22: Une liste pour Patronus

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   Les vacances de Noël avaient toujours constitué à elles seules une raison suffisamment convaincante d'aimer Poudlard. Les sorciers, toujours plus entreprenants les uns que les autres pour impressionner leurs voisins, ne se privaient pas de redoubler d'inventivité pour que leur lieu de vie ressemble au pays de ce bon vieux Père-Noël.

   Le professeur Flitwick, fervent adepte de belle magie, faisait irrémédiablement partie de ces personnes qui se plaisaient à en faire de trop. Évidemment, personne ne lui en tenait rigueur puisque le résultat rendu dans la Grande Salle métamorphosée relevait de l'incroyable pur et simple. Ce petit homme enthousiaste se démenait tous les ans à transformer la moindre poussière –et autant vous dire qu'il y en avait un petit tas– en un éclat d'étoile. Façon de parler, bien sûr.

   Hagrid, ce cher demi-géant qui faisait la risée de ma maison, n'était évidemment pas en reste et proposa au directeur de faire parvenir des sphinx, pour que les élèves restant au château pendant les vacances puissent s'amuser un peu en créant un concours de devinettes. Sans aucune surprise, la merveilleuse idée du garde-chasse ne fut pas retenue et accueillit quelques moqueries désagréables de la part des Serpentard et quelques Serdaigle dédaigneux.

   Je devais avouer que, sur le moment, je n'avais pu m'empêcher d'afficher un petit sourire amusé à l'idée d'un Rogue échevelé détalant à toutes jambes dans le but de fuir le sphinx à qui il aurait donné la mauvaise réponse. Cette pensée très séduisante et revigorante s'évapora cependant bien vite à la sortie de la Grande Salle.

– Qu'est-ce qui te faisait sourire comme ça, la demeurée? lança joyeusement et narquoisement le garçon aux cheveux gras et au nez proéminent.

– Tu tiens vraiment à le savoir? m'amusai-je avec une mine sournoise qui lui fit perdre instantanément sa bonne humeur.

– Ça t'amuse de m'énerver, hein?

   Je réprimai de justesse la réponse affirmative que je m'étais apprêtée à lâcher stupidement comme une bombe déclencheuse d'événements incontrôlables. Mieux valait passer mon chemin au lieu de chercher la petite bête. Nota bene, je ne pouvais trouver meilleure expression pour la situation. Ignorant donc le ver de terre antipathique, je me contentai d'un haussement d'épaules et m'en allai tranquillement de cette bouse de dragon, allant même jusqu'à chantonner un air Moldu qui se plaisait à me tourmenter depuis mon réveil.

Ch-ch-ch-ch changes,
Turn and face the strange,
Ch-ch changes...

– Eh! J'ai pas fini! scanda Rogue dans mon dos, me faisant frémir d'horreur.

   Son ton désagréable me rappelait fortement notre petite entrevue dénuée de douceur fraternelle. Honnêtement, je devais clairement admettre qu'un sombre pressentiment de terreur m'envahissait par tous les pores de ma peau dès que sa face hideuse apparaissait à chaque recoin de couloir. Peut-être n'en pipais-je pas un mot à mes amis mais la vérité était que je croisais bien trop souvent le nez crochu de Servilus. Son regard perçant et atrocement inquisiteur ne pouvait prouver que cette réalité angoissante: Rogue enquêtait silencieusement sur une affaire non-élucidée à mon sujet.

   Heureusement, j'étais la plupart du temps accompagnée de Nora, qui ne semblait pas vraiment remarquer ce changement abrupt de comportement du petit fouineur indiscret. Je devais aussi noter que le Serpentard fureteur ne croisait bizarrement jamais ma route quand mon entourage se constituait de certains Gryffondor qui ne faisaient décidément que faire parler d'eux.

– Qu'est-ce qu'il te voulait, l'asticot repoussant? me rejoignit miraculeusement ma meilleure amie à la tresse blonde continuellement désordonnée.

Vert & Argent?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant