26: Les BUSE paralysantes

481 43 8
                                    

   Au creux confortable et rassurant des bras protecteurs de Remus, mes larmes intarissables d'épuisement se raréfièrent enfin. Mes tremblements de fatigue et de terreur cessèrent enfin d'alimenter mes sanglots silencieux, chassés par un apaisement du aux paroles murmurées à mon oreille et grâce à la bienfaisance d'une main chaleureuse caressant doucement ma chevelure emmêlée.

   Se sentir ainsi entourée et supportée par une seule et même personne m'offrit une sensation nouvelle de bien-être. Je n'étais plus seule dans toute cette histoire abracadabrante qui m'ébouriffait les moindres pensées rassurantes. Enfin, je ne l'avais jamais vraiment été, maintenant que j'y forçais un peu plus mes neurones à carburer, mais, ce que je voulais dire, c'était que quelqu'un avait enfin découvert cette faiblesse croissante qui me rongeait les veines et me contaminait de son poison malfaisant.

   Remus était bien le seul à avoir décodé ce qui se trafiquait dans les parcelles sombres de mon moral. Je ne blâmais pas pour autant les autres de ne pas faire preuve du même don que mon ami. Au contraire, je les encourageais de toute mon âme à demeurer aveugle sur ce venin douloureux en invasion dans mon esprit. Je préférais largement me contenter de discussions insouciantes au lieu de paroles éternellement inquiètes à mon égard. Je refusais fièrement de passer pour une fillette faible, sans défense et pleurnicharde.

   Cependant, quand cette boule d'angoisse et de peine avait atteint son paroxysme, je l'avais crevée d'une aiguille réjouie à l'idée de relâcher toute cette pression en face d'une personne de confiance. Remus avait eu l'intelligence inconsciente de me forcer à révéler le fouillis indistinct de toutes ces émotions négatives qui me rongeaient l'organisme.

   J'ignorais évidemment pourquoi c'était en face de lui, précisément, que je m'étais transformée en fontaine ambulante. Peut-être était-ce une question de confiance ou quelque chose dans ce goût-là. Le grand point d'interrogation qui me tourmentait les neurones était sans doute la question me demandant incessamment pourquoi je n'avais pas plutôt levé les vannes retenant mes larmes au fond de mon dortoir pour me confier à Nora. Pourquoi Remus et pas ma meilleure amie?

   Sur le moment, j'avoue que je m'en fichais pas mal de comprendre toute cette nouvelle énigme digne du Labyrinthe de Dédale. Mes questions pouvaient bien se donner rendez-vous là où je pensais et me foutre la paix le temps de quelques instants agréables, emmitouflée chaudement dans l'étreinte rassurante et chocolatée de mon ami Gryffondor.

   Reniflant une dernière fois piteusement, ma tête n'osait pas se relever pour affronter le regard empli d'un amas de questions de Remus. Je le savais capable d'une grande compréhension mais je me doutais bien que je lui devais au moins quelques explications rationnelles sur mon comportement. Malgré cette échéance qui ne pouvait qu'arriver à tout moment, je me contentai de respirer discrètement ce parfum doux et sucré qui m'enveloppait agréablement comme dans un cocon de chocolat.

   L'une des mains de Lupin traçait inconsciemment des cercles imaginaires le long de ma colonne vertébrale, me faisant fermer les yeux d'apaisement contre le tissu confortable de son pull simple et parfumé. Des images de fauteuils moelleux au coin d'un feu crépitant gaiement m'apparurent dans le coin inoffensif de mon imagination débordante. J'étais en sécurité, ici. Rien n'aurait pu m'arriver de dangereux ou de terrorisant. Tout était d'un calme apaisant, entrecoupé par des paroles douces soufflées tranquillement à mon oreille.

   La main qui me caressait affectueusement les cheveux faillit me faire piquer un petit somme. Heureusement que je me décidai enfin à ouvrir les yeux et à décaler délicatement ma tête du torse de mon ami. Cela n'empêcha pas la taille de montagne de Remus de laisser ses bras fermement accrochés autour de mon petit corps insignifiant de lutin.

Vert & Argent?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant