Vert & Argent?

3: L'élève préféré du professeur McGonagall

   Le mois de septembre s'écoula peu à peu pour laisser place à celui d'octobre, faisant arriver à grands pas Halloween et ses fêtes clandestines à l'orée de la Forêt Interdite. Des citrouilles avaient déjà trouvé leur place dans les alcôves de la Grande Salle, embaumant l'air d'un parfum automnal qui n'était pas pour déplaire à mon odorat. Nora et moi avions pris part à l'effort collectif pour décorer notre salle commune aux couleurs de la tant attendue Fête des morts. Autant vous épargner les détails du carnage que cela fut et concentrons-nous sur notre présence en cours de Défense contre les Forces du Mal, à croire que ce n'était que dans cette classe qu'il m'arrivait toujours quelque chose.

– Les épreuves à la fin de cette année scolaire seront décisives quant à la preuve de vos capacités intellectuelles concernant mon cours.

   Notre joyeux professeur –dont je n'avais toujours pas retenu le nom– marchait de long en large devant le tableau, les mains jointes et les yeux fermés pour plus de sérieux.

– Il s'y prend un peu tard pour faire son discours sur les BUSE. Tous les autres profs l'ont déjà fait trois fois en septembre, souffla Nora, lassée par le cours ennuyeux et tranquille des événement.

– Il le préparait peut-être en avance pour éviter le stress de l'improvisation, suggérai-je pour passer le temps.

   Pour seule réponse, Nora soupira de désespoir et s'affala un peu plus sur sa chaise, laissant retomber lourdement sa tête sur notre bureau, le faisant trembler d'un léger sursaut.

– Nora! pestai-je en essayant de restreindre le lac d'encre, qui se séparait en plusieurs minuscules branches noires, sur mon parchemin où j'avais soigneusement rédigé mes notes de cours.

   D'un tour de baguette, la blonde aux yeux noisette fit disparaître toute trace de l'incident, effaçant par la même occasion tous mes efforts de rédaction.

– Comment je vais faire pour étudier? m'horrifiai-je.

– On trichera le jour du contrôle, fit nonchalamment mon amie en haussant les épaules.

   Les yeux écarquillés par tant de désinvolture, je ne remarquai que trop tard l'ombre maigrichonne du professeur sur le bois de notre table où toutes les bêtises du monde semblaient y prospérer.

– On dirait que nos deux prodiges de Serpentard ont encore trouvé une activité plus intéressante que le cours, fit d'une voix sourde et menaçante l'homme à la cape noire un peu usée.

   Je me retins d'acquiescer, ne sachant pas comment lui faire comprendre que oui, ses leçons étaient dénuées de tout intérêt. Quant à Nora, elle ouvrit la bouche et la referma en sentant qu'elle ne ferait qu'envenimer la situation dans laquelle on s'était embourbées malgré nous.

– Miss Gray, vous semblez être la plus à même de posséder au moins une parcelle de neurone. Pourriez-vous m'éclairer quant au fait que votre baguette vient d'être utilisée sans aucune utilité?

   Un Gryffondor au fond de la salle ricana, me faisant devenir furibonde à l'idée que quelqu'un puisse se moquer de mon amie et lui faire du mal. Une bête féroce s'anima soudain quand un autre élève, cette fois-ci de Serpentard, lança un commentaire sans aucune gentillesse.

– C'est la fille qui se chope tous les lions, pas étonnant qu'elle essaie avec les profs.

   C'était de la méchanceté gratuite. Une envie brutale d'arracher la tête à celui qui venait de déblatérer cette calomnie me prit et je dus lutter quelques instants contre ce désir si intense. Une colère telle que je n'en avais jamais ressentie alluma dans une gerbe d'étincelles un brasier dévorant qui ne m'aidait pas à garder la tête froide. Tout mon être réclamait justice et désirait à tout prix faire ravaler la langue à cet abruti qui se croyait marrant. Évidemment, des rires suivirent sa tirade.