Chapitre 7 : Dame Leony

47 3 1
                                    

Escape by SnowSkadi - Deviantart

Steve Jablonsky - Sacrifice



Ils traversèrent des plaines verdoyantes aux couleurs florales, des kilomètres et des kilomètres de forêt, encore des plaines et à nouveau de la forêt. Le chemin semblait déjà ne pas avoir de fin, et pourtant, ils n'étaient partis que depuis quelques heures. Le retour ne se fera pas en une journée, ça Edel le savait bien, c'était même on ne peut plus évident.

Mais l'homme qui l'accompagnait avait tout même annoncé le voyage en deux voire trois étapes : il y a la possibilité de faire un campement aux abords de la chaîne de montagnes, dans une grotte qu'il a découvert il y a plusieurs années de cela. L'idéal serait même d'y parvenir avant la tombée de la nuit mais quand on voyait la vitesse à laquelle ils avançaient, même le plus optimiste des hommes devenait réaliste.

— Où on va déjà ? se plaignait-elle depuis une heure maintenant.

— Tu vois la montagne là-bas ?

— Oui.

— C'est derrière.

— C'est encore loin votre birouac ?

— On dit un bivouac, pas un « birouac ». Et d'ordinaire, je marche beaucoup plus vite quand je n'ai pas d'enfant dans les pieds !

— Mais mon sac est lourd !

— Tu n'as rien à jeter pour lâcher du lest ?

— Ah non ! s'offusqua-t-elle ensuite.

— Eh bien alors ne te plains pas !

Il accéléra alors le pas pour la laisser plusieurs mètres derrière lui et Edel fronça les sourcils dans une moue boudeuse. Elle était sûre qu'il avait fait exprès de marcher plus vite !


Une première journée de marche se fit ainsi, alternant boue, racines et herbe fraiche.
L'enfant peinait de plus en plus à suivre les grands pas de l'homme qui ouvrait la voie. Elle se forçait même à marcher dans les traces de ses bottes afin de s'assurer d'aller au même rythme que lui. Puis elle trébucha une fois, puis deux, puis trois, et Aaron décida finalement de faire une halte un moment. Il ne pouvait se permettre d'avancer plus vite malgré le fait que son soi-disant bivouac n'était plus qu'à quelques kilomètres de là. Installons un feu ici : l'heure était à la faim.

Quelques branches amassées en chemin servirent aux premières braises et les flammes ne tardèrent pas à entrer dans la danse.

— Quelle merveilleuse idée de faire un feu en plein nuit au milieu des champs, du génie ! bougonna-t-il.

— Eh bien quoi ? demanda Edel.

— Même un aveugle pourrait nous repérer à des kilomètres, on aurait dû se cacher mieux que ça.

— Vous êtes recherché ?

— Non, mais les gens tuent pour l'argent ici, dit-il avant de se reprendre, même si une tête comme la mienne ne vaut pas grand-chose...

— Parce que vous êtes moche ? demanda-t-elle innocemment.

— Non ! Parce que je suis un Charles !

Edel rit. Un ricanement aigu, doux, simple, enfantin. Et l'entendre rire pour la première fois depuis le début de ce voyage était une bénédiction pour les oreilles du grand homme.

Edel (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant