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Dans les films, les évènements bouleversants sont toujours filmés au ralenti, avec des plans lents pour que le spectateur comprenne bien l'action. Chaque acte, chaque mouvement et chaque parole est présenté et décrit de manière absolument limpide, pour donner l'impression que le temps s'est ralenti pendant quelques secondes. La réalité n'est pas ainsi, Newt pouvait le confirmer.

Une demi-seconde. Tout s'était passé en une demi-seconde, tout était allé si vite. Personne n'avait rien vu venir, et à présent, Newt se retrouvait à hurler de toutes ses forces contre les portes du labyrinthe, se cassant la voix.

-TOMMY ! TOMMY ! TU M'ENTENDS ??! TOMMY !!

Ce fut Chuck qui lui attrapa le bras et le tira en arrière, un air peiné sur le visage.

-Ils ne t'entendent pas...

Mais Newt ne l'écouta pas et continua d'hurler comme un fou. Il hurlait après Minho, Alby, mais surtout Thomas. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Il connaissait les risques, et il avait été assez stupide pour tout gâcher. Newt avait fini par se laisser tomber contre les portes en pleurant. Chuck lui serra le bras et s'éloigna doucement, devinant que le blond avait besoin de temps seul.

Newt était seul. Totalement et implacablement seul. Alby, son tuteur, parti. Minho, son meilleur ami, parti. Thomas, son Tommy, parti. Il ne restait plus que lui et son mal de crâne à force de pleurer, ainsi que les autres blocards au loin qui le regardaient d'un air désolé.

Newt resta une bonne heure assis dans l'herbe fraîche, en silence, séchant les larmes qui continuaient de couler. Newt enfouit sa tête dans ses genoux et se boucha les oreilles, essayant de couper tous les bruits. Même le bruit des cigales qu'il avait pourtant toujours apprécié lui donnait la migraine.

Après quelques minutes de silence, une main se posa sur son épaule. Newt ne chercha même pas à lever la tête, le simple fait de savoir que ce n'était pas son Tommy le décevait.

-Allez, Newt. Lève toi, tu dois aller dormir.

Newt n'aurait jamais pensé que Gally puisse se soucier de lui. Et pourtant... Le bâtisseur le releva et le prit dans ses bras. Quand il le relâcha, Newt réalisa. Lui aussi venait de perdre des amis, de la famille. Le blond laissa Gally le traîner au lit et s'endormit comme une masse à peine allongé, serrant dans ses bras un tee-shirt que Thomas avait porté et qui était resté étalé au pied du hamac de Newt.

****

Newt ouvrit difficilement les yeux le matin suivant. Il avait rêvé de Tommy et le retour à la réalité fut bien rude. Le soleil n'était même pas encore totalement levé que tous les blocards semblaient être fatigués d'une longue journée. Sans Alby et Minho, plus rien n'était pareil. Newt voyait au loin quelques blocards attendre devant les portes encore fermées. Newt hésita à aller leur dire que c'était vain, qu'ils ne reviendraient pas. Parmi ces blocards se trouvait Chuck, accroupi dans l'herbe occupé à se ronger les ongles. Ses cheveux étaient plus ébouriffés que jamais, et même de loin, Newt pouvait lire les cernes sur son visage.

Newt se leva et marcha vers les portes lui aussi, traînant les pieds à chaque pas. Il s'installa près de Chuck, et posa une main sur son épaule. Aussitôt, le jeune garçon lui sauta dans les bras, le serrant de toutes ses forces, lui coupant la respiration. Newt avait le visage perdu dans les boucles brunes du petit, mais le serra fort en retour. L'enfant versait des larmes, Newt les sentait couler sur son tee-shirt, et jamais le blond ne s'était senti aussi démuni. Là, avec un gosse en pleurs dans les bras, incapable de dire ou faire quoi que ce soit à cause de l'émotion, ou tout simplement parce que lui aussi était trop faible pour réellement affronter les choses.

Un blocard à la droite de Newt lui adressa un sourire triste, puis un regard en direction des portes. Les murs commençaient à se déplacer, le béton se mouvait pour laisser apparaître une fine fente, qui devint un couloir étroit, qui devint une grande allée vide.

Pas d'Alby, pas de Minho, pas de Thomas.

Vide, désert, comme un lieu abandonné.

Newt sentit ses espoirs descendre en flèche et son cœur se serrer dans sa poitrine. Tous les blocards qui l'entouraient le regardèrent tandis qu'il s'effondra au sol, à genoux, essayant de faire passer de l'air dans ses poumons. Chuck vint lui prendre la main - lui broyant presque les doigts au passage - et s'assit à côté de lui.

-Ça va aller. Ça va aller.

Et presque aussitôt après ces paroles, Newt entendit un bruit en direction du labyrinthe. Il releva précipitamment la tête, et sourit.

Minho et Thomas arrivèrent, traînant un Alby inconscient hors du labyrinthe. Newt eut l'impression de voir la scène se dérouler sans qu'il ne soit présent, sans qu'il ne puisse réagir à cause du choc. Ce fut quelqu'un le prenant dans ses bras qui le sortit de sa torpeur. Newt ne réagit pas jusqu'à ce qu'il se rende compte que c'était Thomas. Thomas qui venait de lui faire vivre les heures les plus angoissantes de sa vie. Newt ne réfléchit pas. Il le repoussa brutalement et recula de plusieurs pas.

Les yeux de Thomas lui firent immédiatement regretter son geste. Newt pouvait y lire toute l'incompréhension, la déception, et surtout, la douleur. Sauf qu'il n'était pas le seul à souffrir.

-Ne t'approche pas de moi, fit Newt, la voix tremblante.

Et il s'éloigna, les ongles plantés dans les paumes de ses mains, sous le regard déchiré de Thomas.

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Et oui, du drama !! Parce qu'on aime bien les dramas !!

𝐓𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐝Où les histoires vivent. Découvrez maintenant