1: Mayline, la droguée

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   La Grande Salle était toujours pareille, fidèle à elle-même, avec ses bougies flottant dans le vide, décorant d'une lumière chaleureuse les centaines de têtes assises à quatre tables aux couleurs respectives.

   Tout à gauche, à l'entrée, se présentait une marée vert et argent dont je faisais malgré moi partie. Venait ensuite la tablée rouge et or des Gryffondor, les élèves les plus turbulents de l'école et qui ne rataient pas une occasion de se chamailler avec ma maison. Cette rancune vieille de plus de mille ans m'était des plus incompréhensibles mais passons. Les Serdaigle, au blason bleu et bronze, éternels astucieux et un peu trop fiers à mon goût, semblaient toujours exaspérés par notre intellect réduit. Quant aux Poufsouffle, ces adorables guimauves noir et jaune, pouvaient se montrer bien effrayants quand une personne mal intentionnée s'en prenait à l'un de leurs proches. Je les appréciais beaucoup pour leur simplicité et leur façon d'être. Toujours de bonne humeur et parfois timides, bien que toutes les Maison en possèdent aussi, c'étaient les élèves les plus chanceux car leur salle commune se situait non loin des cuisines. Comment je le savais? Un sens de l'observation qui ferait pâlir de peur n'importe qui. Rien ne m'échappait. Enfin, presque rien, maintenant que j'y pense.

   Le professeur Dumbledore, le directeur et grand sorcier d'âge plus que mûr, s'éclaircit la gorge avant d'entamer d'une voix forte le discours de bienvenue habituel. La cérémonie de Répartition, consistait, comme son nom l'indiquait clairement, à répartir les nouveaux élèves dans les différentes maisons citées plus tôt. J'avoue que je ne comprenais pas pourquoi ce système de distinction d'élèves était utile. Sérieusement, à part créer des conflits et une rivalité robuste, cette façon d'instruire les jeunes sorciers me laissait sceptique. Cependant, je n'étais pas professeur, Merlin merci, et n'avais donc pas mon mot à dire concernant cette façon étrange et insensée de monter les élèves les uns contre les autres.

   Le Choixpeau m'avait fait comprendre par lui-même, lors de ma propre cérémonie de répartition, que les maisons révélaient ce qu'il y avait de meilleur en nous et qu'elles nous aideraient à améliorer ces qualités distinctives.

   À cette pensée, je ricanai doucement, m'attirant les regards jugeurs de mes compagnons de table.

   Comme si les Gryffondor étaient tous de braves héros courageux et n'avaient pas le droit d'être peureux! Comme si les Serpentard étaient tous les méchants de service aux objectifs grandioses! Comme si tous les Serdaigle étaient les plus érudits du monde magique avec une sagesse hors du commun! Comme si les Poufsouffle étaient tous de petits êtres innocents et timides, possédant une loyauté et une générosité sans faille!

   C'était stupide. Tout le monde pouvait posséder chacune de ces qualités ou défauts. En réalité, nous faisions tous partie de toutes les maisons. On nous avait juste demandé de choisir l'une d'entre elles, nous obligeant inconsciemment à affirmer que telle maison était la meilleure et que telle maison était la pire.

– Je vous souhaite donc une bonne nuit! termina enfin le directeur à la barbe et aux cheveux argentés.

   Lasse plus que jamais, je me levai, suivie par des centaines d'autres élèves dans mon mouvement. Les bancs raclèrent le sol de pierre d'une façon désagréable pour mon système auditif, j'avais l'impression que tous ces bruits résonnaient dans mon crâne. C'était une torture que personne ne pouvait comprendre à part moi. Mon ouïe s'était développée à ma rentrée scolaire dans cet établissement de fous. Quand je dis fous, je parle évidemment du fait que les sorciers et sorcières avaient chacun cette petite étincelle de folie qui les animait au plus profond de leur être. C'était sans doute pour cette raison que j'étais véritablement tombée sous le charme de cette communauté au regard différent. Ils possédaient tous cette sorte d'aura qui nous poussait inévitablement à les apprécier malgré leur bizarrerie. Maintenant, j'en faisais partie depuis mes onze ans et j'étais fière d'être une sorcière, même si je me plaignais les trois quarts du temps de Poudlard.

Vert & Argent?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant