21: Un nez facteur de guerre froide

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   Cette matinée s'était déroulée d'une manière tout à fait extraordinaire; rien d'extravagant n'avait pointé le bout de son nez indésirable et les minutes chaleureuses passées dans la chaleur du pub sorcier qui nous enrobait me paraissaient si irréelles tant elles avaient été agréables. Je me trouvais actuellement dans une sorte de paisible euphorie qui m'offrait de douces prémonitions quant à l'avenir tantôt incertain de mes relations affectives avec des adolescents géniaux et parfois dénués de tout sens d'intelligence.

   Les filles de Gryffondor étaient tout simplement des êtres aux capacités étonnantes et bienvenues. On pouvait compter leur indomptable talent à nous procurer un sourire dans n'importe quelle situation imaginable et leur tendance à adopter des attitudes si divergentes les unes par rapport aux autres tout en restant délibérément amies. Ces trois sorcières étaient des joyaux sous-estimés par la grande majorité de cette école.

   Je n'avais échangé que quelques mots avec Lily Evans, cette adolescente rousse et adorable qui avançait un talent inattendu à la préparation méticuleuse des potions. Notre entrevue brève et douce s'était ponctuée d'un sourire amical qui ne pouvait prouver que du positif. Du loin de mon coin de table partagé avec Remus, je n'avais cependant pas eu l'occasion de cerner la troisième sorcière à la peau délicieusement chocolatée et à la chevelure crépue qui ravivait sa beauté séduisante encore plus frappante. Malgré ce désavantage, j'en avais plus au moins appris le nécessaire; Mary MacDonald, née-Moldue comme sa meilleure amie aux pupilles d'émeraude, possédait ce don hautement qualifié pour faire tomber les garçons comme des mouches au moindre clin d'œil aiguicheur. La deuxième fille ne m'était nullement inconnue; il s'agissait évidemment de Marlene McKinnon, cette merveille qui m'avait offert la chance inestimable de me défouler dans les couloirs de l'école avec de simples Bombabouses.

   Nora avait immédiatement accroché avec le sourire de Mary et m'avait inconsciemment légèrement délaissée au profit d'une nouvelle amie. Non pas que j'étais atrocement possessive mais une étrange sensation d'abandon avait mis au monde un petit monstre boudeur dans mon ventre qui ne faisait que pousser des grognements désagréables à chaque rire partagé entre les deux futures inséparables. Heureusement que Remus avait eu la présence d'esprit de me changer les idées en m'offrant un léger coup de coude pour attirer mon attention. Il m'avait alors entraînée dans la valse improvisée et agréable d'une discussion anodine qui m'aidait à mieux cerner sa personnalité.

   Ce fut donc de cette manière que je me retrouvai à vagabonder paisiblement dans les rues de Pré-au-Lard en compagnie du Gryffondor qui dégageait une certaine aura de quiétude qui m'empêchait de m'échapper de ce sentiment de totale sérénité.

– Tu feras quoi plus tard, après tes ASPIC? s'enquit tranquillement Remus en shootant délibérément dans une sorte de caillou formé de neige compacte, l'envoyant valser sur le bas-côté.

– Je ne sais pas vraiment exactement, avouai-je en observant pensivement les quelques stalactites qui pendaient aux extrémités d'une gouttière particulièrement étroite et prise d'assaut par la glace. Mais je sais que ça aura d'office un rapport avec la magizoologie.

– Ah ouais? fit Remus, un sourire tout à coup crispé ornant le bas de son visage d'habitude naturellement authentique. Et... pourquoi?

– Aucune idée, répondis-je spontanément. C'est un peu comme les livres, ça ne s'explique pas, continuai-je en haussant des épaules.

   Lupin hocha de la tête doucement un peu trop frénétiquement à mon goût, me prouvant qu'il redoutait un élément majeur dans mon partage de passion. Peut-être était-ce mal vu de s'intéresser à cette branche pourtant si peu exploitée de la magie? Je ne m'en étais jamais formalisée auparavant et j'aurais peut-être dû prendre la peine de m'informer un peu plus à ce sujet pour éviter les discussions houleuses. Je n'osais pas vraiment aborder mes soudaines inquiétudes mineures par une journée qui se montrait magistralement merveilleuse.

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