Après l'avoir laissé raconter à quel point il était impatient de retrouver sa moitié, et faire d'autres éloges que je n'ai écouté que d'une demie oreille, je suis sur le point de lui dire de la fermer quand il me coupe l'herbe sous les pieds.
— Il se fait déjà tard, tu devrais rentrer chez toi.
— Ravie que tu t'en sois rendu compte, je commençais à penser que la oh ! combien précieuse et inégalée reine de ta vie, t'avait fait perdre le sens des priorités. Ou le sens tout court.
Il roule des yeux au ciel avec son air blasé qu'il adopte lorsqu'il estime que je raconte une ânerie, ce que je trouve très amusant.
— Toi par contre tu n'as pas perdu ton sens inné pour l'exagération, reprend-il en se levant.
— Jamais ! déclaré-je solennellement, sinon Aloïcia ne serait plus Aloïcia. C'est ma marque de fabrique, tu le sais.
— Hm ! Si tu le dis.
Alors que je sors mon portefeuille pour payer ma consommation, Marc pose une main sur les miennes, ce qui entrave mes mouvements. Ne comprenant pas ce qu'il cherche à faire, je lève les yeux vers lui pour avoir une réponse.
— Laisse je vais payer.
Cette fois, c'est à moi de rouler des yeux. Je mes mains de son emprise et sors la somme qu'il faut pour nos deux consommations en le regardant dans les yeux comme pour le mettre au défi de m'arrêter de nouveau. Je dépose mes billets à côté des siens puis récupère sa monnaie pour la remettre dans la poche avant de sa chemise.
— Du calme mon seigneur ! Je suis arrivée la première, alors c'est moi qui paye. Mais ne t'inquiètes pas, tu auras d'autres occasions de faire l'étalage de galanterie... avec la reine de ton cœur. Répondis-je en tapotant un peu l'endroit où je viens de glisser ses billets.
— Et arrogante avec ça. Des fois je me demande comment on a pu devenir ami tous les deux ?
Pour répondre à sa question, je lui fais un grand sourire de petite fille qui le fait éclater de rire et nous nous dirigeons vers la sortie en saluant au passage la barmaid qui nous souriait déjà amusée, peut-être à cause de la scène de l'addition. Nous traversons ensemble les portes vitrées et nous retrouvons dans le couloir qui n'est plus éclairé que par les lumières accrochées au plafond.
— Tu veux que je t'accompagne jusqu'à la sortie ? demande-t-il.
— Non ça ira merci, je connais le chemin. Et toi, que vas-tu faire maintenant ?
— Je vais rentrer et me coucher tôt, une longue journée m'attend demain.
— Très bien alors à la prochaine !
Sur ces mots, Marc me tourne le dos et s'en va. Je le regarde s'éloigner, la démarche assurée. A mon tour je prends la direction opposée qui mène vers les ascenseurs qui me ramèneront en bas de l'immeuble.
La neige qui tombe tranquillement du ciel et le froid mordant de l'hiver qui me pique les joues m'accueillent chaleureusement lorsque je mets les pieds hors de la tour. Je relève le col de mon manteau, enfonce mes mains frigorifiées dans ses poches et je me dépêche de rejoindre ma voiture pour me mettre à l'abri car même si toute la journée je me suis remplie de boisson chaude, ça ne sera jamais assez pour se protéger de pareilles températures.Alors que j'insère ma clef dans le contact de ma voiture, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sors pour constater que l'écran est allumé alors qu'il n'y a aucune notification. Me sentant soudain curieuse, je me calle plus en confort dans mon siège avant jette un nouveau coup d'œil au portable, toujours pas la moindre notification alors que l'écran ne s'éteint pas. Je sais alors que je viens de recevoir un ordre de mission.
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Ceux qui vivent dans l'ombre
ParanormalDans un monde en apparence totalement ordinaire, les jours se passe moralement comme toutes les autres, partout les gens vaquent à leurs occupations, métro-boulot-dodo, sortir entre amis et études. Cependant, quand vient la nuit, c'est un autre mond...