Chapitre n°9

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Je n'en reviens pas, je suis sous le choc. Comment avons-nous pu on arriver là ? Il vient vraiment de me mettre à la porte, à un tel moment ? Je commence à avoir chaud, malgré la neige qui tombe ostensiblement derrière la vitre tandis qu'un nœud désagréable s'installe dans ma gorge.

— Tu... tu viens de me mettre à porte, tu veux vraiment... que je m'en aille ? répété-je avec difficulté.

— Si en plus d'être inutile tu es sourde, je te conseille vivement de te jeter du haut d'un pont. Crois-moi le monde ne s'en portera que mieux.

— Johnson ! Comment peux-tu dire de telles choses ? s'exclame la voix horrifiée de sa future femme.

Je suis si bouleversée que j'entends a peine les sonorités horrifiées dans sa voix, je ne l'ai même pas entendu entrer. Mais mon attention repart vite sur mon père toujours en face de moi, toujours aussi droit dans ses chaussures cirées. Mais je ne bouge pas, trop consciente de ce que cela implique. Si je partais, c'est comme si je lui donnai raison sur tout. Et puis, c'est la colère qui parle, il ne pense pas vraiment ce qu'il dit.

Ellen tente de le calmer, mais il libère son bras de son emprise et s'avance à grand pas vers moi. En quelques enjambées seulement, il arrive à ma hauteur. Il me saisit fermement le bras, à m'en faire mal, et me pousse vers la porte coulissante. J'ai beau résisté, lui demander de me lâcher rien n'y fait. Finalement, il ouvre la porte de verre et me jette parterre, à l'extérieur sous le froid, comme on sortirai une poubelle.

— Disparaît de ma vie, je ne veux plus jamais te voir, tu entends ? Désormais tu es morte pour moi.

Ce sont les derniers mots qu'il prononce avant de refermer la porte derrière lui faisant ainsi taire les supplications d'Ellen, ils disparaissent ensuite derrière la porte qui mène à la réception. Alors que la porte en bois se referme, j'ai les yeux rivés sur le dos de mon père, mais celui-ci disparaît derrière le battant de la porte en bois sans un regard en arrière.

Il est décidé à se débarrasser de moi, tu veux que je m'en aille ? Bien, c'est très bien, si c'est ce que le maître de maison le souhaite ! Je lève les mains en signe de reddition.

J'essaie de dominer la fébrilité pour parvenir à mettre un pied devant l'autre, je fais le tour de la maison pour rentrer par la porte principale. Je trace directement vers les escaliers puis ma chambre sans prêter attention à mon entourage, tout en bataillant avec mes émotions afin de garder la tête haute. Comme dans un état second, je perçois le brouhaha de la soirée comme un murmure étouffé et lointain. Je me répète comme une litanie qu'il ne faut pas que je pleure, surtout me pas pleurer.

Il veut vraiment que je disparaisse de sa vie, il ne veut plus rien avoir à faire moi ? Très bien, il a gagné. Moi non plus je n'ai pas besoin de lui. Moi non plus je ne veux plus rien à faire avec lui.

Enfin dans ma chambre, je me débarrasse de ma tenue actuelle pour revêtir des vêtements plus confortables. Mon porte-monnaie en main, je le vide de toutes les cartes de crédit rattachées au nom de mon père, je me garde que celles qui m'appartiennent, celles qui contiennent le salaire de mes deux boulots. Sans un sac de sport je jeter les armes et tout ce que je n'ai pas intérêt à laisser derrière moi avec quelques vêtements, là encore sortis de ma poche.

Un dernier regard à ma chambre pour lui faire mes adieux, car je ne pense pas y revenir de si tôt. Je ferme la porte derrière moi avant de dévaler les escaliers en trombe en direction du garage.

Dans celui-ci, face à ma belle Audi encore flambant neuve j'ai un pincement au coeur, elle a été acheté avec l'argent du grand et inébranlable Johnson Wildwarren alors elle non plus, je ne peux pas l'emporter. C'est avec le coeur gros que je progresse vers le fond du garage où je découvre, ou plutôt, je redécouvre ma moto laissée à l'abandon ici depuis le début de la froide saison.

Ceux qui vivent dans l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant