Edel (en pause)

Chapitre 4 : Le multi-tout

Forest House concept by RQuack - Deviantart

Lord of the Rings - Sound of The Shire

Un immense soleil mimosa remontait les collines au loin pour se frayer un chemin parmi les nuages. Le matin pointait le bout de son nez alors que le grand homme avait toujours le sien dans le sommeil. Les bras tombant au sol, seuls ses coudes étaient en contact avec les repose-bras en tissu du vieux fauteuil, et sa bouche, grandement ouverte, laissait échapper un ronflement animal toutes les cinq secondes. Puis une éclaircie du ciel vint chatouiller les rides de ses yeux et, coupé dans son rythme respiratoire, il s'éveilla péniblement dans un grognement. Sa grosse main vint masser ses paupières puis gratter sa barbe et il se figea devant un petit être qui le fixait probablement depuis un bon moment déjà, bien droit sur ses pieds, des cheveux blonds décoiffés du réveil.

— J'ai faim, dit-elle.

Il ne percuta pas immédiatement d'où pouvait bien sortir cette enfant avant de remboîter les fragments de souvenir de la veille.

— J'ai demandé à Hélios de vous réveiller parce que moi je n'osais pas le faire, poursuivit-elle. Merci de m'avoir laissé votre lit !

— Hélios... ? Pas de quoi, dit-il en se grattant la tête avant de se lever de toute sa hauteur. Mais comment ça se fait que tu sois encore là toi ? Ta mère ne t'a pas appris à ne pas parler aux inconnus ?

— Eh ! C'est pas moi qui capture les enfants dans des pièges ! C'est votre faute si je suis là !

Le vieil Aaron sourit presque à sa remarque. Elle était maline.

— Il y a des gâteaux dans le placard du bas, sous l'évier.

— Non, y'en n'a plus.

Il termina de se gratter le sourcil avant de la fixer entre ses doigts, le regard accusateur.

— T'as fouillé dans mes placards ? elle hocha la tête à sa question. Donc d'abord tu fais un trou dans mon filet et ensuite tu manges mes provisions ?

— Maman m'a toujours dit : « mange, tu ne sais pas qui te mangera un jour ».

— Tu penses encore que je vais te manger ? elle acquiesça de nouveau en se pinçant les lèvres.

Aaron ne put que soupirer face à cela. Tant qu'il passera pour le méchant de l'histoire, il ne pourra pas avoir de discussions tranquilles avec elle, mais peu importe. Si ça se trouve, c'est elle qui le mangera.

— Il y a du lard fumé dans le cellier, va donc le chercher.

— D'accord !

Puis elle disparut en allant à la cuisine.

L'homme se retrouva seul dans le salon et en profita pour rapidement admirer le lever du soleil avant de se redresser du fauteuil, d'un appui sur ses deux bras. Sa large main saisit le sac à dos de l'enfant dans un effort pour le déplacer de l'entrée et le mettre dans le salon contre un mur de bois. Quelques pas précipités se firent entendre et il la vit revenir vers lui en trottant :

— C'est quoi du « lard » ?

— Parce que tu es partie sans savoir ce que c'était ? une fois encore, elle acquiesça.