Chapitre n°16

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Les marches en mauvais état qu'il faut franchir pour descendre de cet immeuble n'ont rien de rassurant. Comment me suis-je débrouillé pour arriver jusqu'ici sans perdre de dent ? Je poursuivais un Arpe qui m'a été signalé dans les alentours de cette banlieue lorsque cette abomination a eu la bonne idée, selon elle, de s'envoler sur le toit de cet immeuble miteux, perdu en plein milieu de la banlieue de Tomis II. Je connaissais déjà ce secteur mais la vue depuis les hauteurs, c'est autre chose. Elle m'offre une vue sur les immeubles en relativement meilleur état que celui sur lequel je suis, serpentés de ruelles non ou mal éclairées. La neige n'arrangeant rien à l'aspect sombre des lieux.

Avec une telle ambiance, on comprend vite pourquoi les exogènes affectionnent ces endroits comme terrain de jeu. Tout ici est propice à l'accueil et à la prolifération de ces monstres, un garde mangé à ciel ouvert.

Je reviens prêt de ce qui reste de ma cible paresseusement vautrée au-dessus du squelette pourri d'une très vieille pergola. Tellement vieille, qu'il me suffit de tirer un peu sur les quelques cheveux qui se battent en duel sur le crâne de l'Arpe pour qu'elle s'écroule. Il faut maintenant rassembler les morceaux manquants, une aile rattachée à son bras, un œil ainsi qu'une oreille pointue que je place avec le reste pour les faire flamber. Un joli feu de bois !

Ensuite je m'étire jusqu'à faire craquer les vertèbres tant elles sont engourdies, avant de finalement prendre mon courage à deux mains pour affronter ce qui était autrefois un escalier de secours.

Lorsque je parviens au pied de l'escalier, la flamme sur la toiture de l'immeuble luit avec vivacité. Depuis la petite ruelle sombre où je me situe, je contemple la lumière qui brille comme un phare dans la nuit, comme la lumière au bout du tunnel. Donc pour m'assurer que je suis encore bien vivante, je pince ma joue jusqu'à m'en faire mal. Maintenant que je sais que je ne suis pas morte, la vie continue. Je progresse hors de la ruelle étroite en direction du trottoir où je prends un grand bol d'air avant d'aller à ma voiture.

Durant le trajet jusqu'au véhicule, je ne peux me départir d'un sourire goguenard face aux réactions des passants qui couvrent leurs nez de leurs mains en me regardant avec un dégout profond, comme s'ils se demandaient si j'avais pataugé dans les poubelles du restaurant d'à côté.

- Oui, je sais, je sais ! La fragrance de mon parfum n'est pas la meilleure qui existe sur le marché, murmuré-je en continuant paisiblement mon chemin vers ma voiture.

Amusée par les exclamations révulsées des passants, j'arrive sur le parking où j'ai garé la voiture de service où j'ôte ce manteau tout neuf ruiné par l'odeur trop entêtante de l'Arpe que je viens d'affronter. Il a suffi que je sois proche de lui peu de temps pour que son l'odeur imprègne durement mon vêtement. Non content de vivre dans les poubelles, il faut en plus qu'ils soient les porteurs d'une odeur pestilentielle collante.

J'ouvre le coffre pour y balancer le manteau quand je remarque quelque chose sous le véhicule. Durant un court instant, j'hésite à me saisir de l'arme rangée dans mon holster. Ça bouge à peine, et ça semble inoffensif. Je reste cependant toujours sur mes gardes lorsque je me baisse pour voir ce qui se trouve au bout de cette queue sombre. En me baissant pour voir de quoi il s'agit, je suis étonnée de voir une boule de poils obscurs roulé en boule sous le véhicule. Depuis combien de temps il est là ? Il ne fait aucun mouvement, n'est-il pas déjà mort de froid ?

Je n'ose m'approcher de trop près par peur de me faire surprendre et d'être mordue. Il n'y a personne autour de moi pour m'aider donc avec le fourreau d'une dague, je secoue la queue pour provoquer une réaction tout en restant à bonne distance, et tout compte fait, l'animal bouge. Ce qui me soulage autant que ça m'inquiète.

Il remue tout juste la queue et ouvre à peine les yeux. C'est évident que quelque chose cloche avec cet animal. J'attrape mon portable pour appeler Marc mais je me souviens que lui aussi est en expédition.

Ceux qui vivent dans l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant