Chapitre n°2

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La sueur abondante qui perle sur mon front et la chaleur qui est bien diffuse dans la totalité de mon corps sont les signes qui témoignent du long moment que j'ai passé sur ce tapis de course. Mes pas pressés sont réguliers et continus. Je ne sais pas depuis combien de temps je cours exactement, mais le titre Alga d'« IGNEA» qui résonne à plein volume dans mes oreilles semble me booster en énergie et m'empêche de ressentir la moindre fatigue. Je suis dans ma bulle, complètement coupée du monde à profiter de l'instant, je ne fais attention à rien d'autre jusqu'à ce qu'une puissante sonnerie de cloche retentît soudainement dans mes oreilles, coupant la musique et me faisant sursauter.

Je peste alors que je retire prestement mes oreillettes blanches de mes oreilles avant de stopper la machine de sport. Je descends de celle-ci et sort mon smartphone du brassard accroché à mon bras droite pour arrêter à cette satanée sonnerie qui a failli me briser les tympans et regarder l'heure.

— Ah ! il est déjà l'heure, remarqué-je alors que l'horloge sur mon écran affiche six heures quinze, bon, il faut aller se préparer.

Je remets mon téléphone en place et me dirige tranquillement hors de la salle de sport qui se trouve au sous-sol de la maison et me dirige vers ma chambre à l'étage.
Une fois à l'intérieur de celle-ci, je suis prise de curiosité et je me dirige vers les grands verres de ma chambre qui me servent de fenêtres et j'entrouvre les rideaux lourds qui séparent ma chambre de l'extérieur et je vois que le ciel et tout aussi couvert qu'à mon réveille trois heures plutôt. Pas une seule éclaircie ne traverse les nuages noirs qui semblent si lourd.
Devant moi, la forêt artificielle de sapins qui entoure la villa est sombre, je ne peux y voir que les deux premières rangés horizontales de troncs qui soutiennent des branches plus ou moins fines recouvertes de la neige qui ne cesse de se poser sur elles depuis le début de la saison.

Bien que je trouve ce paysage reposant et même hypnotique, je m'en détourne pour choisir des vêtements dans mon dressing avant de prendre ma douche. J'en ressort pour m'habiller d'une robe droite courte et blanche avec un colon épais noir et une paire de bottines beige. Je passe ensuite une légère touche de maquillage, avant de juste passer un doigt sur mes sourcils broussailleux. Je bricole ensuite un chignon négligé vite fait sur mes cheveux blonds pâles, puis je me regarde une dernière fois dans le grand miroir de ma chambre et quand je juge être présentable, j'attrape un manteau beige et la sacoche dorée et je redescends au rez-de-chaussée pour le petit déjeuner.

Depuis le haut des marches, j'aperçois mon père dans le salon, une grande pièce blanche qui ne contient que le séjour près de l'entrée avec une cheminée allumée où un grand écran est accroché sur le conduit noir qui donne à la fumée une issue vers l'extérieur et une partie bar garnie d'alcool en tout genre coûtant un bras pour chaque bouteille.
Il est assis bien droit sur son fauteuil, jambes croisées, d'où je suis je peux voir briller ses cheveux jais où se sont incrustées quelques mèches blanches, à l'aspect si soyeux que je lui envie tant, sagement placés sur son crâne qui dépasse du journal en papier recyclé derrière lequel son visage est plongé et je ne peux m'empêcher de me faire la remarque, pendant que je descends les marches, que pour quelqu'un qui vie dans autant se modernité, certaines de ses habitudes sont restées coincer dans le siècle dernier.

— Bonjour père, lui souhaité-je pour essayer de commencer la journée sur une bonne note.

Comme seule réponse, il se contente de baisser un petit peu son journal pour me lancer un regard à mi-chemin entre le dédain et l'indifférence à travers ses yeux vert pomme dont j'ai hérité de la couleur puis il recommence sa lecture en m'ignorant complètement.

— Elle commence bien cette journée ! Murmuré-je ironique.

Sans y prêter plus d'attention, par force d'habitude, je rejoins la salle à manger qui donne sur la cuisine ouverte d'où je reçois les salutations de notre gouvernante en poste depuis plusieurs années déjà, elle avait été engagée par ma mère alors que j'avais juste onze ans à tout casser. Depuis, elle a été témoin de la dégradation des relations entre mon cher père et moi, elle essaye toujours de détendre l'atmosphère avec les moyens à son niveau après une énième dispute, et heureusement qu'elle est là d'ailleurs parce qu'elle représente le rayon de soleil qui me réchauffe avec ses sourires dans cette maison si froide, même si elle reste toujours très discrète.

Ceux qui vivent dans l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant