Chapitre XVIII : Avec elle ou rien

1.4K 73 29
                                    

J'ai passé toute la journée en salle d'attente, attendant que Kaori passe par là pour me donner des nouvelles. Je n'ai presque rien mangé, je me suis acheté une barre chocolatée au distributeur mais c'est tout.
De toute façon, je n'ai pas faim. J'ai envie de vomir.

J'ai envie de mourir à sa place.

C'est moi qui aurais dû être là. Pas elle.

Je me rassois sur mon lit, c'est-à-dire ma chaise dans la salle d'attente, et je mets ma veste sur moi. Je vais encore passer une nuit ici. Je ne m'en irai pas avant de l'avoir vue.

—————

« Suna ? »

J'étais à moitié endormi, quand j'ai entendu cette voix. C'est Kaori. Je regarde mon téléphone, il est 2h du matin.

« Kaori je- »

« Tu dors ici ? T'es là depuis quand ? »

« Depuis deux jours... »

« Suna... rentre chez toi. »

« Je peux pas Kaori. S'il te plaît. Laisse-moi la voir rien qu'une fois, je t'en supplie ! »

Elle vient s'assoir sur la chaise à côté de moi, et elle met sa tête dans ses mains.

« J'en peux plus... je veux qu'elle rentre à la maison, et que tout redevienne comme avant. »

J'hésite un moment, mais je mets mon bras sur son dos, enveloppant ses épaules. Elle doit se sentir terriblement seule, son unique sœur est à l'hôpital, elles ont grandi ensemble.

« Ça va aller... j'en suis sûr. »

« Et comment tu peux en être si sûr ?! Tu sais même pas dans quel état elle est !! »

« J'ai foi en elle. Maintenant dis moi comment elle va s'il te plaît, je meurs sous l'attente. »

« Elle va... pas bien. Suna... elle va vraiment pas bien. »

« Quoi... »

J'enlève mon bras, et recule un peu. J'ai peur de ce qu'elle va me dire. J'ai peur qu'elle me dise que T/p ne s'en sortira pas.

« Pourquoi tu me dis ça ? Y'a quoi ? »

Elle commence à pleurer.

« Elle... elle est dans le coma. Et... elle a la jambe cassée, et... le bras gauche en compote. Ils savent pas quand est-ce qu'elle se réveillera. »

Les larmes me viennent, ma T/p... ma T/p est dans cet état là ?

« Je- je pourrais la voir ? S'il te plaît ? »

« D'accord. Demain t'iras la voir. Mais après, tu rentres chez toi, tu te douches, et tu manges. »

« O-ok... ça va aller d'accord ? »

« Hmm... »

—————
Le lendemain. Jour 3.

Je mets ma main sur la poignée de la porte. J'ai peur de l'ouvrir. Je suis effrayé de voir ce qu'il y a derrière.
J'ouvre.
Je la vois.

Elle est accrochée à des machines, des bandages partout. Un plâtre au bras, un plâtre au genou.
J'ai une boule au ventre, j'ai la tremblote. Un grand garçon comme moi, devant sa plus grande peur. Perdre celle qu'il aime.

Je m'avance vers elle. Je prends sa main dans la mienne. Elle était froide. Le bruit des machines et de sa lourde respiration m'empêchaient de me concentrer sur son visage. Neutre. Sans émotion. Sans rien du tout.

C'est à cause de moi.

« Je te demande pardon. Pardon pour tout. »

Je m'assois près d'elle et lui parle un peu. Je ne sais pas si elle m'entend, si mes paroles l'aideront. Ou peut-être qu'elles m'aideront moi, qu'elle me rassurent, parce que dans un sens, j'ai l'impression qu'elle est réveillée, et qu'elle me parle en retour.

Je reste un moment avec elle, le plus longtemps possible avant que Kaori ne revienne.

Je sors de la chambre et repars en salle d'attente.

« Jeune homme. »

Je relève la tête, je me redresse immédiatement et me mets debout. C'est le père de T/p. Je ne l'avais jamais rencontré avant.

« Monsieur T/n. »

Je lui serre la main, il me fait asseoir et se met à côté de moi.

« Comment tu vas fiston ? »

« Je- je vais bien merci. Et vous ? Je suis désolé qu'on se rencontre dans de telles circonstances. »

« Je tiens le coup. Je le dois pour Kaori. »

« Vous pouvez craquer aussi monsieur, Kaori le comprendra. C'est normal, c'est votre fille qui est là... »

« Oui... Kaori m'a raconté que vous aviez eu quelques soucis avec T/p avant tout ça. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

J'ai tellement honte. J'ai tellement honte de ce que je suis, de l'image que je donne de moi. Son père va me détester.

« J'ai- c'est de ma faute. J'ai été égoïste, je la voulais que pour moi. Je lui interdisais de parler à d'autres garçons, je l'étouffais. Et elle me le reprochait mais je ne faisais rien pour l'apaiser. Je suis désolé monsieur. Je suis désolé d'avoir blessé votre fille. J'ai honte de moi. »

« C'est pas grave mon garçon. Tout le monde fait des erreurs. J'ai moi aussi traversé beaucoup d'épreuves avec la mère de T/p. Mais lorsqu'elle est décédée, j'ai regretté amèrement de ne pas l'avoir plus épaulée, plus aimée. Alors ne fais pas la même erreur que moi. Ressaisis toi, comporte toi en homme, et aime la de tout ton cœur, sans jalousie, sans mauvaises pensées. Juste l'amour. »

« Merci monsieur, merci beaucoup pour vos conseils. J'aime votre fille plus que moi-même. Je ferai tout pour elle. »

« Je sais... mais maintenant, rentre chez toi, repose toi. Nous sommes là pour l'instant. »

« D'accord. Ravi de vous avoir rencontré monsieur. Et merci d'avoir une fille aussi incroyable que T/p. Elle a changé ma vie. »

Il me fait un signe de tête, et je me lève pour rentrer chez moi.

—————

Je branche mon téléphone et découvre les dizaines d'appels manqués et messages que je n'ai pas vus depuis trois jours alors que je tournais en rond à l'hôpital.

J'ai mangé, pris une douche, et j'ai posé ma tête sur mon oreiller, tombant dans un sommeil profond à la seconde même. J'étais épuisé. Mentalement et physiquement.

—————
2 semaines plus tard.

Je vais à l'hôpital. Ça fait deux semaines que j'y vais tous les jours. Je ne dors pas les nuits, et la plupart, je les passe là-bas, sur les chaises en métal des couloirs sombres de l'hôpital.

Je ne suis pas allé au lycée depuis, Atsumu me passe ses cours, il me force à y aller tous les jours, mais je ne peux juste pas.
Je ne peux pas retourner là-bas sans elle. On est censés y être ensemble. Alors j'y retournerai avec elle ou rien.

—————

Suna x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant