Chapitre 11 : Cohabitation

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Legendary Sword by Nele-Diel - Deviantart

C21 FX - Surrounded Extended



— Elle est seule ? demanda Azaël d'une voix quiète.

Son ami acquiesça en silence tandis que les deux adultes se tenaient affalés dans les vieux canapés du salon arrière, près des cuisines. Il était si tard que même la lune était partie se coucher, plongeant la cité dans une obscurité macabre que seules trois bougies blafardes peinaient à combattre.

— Admettons que ce que tu me dis soit vrai, Illumineuse ou pas, ça reste une enfant qui n'a rien à faire ici.

— Je sais, reprit l'homme, j'en ai conscience, c'est déjà suffisamment compliqué comme ça. Elle est pour le moment sous ma responsabilité, et je compte sur toi pour la surveiller également.

— Je ne suis pas sa mère.

— Je ne te demande pas de l'être.

— On ne pourra pas la faire monter sur la navette tous les deux, il nous faut de l'aide, des gens informés qui pourraient la faire monter à bord sans que cela déclenche la panique, de préférence de jour !

— Plus on en parlera autour de nous, plus on prend le risque que sa présence ici s'ébruite et nous fasse courir à notre perte !

Azaël se rongeait les sangs. Dix ans d'entourloupes entre amis au nez du roi pour finalement manquer de finir ses jours en prison pour une affaire qui ne la concerne pas directement. Quelle ironie ! Il faut croire que le karma se charge même des repentis.

— J'ai durement gagné la taverne de ma tante, Aaron ! Je ne la perdrait pas pour un coup de dés !

Le crépitement des mèches enflammées adoucissait tout de même la tension qu'éprouvaient le duo dans leur communication. L'on entendait le vent gémir contre les fenêtres, froid et sans âme, un courant d'air de ville qui traque la moindre herbe à pousser d'un bout à l'autre des remparts. Il y avait des arbres ici, il y a longtemps, lorsque la ville ne comptait qu'une poignée d'habitants, le vent était vivant et ralentit par les cimes. Puis l'humain construit sa maison avec le bois de la forêt et les pierres des rivières, tous suivirent, ils tuèrent le vent et la ville devint un désert de matériaux durs, dressés hors de terre. L'on pourrait presque dire qu'ils ont tué le dieu du vent, ici. Comment appelle-t-elle ce dieu déjà... ?

— Elle sait se défendre ?

Sorti de ses pensées urbaines, Aaron fit « non » de son crâne en venant se gratter la tempe de sa main épaisse. Le planning de ses prochains jours allaient être chargé en attendant l'arrivée de la navette, d'ici environ un mois, peut-être, rien n'est sûr. Certes, ils doivent restés cachés, mais rien ne les empêche d'avoir des activités stimulantes.

— Tu as toujours les clefs de mon atelier ?

Azaël ouvrit des yeux incrédules à sa remarque.

— Tu veux aller à l'atelier ? Mais il est en ruine, recouvert par le lierres et la végétation ! Si tu allumes ton four, non seulement tu te fais repérer par la fumée, mais en plus tu prends le risque de flamber toute la maison !

— Tu n'auras qu'à dire que tu t'es remis au bricolage. As-tu les clefs, oui ou non ?

Elle leva les yeux au ciel en constatant à nouveau parler dans le vide, croisant les bras sous sa poitrine :

Edel (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant