Chapitre 1

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J'adore les mariages.
Je ne suis pas certaine d'avoir envie de franchir le cap un jour, et peut-être est-ce parce que je n'ai jamais rencontré la bonne personne, celle avec qui je serai prête à m'engager, mais voir les gens s'aimer me rend heureuse. Je ne crois pas aux contes de fée, je ne suis pas persuadée que tous les mariages durent, ni que ce soit une étape indispensable dans la vie, mais ce moment précis où deux personnes qui partagent les mêmes sentiments se disent « oui » et se promettent un amour éternel m'a toujours émerveillée. Pourquoi se projeter et envisager le pire alors qu'à l'instant T, un couple hurle au monde entier à quel point ils s'aiment et à quel point ils se rendent meilleurs et heureux mutuellement ? Alors oui, c'est un fait incontestable : j'aime les mariages.

Et j'aime aussi ma meilleure amie.
D'un amour inconditionnel et indestructible. À mes yeux, elle compte autant que ma sœur. Personne n'a jamais pu mettre le doigt sur la raison pour laquelle nous sommes devenues amies. Ce fut le coup de foudre, tout simplement, et ce, en dépit du fait que nous n'avons absolument aucun point commun. Elle aime les chats autant que j'aime les chiens. Elle adore les maths autant que j'aime le français. Elle préfère sortir quand je préfère Netflix. Elle est aussi brune que je suis blonde et la liste est encore bien trop longue pour que je la poursuive. Je perdrais moins de temps à énoncer nos points communs qui, sans l'ombre d'un doute, se comptent sur les doigts d'une main - ou peut-être deux si on creuse bien !

Jusqu'à présent, nos différences ne m'ont jamais dérangée, bien au contraire. Nous nous complétons, nos conversations sont toujours rythmées par les débats et chacune prend toujours le temps d'expliquer son point de vue avant d'écouter celui de l'autre. Elle a constamment des idées un peu folles que je n'ai jamais vraiment envie de suivre mais, en tant que meilleure amie, je la laisse toujours m'entraîner avec elle dans ses conneries, plus dans le but de la soutenir ou de la sortir de ses plans tordus, soyons honnêtes. Mais je suis toujours présente et jamais, ô grand jamais, nous n'avons remis en doute les idées de l'une ou de l'autre. Alors lorsque Elisa m'a annoncée l'année dernière que Loïc, son petit ami, l'avait demandé en mariage, j'ai littéralement sauté de joie.

Nous avions décidé de faire un pique-nique, au milieu d'un parc, non loin d'une aire de jeux pour enfants, quand elle m'a appris la nouvelle. Après m'être étouffée avec mon sandwich - j'ai d'ailleurs cru que j'allais y rester - je me suis mise à sautiller autour de la couverture et j'ai entamé une danse de la joie sous le regard amusé des bambins et de leurs parents. J'étais heureuse pour elle, parce que je savais qu'elle attendait la demande de Loïc avec beaucoup d'impatience, et j'étais en train de passer la plus belle journée de l'année : j'allais assister au mariage de ma meilleure amie. C'était la cerise sur le gâteau, à croire que j'avais attendu ce moment toute ma vie ! Sauf que, comme Elisa et moi n'avons rien en commun, je suis vite redescendue de mon petit nuage. Je dirais même mieux : j'ai chuté de mon nuage et je me suis écrasée sur le béton. Parce que si, moi, j'aime l'été, c'était sans compter sur Elisa qui, elle, idolâtre l'hiver. C'est donc tout naturellement qu'elle et son fiancé ont décidé de se marier en plein mois de décembre, le jour de Noël.

Une fois le choc passé, il m'a fallu du temps pour digérer l'information. C'est la pire idée qu'elle ait eue depuis que nous nous connaissons et pour la première fois depuis que nous sommes amies, je ne me suis pas privée de lui faire remarquer à quel point se marier un 25 décembre était juste impensable ! J'ai déballé tous les arguments à ma disposition pour la faire changer d'avis : il fera froid, il y aura peut-être de la neige voire pire, du verglas ! Et puis la nuit tombe tôt, la moitié des invités seront chez eux, en train de passer Noël en famille. En bref, il fallait décaler la date. Parce que moi ? Assister à un mariage en plein hiver ? Mais jamais de la vie ! Quelle horreur !

J'y ai mis toute ma bonne volonté. Je suis même allée jusqu'à la supplier d'annuler, puis je l'ai menacée de ne pas être sa témoin, ce qui l'a beaucoup fait rire, soit dit en passant, mais elle n'a pas cédé. Elle a campé sur ses positions sans prendre en compte ne serait-ce qu'un seul de mes arguments. Sa décision était prise et rien ni personne ne pouvait la faire changer d'avis. Elisa est du genre têtu et ce n'est pas Loïc qui allait la contredire. Elle lui avait déjà dressé la liste de tous les points positifs afin de le convaincre et désormais, il était de son côté. C'était affreux. J'allais assister à l'union de ma meilleure amie et de son fiancé en plein hiver, le jour de Noël. Parce que bien sûr que non, je n'avais pas l'intention de rater ce mariage. Mais quand même !

Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant