10: Le match

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– Mayline?

   Je me retournai dans mon lit en grognant. Pourquoi, par tous les poils de la barbe de Merlin, fallait-il que Nora Gray me fasse part de ses moindres pensées à toutes les heures de la nuit et du jour? Il était une heure du matin, nom d'un hippogriffe! J'avais la ferme intention de l'envoyer voir dans les toilettes de Mimi Geignarde si j'y étais.

– Oui?

   D'accord, j'avais cédé, mais je ne pouvais ignorer ma meilleure amie. J'étais bien trop curieuse de connaître la raison de son appel et ce qui la taraudait.

– Je crois que j'aime bien Sirius.

   Je me redressai brusquement sur mon matelas grinçant et tournai la tête du côté d'où provenait sa petite voix fatiguée et hésitante, ne voyant que son ombre à travers les rideaux verts qui pendaient au baldaquin de mon lit.

– Oh, quel scoop, je ne m'y attendais pas, ironisai-je en levant les yeux au ciel.

– Arrête de te moquer.

– Je ne me moque pas. Je suis vraiment étonnée de ton aveu. Après tout, ce n'est pas comme si tu passais ton temps à me parler de ses moindres faits et gestes et que vous aviez passé la soirée de la veille à rire ensemble en parlant de Quidditch qui, soit dit en passant, est votre passion commune.

– D'accord, admit d'une voix soupirante mon amie. Il est peut-être temps que je m'en rende compte. C'est grâce à toi, tu sais? Que ça m'est venu à l'esprit, d'un coup...

– Évidemment que c'est grâce à moi, me vantai-je sans aucun srupule.

   Nora rit légèrement et je souris rien qu'au son hilarant qu'elle produisait en rigolant. Cette fille était une merveille de la nature.

– Excusez-moi, Madame La Fière De Son Coup.

– C'est rien, tu es pardonnée.

   Nouveau rire. Silence. Calme apaisant plutôt, pas gênant.

– En fait, c'est pas de ça que je voulais te parler.

– Oh misère, Nora Gray, voulez-vous bien en venir droit au but pour que je puisse avoir au moins cinq heures de sommeil?

– J'ai trouvé celui qui pourrait te plaire, commença-t-elle avec un sourire que je sentais poindre jusqu'ici.

   Et je sus de suite de qui elle allait me citer le prénom.

– Remus, fit-elle d'une voix victorieuse alors que rien n'était gagné, justement.

– Nora, aurais-tu la bonté sage de laisser mes neurones se reposer pour la journée à venir? Je te rappelle que ton match de Quidditch se produira demain, à dix heures tapantes, et qu'une joueuse endormie sur le terrain équivaut à sa mort prématurée.

– Oui, Mère, soupira d'ennui la Serpentard.

   Je souris malgré moi en repensant à ma petite protégée blonde et son prince charmant, tous les deux riant aux éclats. Ils étaient adorables ensemble.

☆☆☆

   Le vent était d'une violence sans nom, arrachant d'une brutalité monstrueuse les feuilles du Saule Cogneur quand je passai devant pour rejoindre le terrain de Quidditch. Les nuages filaient à une allure de balai volant à pleine vitesse et empêchaient les maigres rayons de l'astre diurne de réchauffer mes joues rosies par le froid de fin d'année. Mes cheveux, attachés en une espèce de chignon croisé avec une queue de cheval, se battaient furieusement entre eux en me fouettant de temps à autre le visage. Ma mèche blanche, toujours aussi embêtante, se faisait un plaisir malsain de me tourmenter en voltigeant de droite à gauche devant mes yeux, m'obligeant à la coincer derrière mon oreille toutes les dix secondes.

Vert & Argent?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant