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Les adieux n'ont jamais été mon fort, encore moins quand il s'agit d'en faire à ma famille. A ce moment, j'étais à la fois enjoué à l'idée d'être intérimaire dans un pays étranger mais cette excitation était littéralement bouffée par le stress. Ce curieux mélange de sentiments m'entraînait souvent à me remettre en question, alors qu'il était largement trop tard pour revenir sur ma décision. De toute manière, je ne risquais pas de gâcher cette opportunité tout ça par peur d'être séparé de mes proches pendant une aussi longue période. Pourtant, je savais pertinemment que j'aurais l'occasion de leur rendre visite au cours de ces six prochains mois. L'idée d'être séparé d'eux à plus de huit mille kilomètres n'en restait pas moins difficile.

« Surtout, t'oublies pas de nous appeler dès que t'es arrivé, me rappela ma mère, au bord des larmes.

 C'est promis. »

J'enlaçai ne dernière fois tous les membres de ma famille, même mes grands frères, qui ne sont pas du genre tactiles habituellement. Tandis que je m'apprêtais à mettre les voiles pour de bon, mon père intervint, comme pour essayer de m'obliger à rester encore un peu. Ne serait-ce que pour l'espace de quelques secondes.

« Soobin, me dit-il d'une grosse voix. T'es sûr qu'il est net ton pote ?

 Sérieusement ? Vous le connaissez depuis que j'ai seize ans. Écoutez, je vous promets qu'on ne vous décevra pas. De toute façon, que le vouliez ou non, on sera colocataire.

— On te fait confiance, conclut ma mère qui ne pouvait pas tellement aller à l'encontre de mon organisation étant donné qu'il n'y avait aucune autre solution à portée de vue. »

J'esquissai finalement un léger sourire, cherchant tant bien que mal à les rassurer. Malgré mon optimisme à l'égard de ce périple, je supportais difficilement leurs airs abattus qui ne m'aidaient pas du tout à combattre ma dépendance envers eux. Il était temps que je prenne mes responsabilités en main et ce voyage en était la parfaite occasion. Toutefois, avant de m'engager officiellement dans la file d'attente, je lâchai mes nombreux sacs qui aterrissèrent bruyamment sur le sol. Je ne me voyais pas les quitter aussi soudainement sans leur faire un dernier câlin, au risque de le regretter. D'une certaine façon, je sentis que notre échange officialisait mon départ et il m'était encore difficile de l'accepter.

Chaque pas en avant que j'effectuais m'éloignait un peu plus de ma famille, jusqu'à ce que leur silhouette disparaisse complètement de mon champ de vision. Le nombre incalculable d'affaires que je transportais ne me facilitait pas spécialement la tâche et peinais à leur signer de la main en guise d'adieu. Par conséquent, la dernière image que j'eus de leurs visages était assez mélancolique, pour ne pas dire déprimante. Toutefois, je ne pouvais pas y faire grand-chose car l'avion ne risquait pas de m'attendre pour décoller.

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Une fois arrivé à l'aéroport de Londres, un uber m'attendait, préalablement commandé par l'entreprise dans laquelle je m'apprêtais à travailler. Je profitai de la route pour découvrir la ville durant ma course, en restant scotché à la vitre. Je suis même persuadé que le chauffeur m'a jugé à plusieurs reprises. D'ailleurs, en cherchant mon argent, celui-ci me stoppa car le règlement avait visiblement déjà été effectué. Je m'étonnai de cette information mais ne m'attardai pas trop sur la question car il me semble plus logique de profiter de ces rares occasions. Malgré ma fatigue causée par le voyage, je fus contraint de faire encore quelques efforts supplémentaires car les escaliers pour accéder à l'entrée de mon logement, m'y obligeaient. Je parvins à fournir le peu de force qu'il me restait et hurlai directement le prénom de mon colocataire, qui ne semblait pas présent. À la seconde où je déposai mes bagages sur le sol, je perçus vaguement une silhouette se ruer dans mes bras.

all too (un)well ♡ yeonbinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant