𝐓𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐝

-𝟕-

Thomas avait espéré un peu de repos pour les jours suivants sa nuit dans le labyrinthe et sa sortie de l'infirmerie. Ses espoirs furent réduits à néant au moment précis où Minho arriva vers lui en courant alors qu'il se reposait avec Chuck près des hamacs.

-La fille est réveillée. Et elle veut te voir.

Thomas déglutit et se leva difficilement. Et si la fille lui posait des questions sur leur passé ? Et s'il avait raison, et qu'ils se connaissaient bien d'avant ? Ou bien qu'il s'était totalement trompé et qu'elle ne s'appelait pas Teresa, qu'il l'avait confondue ?

-Allez tocard, ta chérie t'attend.

Thomas écarquilla les yeux mais ne répondit rien, et se contenta de marcher vers la grange, priant pour que tout se passe bien. La première chose qu'il vit en arrivant à la grange fut les regards intrusifs des autres blocards. Des curieux, des haineux - surtout venant de Gally - et parfois des effrayés. Thomas ne réalisa pas immédiatement pourquoi.

La fille était allongée dans un lit d'infirmerie, les cheveux en pagaille et les yeux enfoncés. Thomas la trouva jolie, même si elle avait l'air de sortir d'une guerre avec des poulets.

-Salut, dit-il après quelques secondes d'affreux silence, s'asseyant sur le lit. Je suis Thomas.

La fille le regarda avec ses grands yeux bleus comme si elle l'étudiait consciencieusement.

-Je sais.

D'accord, cette fille était flippante. Thomas jeta un regard furtif vers la porte, prévoyant une potentielle fuite. Ils ne dirent rien pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce que Thomas se lève.

-Et bien, je vais y aller alors...

-Attends ! Désolée, je ne sais juste pas comment aborder le sujet. Les médecins disent que j'ai dit ton nom dans mon sommeil. On se connaissait d'avant ?

Thomas hésita longuement avant de lui répondre.

-C'est possible. Tu te souviens de ton nom ?

-Teresa.

Thomas tituba de choc et se rassit en bout de lit.

-D'accord. Et qu'est-ce que tu sais sur cet endroit ? Qu'est-ce que les autres t'ont dit ?

Teresa fronça les sourcils, méfiante.

-Un gars blond avec un nom bizarre est passé me voir quand je me suis réveillée. Il m'a expliqué les bases, mais je ne crois pas qu'il m'aime beaucoup.

-Tu as dû voir Newt. Qu'est-ce qui te fait dire qu'il ne t'aime pas ?

-Je sais pas, il me regardait comme si j'étais une menace, comme si j'étais dangereuse.

Thomas ne lui dit pas que tous les autres blocards étaient dans le même état, mais en pire. Il ne lui dit pas non plus que lui-même commençait à se poser des questions.

-Ça finira par passer.

Teresa ne sembla pas le croire vraiment mais n'insista pas.

-Tu es arrivé quand ?

-Un peu moins d'une semaine, trois ou quatre jours peut-être ? Je ne compte pas vraiment.

Faux. Thomas comptait les jours, les heures, et même parfois les minutes.

-C'est pour ça que Newt était un peu inquiet, tu n'étais pas censée arriver avant un mois. Et surtout, tu n'étais pas censée être une fille...

-Sympa.

Ils continuèrent à discuter pendants quelques temps, et finalement, Thomas se dit qu'elle n'était sûrement pas aussi dangereuse que les autres le pensaient.

****

-Alors, tu as vu la fille ? demanda Newt.

Thomas rouvrit les yeux, la tête toujours posée sur les genoux de Newt qui lui, était adossé contre un arbre.

-Oui. Mais je sais pas quoi en penser. Elle a pas l'air dangereuse, si tu veux mon avis, mais... peut-être que Gally a raison, tu sais, à propos de tout ce qui part en vrille depuis mon arrivée.

-Gally est juste parano, le rassura Newt, lui même incertain de ses paroles.

Thomas admira Newt. Vu d'en bas, il pouvait admirer son nez et ses fossettes, observer le soleil se refléter dans ses mèches blondes. Avec le vent, ses mèches voltigeaient pour parfois venir se coller contre son front, ce qui le faisait froncer des sourcils d'une manière que Thomas trouvait adorable. Newt était lumineux, rayonnant de bonheur, et c'était sans doute une des choses que Thomas aimait le plus chez lui. Il respirait la lumière, le soleil.

-Qu'est-ce que tu regardes ? lui demanda Newt après de longues minutes.

Thomas le maudit inconsciemment pour l'avoir arraché à sa contemplation.

-Tu me gâches la vue sur le ciel, répondit-il en rosissant.

Newt rit, et Thomas réalisa. Une autre chose qu'il adorait chez Newt était son rire. Un rire d'enfant, même s'il devait bien avoir 17 ans. Perdu dans ses pensées, Thomas ne réalisa pas que Newt aussi le regardait, contemplant son visage. Il ne revint à la réalité qu'en sentant les doigts fins de son ami glisser dans ses cheveux, puis jouer avec ses mèches.

-Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il, plus rouge que jamais.

-Tes cheveux gâchent la vue sur l'herbe.

Thomas étouffa un rire tandis que Newt affichait son plus beau sourire, sans pour autant arrêter de jouer avec ses cheveux. Thomas referma les yeux, laissant la fatigue l'emporter.

-On ne devrait pas être en train de travailler ? demanda-t-il tout de même, plus pour la forme qu'autre chose.

-Si. Mais je peux pas bouger, j'ai un éléphant allongé sur moi.

-Arrête, je sais que tu adores ton éléphant.

-Peut-être bien, fit Newt les joues roses, remerciant mentalement Thomas d'avoir les yeux fermés.

Thomas finit par s'endormir sur Newt, bercé par les caresses du blond sur son cuir chevelu. Newt l'observa dormir pendant longtemps, admirant sa beauté et son calme. Thomas n'était jamais détendu en journée, seulement le soir, juste avant de s'endormir, lorsqu'il n'y avait que lui et Newt. Newt se sentit honoré d'être le seul à pouvoir profiter de cette facette du brun.

Et, juste parce qu'il ressemblait à un enfant quand il dormait, Newt se fit la promesse qu'il allait tout mettre en œuvre pour les faire échapper du labyrinthe le plus vite possible et le protéger. Juste parce que Thomas devait avoir à peine 16 ans et qu'il agissait comme s'il en avait 25, parce que cet endroit l'avait obligé à grandir trop vite et à adopter des responsabilités que personne ne devrait avoir. Il y avait longtemps que Newt n'avait pas ressenti une telle envie de s'évader, de sortir de ce trou.

Thomas était sa motivation, sa source d'énergie au quotidien.