Love Poem

Chapitre 23

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"Ne dit-on pas que lorsqu'une personne est vraiment éprise d'une autre, celle-ci doit inévitablement être éprise aussi ? Amir ch'a mull'amato amar perdona. Amour qui ne dispense nul d'être aimé d'aimer, les mots de Francesca dans l'Inferno. Attends et espère. J'espérais, mais peut-être était-ce ce que j'avais toujours voulu : attendre et espérer à jamais."
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-Call Me By Your Name- 

-Tu sais, je me rappelle qu'une fois, je n'aillais vraiment pas bien. Lui dit Hyunjin. Je m'étais brouillé avec ma mère la veille et je déteste quand ça arrive. Je n'avais pratiquement pas parlé de la journée avec mes amis, je voulais juste être seul et qu'on me fiche la paix. Je suis partie marcher dans les couloirs pour m'aérer l'esprit, pour changer d'air et je t'ai croisé. Tu étais avec Felix et vous parliez d'une musique que vous aimiez tous les deux. Je ne sais plus quelle musique c'était, mais tu as dis "Je ne sais pas comment c'est possible, mais pendant que je l'écoutais, j'étais anéanti parce qu'elle est incroyablement triste, mais je l'ai aussi trouvé inspirante, grâce à elle j'ai vraiment envie de faire sortir toute la tristesse qui est en moi pour ne prendre que la mélodie positive de ma vie.". À ce moment-là, je me suis dis que tu avais trouvé les mots parfaits pour me remettre d'aplomb. Je ne voulais pas être morose toute la journée mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser à la dispute avec ma mère, alors je me suis concentré uniquement sur ma mère et toutes les magnifiques qualités qu'elle a, et j'allais mieux. Je suis retourné voir mes amis et on a passé une super journée. Le soir, ma mère et moi on s'est parlé et tout est rentré dans l'ordre. 

Jeongin écoutait Hyunjin lui parler.
L'après-midi était déjà bien avancé et les deux amoureux avaient étendues une nappe dans un parc, puis s'étaient allongé dessus, chacun à l'envers de l'autre. Leurs visages étaient juste à côté, alors que le reste de leurs corps était parallèle. Le rosé tourna doucement son visage vers son petit-ami, le regardant fixer le ciel gris de ses yeux profonds. 

-Elle sait qui tu es. Dit Hyunjin. 

-Quoi ? 

-Ma mère, elle sait qui tu es pour moi. 

Jeongin devint complètement cramoisi. 

-Elle m'a surpris un soir alors que je peignais ton portrait. Elle m'a demandé qui tu étais, et je suis incapable de mentir à ma mère, alors je lui ai dis que tu étais mon âme-sœur, le garçon qui occupait toujours mes pensées, celui qui faisait battre mon cœur. Il lui tarde de te rencontrer. 

Ame-sœur.
Pour Hyunjin, ils étaient deux âmes, chacune destinée à l'autre depuis toujours et pour l'éternité.
De plus, sa mère connaissait son existence. Jeongin se sentait incroyablement embarrassé de savoir cela. 

-Mes parents ne savent même pas que j'aime les garçons. Dit Jeongin. Peut-être qu'ils le savent, ou qu'ils le soupçonnent, dans tous les cas on n'en a jamais parlé. Je ne sais pas vraiment comment leur dire. On n'a pas la même relation que toi et ta mère, tu vois ? J'aime mes parents et je sais qu'ils m'aiment aussi, mais on ne se le montre pas vraiment. Je ne suis pas très expressif sur mes sentiments, ça me mets mal-à-l'aise. Je sais que c'est assez paradoxale pour un hypersensible de dire ça, mais je pense qu'à force de trop ressentir ce qui m'entoure, le bien comme le mal, ça me fatigue. Je ressens beaucoup de chose mais je ne le montre pratiquement jamais, ce sont des choses que je garde pour moi et qui ne ressortent jamais, d'où le fait que parfois je craque, parce que je sais que j'emmagasine trop de choses. 

-Maintenant je suis là. Quand tu sens que tu vas craquer, viens me voir. Tu as le droit de pleurer, je pense que tout le monde doit pleurer, ça nous fait toujours du bien d'extérioriser de cette manière, mais le plus important après avoir pleuré, c'est de pouvoir se relever. Si jamais tu sens les larmes monter, je veux être avec toi pour t'aider quand tu auras terminé de pleurer, je veux être là pour t'aider à te remettre en selle, t'es d'accord ? 

Jeongin acquiesça, il ne demandait pas mieux.
Partager ses peines avec Hyunjin n'avait rien de négatif à ses yeux justement. Chaque être humain était constitué d'un lac immense de peines qui grandissait ou pas au fil du temps, mais cela était essentiel à une personne. Ses peines faisaient d'elle ce qu'elle était et il ne fallait pas les négliger ou les rejeter, il fallait mieux les accepter pour pouvoir se former avec elle, cohabiter avec. Jeongin savait qu'il avait un océan de peine et c'était surtout ce nombre infini de peine et de tristesse qu'il avait peur de communiquer à Hyunjin. Mais il était prêt à en partager un bon nombre, parce qu'il savait que de cette manière, il serait pleinement entier aux yeux de son amant, qu'il ne lui cacherait rien. 

La main de Jeongin vint se faufiler dans celle de Hyunjin qui laissa un sourire étirer ses lèvres. Ensemble, ils avaient l'impression que le monde ne se préoccupait plus d'eux, qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient, que personne ne les verrait. Les doigts de Hyunjin entourèrent la main du rosé et il en caressa le dos avec son pouce. 

-Je suis tellement heureux de t'avoir connu Jeongin. 

Le concerné senti son cœur battre aussi rapidement qu'à chaque fois qu'il était en présence de son amant. 

-Moi aussi. 

-C'est triste qu'on ne soit pas parlé plus tôt, on aurait pu faire tellement de choses ensemble. 

Jeongin était bien d'accord, il aimait Hyunjin depuis deux ans et ce dernier aimait Jeongin depuis un an, ils auraient eu le temps de refaire le monde si ils avaient eu le courage de venir aborder l'autre. 

-Je t'aurais emmené tous les week-end dans une librairie différente, on serait parti en voyage ensemble, on aurait passé des jours entier collés l'un à l'autre et on aurait lu, dessiné et fait tellement de choses. J'ai l'impression qu'on n'aura pas le temps de les faire. 

-Détends-toi, le monde ne va pas s'effondrer sur nous demain, on a le temps de faire toutes ces magnifiques choses. 

Pour une fois que c'était Jeongin qui pouvait rassurer Hyunjin, il en était plutôt fier. 

-Non, on n'aura pas le temps. Dis Hyunjin avec un ton sérieux. 

Jeongin sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Il n'avait jamais entendu Hyunjin parler avec cette telle fatalité dans la voix. 

-Comment ça ? 

Hyunjin garda le silence quelques secondes, plongeant Jeongin dans un début d'inquiétude préoccupante. 

-Mes parents sont divorcés et mon père vit aux Etats-Unis. Il estime que passer cinq ans sans me voir est suffisant pour exiger que je viennes vivre avec lui après Noël. 

-Et ton diplôme ? 

-Il a dit qu'il allait m'inscrire dans une école coréano-américaine pour que je l'obtienne aux Etats-Unis. Il marqua une courte pause. C'est pour ça que j'ai peur du temps qui passe, je fais de mon mieux pour être un bon élève partout et pour passer le plus de temps possible avec mes amis, j'ai peur que tout s'arrête trop vite. C'est pire avec toi, on vient à peine de se mettre ensemble et un océan nous séparera bientôt. Je suis effrayé à l'idée de vivre sans toi, je crois que je ne pourrais pas le supporter. 

Jeongin ne savait pas quoi dire, il était encore sous le choc de la nouvelle.
Dans à peine deux mois, Hyunjin partirait pour les Etats-Unis et leur histoire se terminerait sûrement là. Il savait que même avec la meilleure volonté du monde pour rester ensemble, la distance les aurait. Leur histoire d'amour ne survivrait jamais à des milliers de kilomètres d'eau salée, un décalage horaire énorme et des vies qui deviendraient radicalement différentes. 

Sans n'avoir rien à dire, Jeongin se redressa légèrement pour venir embrasser passionnément les lèvres de Hyunjin.
À cette seconde, Jeongin ne pouvait rien offrir de plus à Hyunjin, que son amour et son soutient. Il déversa le plus de sentiments possibles avec ses lèvres, il sentit que Hyunjin agrippait ses épaules, comme pour l'empêcher de partir, ce que Jeongin refusait de faire. Il embrassa Hyunjin jusqu'à en perdre haleine, jusqu'à ce que leurs larmes respectives se mélangent dans un torrent de sentiments et de peines partagées. 

En rentrant chez lui le soir même, Jeongin monta silencieusement dans sa chambre et lorsqu'il eu fermé sa porte, il se laissa glisser contre cette dernière, la tête entre les mains et recroquevillé comme un enfant. Il laissa ses larmes dévaler ses joues, des sanglots prendre violement possession de lui et ceci pendant une heure.
Une heure complète à pleurer la future absence de Hyunjin, leur futur séparation, son futur retour brusque à la solitude et au chagrin.