Vert & Argent?

2: Une lune de miel en Roumanie

– Veuillez prendre votre livre à la page 394. Nous allons commencer le chapitre sur les loups-garous.

   Ô joie. Je le connaissais déjà par cœur. Cela allait me permettre de m'offrir une petite sieste de deux heures.

   Enfin, c'était sans compter que notre cours était en commun avec les élèves les plus bruyants de cette école. Oui, je les mettais tous dans le même paquet. C'était quelque peu contradictoire avec ce que j'avais l'habitude de baragouiner à propos des caractères et différences qui formaient un rempart imposant entre les Serpentard et les Gryffondor.

   Vous l'aurez donc compris, j'avais l'heureuse chance de me trouver en compagnie des rouge et or.

   Je faillis fermer un œil pour réparer ma nuit de sommeil interrompue quand je reconnus avec stupeur la grosse brute qui m'avait bousculée en poursuivant son ami. Ses lunettes rondes et ses cheveux indomptables ne trompaient personne, c'était bien lui. Ça ne m'étonnait d'autant plus pas qu'il fasse partie de la Maison Gryffondor. Il en avait totalement tous les clichés; turbulent, rigolant sans discrétion en plein milieu du cours, doué au Quidditch vu son assurance contagieuse et le fait qu'un Vif d'Or virevoltait de droite à gauche autour de sa tête et, enfin, essayant de draguer une fille rousse qui semblait plus vouloir s'enterrer vivante que lui accorder de l'attention. Il ne fallait pas oublier qu'il faisait tout pour être sur les nerfs des Serpentard. C'était tout à fait normal. J'aurais sûrement fait pareil à sa place. En fait, non. J'aurais préféré le simple fait d'être entouré d'amis géniaux.

   Encore une fois, je m'égarais dans mes pensées mais c'était la vérité. Ce garçon avait ses arrières assurées par trois gardes du corps; un gars avec des cheveux qui lui frôlaient les épaules et un rictus sarcastique et blagueur collé à la figure, un autre plus petit et rond possédant une touffe blonde sur son crâne et, enfin, un grand brun qui somnolait dans son coin avec un teint plutôt livide qui lui donnait un air malade et fatigué. Celui-ci paraissait aussi un peu exaspéré par toutes les bêtises de ses compagnons.

   D'ailleurs, quand le Gryffondor aux cheveux longs coinça un coussin péteur, par je ne savais quelle manière, sur la chaise du professeur, le brun leva les yeux au ciel avant d'afficher un sourire en coin et de secouer la tête de gauche à droite. Ce qui devait arriver arriva et le responsable de la blague, qui –je devais me l'avouer– m'avait bien plue, se retrouva avec un rendez-vous le vendredi prochain pour une retenue de quatre heures, en compagnie de son ami aux lunettes rondes.

   La sorcière rousse, que j'avais aperçue plus tôt, se dandina de malaise sur sa chaise et soupira d'agacement quand son admirateur lui lança un petit coup d'œil et se passa une main dans les cheveux pour les rendre encore plus décoiffés qu'ils ne l'étaient déjà.

   Ce groupe de potes était assez amusant à observer. Ils étaient sans arrêt prêts à commettre toutes les bêtises inimaginables du monde pour aider l'un de leur membre à gagner l'affection d'une certaine fille rousse aux yeux verts. Ils semblaient si soudés.

   Un coup de coude me sortit de ma rêverie. Nora me souriait avec un sourcil levé, interprétant de la plus mauvaise des manières mon absence passagère de cette salle de classe. J'essayai de lui dégoter un argument crédible mais je ne parvins qu'à m'enfoncer davantage dans ma bourde.

– Qui est-ce que tu matais de la sorte? me glissa à l'oreille Nora avec un sourire en coin qui ne me laissait pas dupe quant à ses intentions.

– J'étais juste dans la lune, contrai-je en chuchotant fortement, ce qui fit retourner quelques élèves dans notre direction.

– D'accord, d'accord, abandonna-t-elle avec un sourire si grand qu'il devait faire trois fois le tour de son visage.

– Tu ne vas pas lâcher l'affaire? compris-je, d'un ton désespéré.