va à Vegas, répond sèchement Megan en haussant un sourcil. Et on ne peut pas aller à Vegas sans fausse carte d'identité.
-Heu, d'accord.
Je hausse les épaules et la pose sur ma table de nuit avant de me lever.
Kay sort de la salle de bains, habillé et toujours en train de se plaindre de la « putain » d'heure indue et que ça devrait être interdit de voir ça le week-end.
Je ris en sortant mon pantalon de survêtement de ma commode. Hé, il est huit heures, et on a un voyage de huit heures à faire.
Je vais dans la salle de bains, je me change, je passe un coup de peigne dans mes cheveux et je sors.
-Vos affaires sont prêtes ? demande Lila en pianotant sur son téléphone.
-Non. Je m'attendais pas à partir à huit heures du matin, réplique Kay.
-Oh, bonté divine. (Megan lui jette un regard.) Je vois qu'on est de bonne humeur, ce matin. Tu es un vrai rayon de soleil aujourd'hui, hein, Kay ?
-Commence pas , s'il te plaît, je la supplie e, fourrant mes dernières affaires dans ma minivalise. N'y pense même pas. Tu vas nous l'énerver pour toute la journée.
-Mais il...
-... est huit heures du matin. Remets-toi ! s'exclame Megan en jetant mon oreiller sur Kay.
Je secoue la tête.
-Bon, les gars sont prêts et passent nous prendre, déclare Lila.
-Heu... (Elle lève un doigt et pianote de nouveau sur son téléphone.) Alors, Niall va avec Zayn, Megan et Kay avec Liam et moi, et Aston avec les autres gars. On dort au Treasure Island, Niall et Zayn dans une chambre, Liam et moi dans une autre, ensuite Megan et Kay, et Aston avec le reste des mecs.
Je regarde Megan.
-Elle a un planning sur son téléphone, c'est bien ça ?
Elle hoche la tête d'un air serein.
-Il est là depuis une semaine.
-A chier ton programme, Lila, lance Kay en posant son sac sur son lit. Mon sac est prêt, ton sac est prêt, tous nos sacs sont prêts. Alors on bouge.
Lila lui jette un regard noir et attrape ses affaires. Je pousse un profond soupire en songeant que ce week-end peut être une grande réussite comme un flop monumental.
Et là tout de suite, je pense au flop.
Je ferme la porte de la chambre à clé derrière nous et, le temps de descendre, les gars sont garés devant. Zayn descend de sa Jetta et m'adresse un sourire désarmant. Je lui rends en laissant les portes du bâtiment se refermer derrière moi.
Il s'approche de moi et s'empare de mon sac sans un mot Il m'emmène jusqu'à sa voiture, ouvre le coffre et dépose mon sac à côté du sien
-Zayn, tu es prêt ? demande Aston en se penchant par la vitre de son 4x4.
Zayn lui fait un signe du pouce.
-Passe le premier. Je te suis.
J'adresse un signe de mains aux filles et les trois autres voitures s'éloignent. Zayn referme le coffre et je le regarde.
-Pourquoi tu as dit ça ?
Il se retourne, prends mon visage entre ses mains et m'embrasse. Je me penche en arrière contre la voiture. Il insère ses genoux entre les miens et quand il pose ses mains sur taille, j'agrippe sa chemise.
Ses lèvres douces et chaudes ont un goût de chocolat et de café. Je lui mordille celle du bas.
-Tu m'as rapporté du café ? je murmure.
-Dans la voiture.
Il s'écarte, les yeux pétillants.
-Ah, alors c'était pour ça, je dis.
Il m'attire contre lui et dépose un autre baiser sur mes lèvres.
-Non. C'est parce que j'avais envie de t'embrasser, parce que rester assis huit heures dans ma voiture à côté de toi sans pouvoir t'embrasser, ça va être un sacré cauchemar.
-On peut faire des pauses, tu sais. Je veux un McDo ce midi.
-Mon ange, dit-il d'une voix grave. C'est peut-être un pantalon de survêtement, mais il se trouve qu'il te va vraiment bien, surtout au niveau de ton cul. (Il glisse une main sur ma hanche et prend les fesses à pleine main, puis il enfonce ses doigts en attirant ma hanche contre la sienne.) Alors si on fait une pause, ce sera pas pour un foutu McDo.
Je déglutis, le cœur battant. Apparemment, en prenant conscience que je suis entrain de tomber amoureux de lui, je prends aussi conscience qu'il peut me transformer en flaque de guimauve dévoré de désir désespéré, misérable, bouillonnant, incandescent.
-Message reçu, je dis d'une voix quelque peu étranglée. Allez on y va, sinon on ne va jamais partir.
-Me tente pas, murmure-t-il en m'embrassant juste sous l'oreille.
Je m'écarte, ouvre ma portière et monte à l'intérieur. Il n'a pas menti : je trouve un café du Starbucks dans le porte-gobelet et un muffin sur le tableau de bord. Il apposé ça là juste avant de sortir. Je souris et m'en empare.
-Merci, je lui dis pendant qu'il démarre le moteur.
-Avec plaisir.
Il me sourit, et je lui réponds par un sourire timide. J'arrache un petit morceau de muffin et me penche vers lui avant qu'il démarre pour le poser sur ses lèvres.
Il ouvre la bouche et l'enfourne. Il referme la bouche et, quand je retire ma main, ses lèvres effleurent le bout de mes doigts. Ce simple contact me fait frissonner des pieds à la tête et je baisse les yeux comme si je pouvais dissimuler mon expression. Il toussote, se racle la gorge et démarre.
Ça vaut mieux.--------------------------------------------------------------------------------------------