Chapitre 15

182 41 22
                                    

Je passe une main dans mes cheveux, épuisée par cette journée interminable, et affiche un sourire poli sur mon visage avant de rejoindre la porte de la salle afin d'accueillir les parents de mon prochain élève.

La semaine dernière est passée trop vite, mais elle était également insupportablement trop longue. Le rythme de mes journées devenait agaçant : métro, boulot, dodo. Les conseils de classe sont enfin terminés mais à présent, je subis les réunions parents-profs.

Hier, après celle des quatrièmes et des troisièmes, je suis rentrée chez moi à vingt-deux heures. Ce soir, j'ai l'impression que je vais dormir ici. J'avais décidé de limiter les échanges avec les parents, d'imposer un quart d'heure par personne, mais je n'ai pas su faire respecter ce temps. Les réunions avec chacun d'entre eux s'éternisent un peu plus à chaque fois et je n'en vois pas le bout.

Heureusement, Elisa et moi nous serrons les coudes. Elle m'aide à tenir le coup jusqu'aux vacances et moi, je la soutiens moralement. Le mariage a lieu la semaine prochaine et les rendez-vous se sont enchaînés ces derniers temps pour les fiancés. Alex nous a assommés de messages pour nous tenir informé de la moindre nouvelle, du moindre changement. C'est la dernière ligne droite et il fait son maximum pour que tout soit prêt.

Nous ne nous sommes pas vus depuis que j'ai passé la nuit chez lui la semaine dernière. Je crois que c'est une bonne chose que nous nous soyons un peu éloignés. Cela m'a permis de ne pas trop me prendre la tête avec cette histoire. Enfin, c'est ainsi que j'aurais aimé que ça se déroule mais en vérité, je n'ai pas cessé de penser à lui. J'aurais préféré passer du temps avec lui. Sa compagnie me manque, ses lèvres aussi, je crois.

Elisa avait raison. Alex me plaît et finalement, je ne serais pas contre l'idée de lui faire un peu de place dans ma vie. J'ai aimé me réveiller dans le même appartement que lui lundi dernier. J'ai aimé le regarder travailler, le voir sourire, l'écouter rire. Peut-être que je devrais lui proposer une nouvelle sortie ou même de passer chez moi, tout simplement. Il faut que je trouve un moment pour penser à moi, à autre chose qu'à mon travail, et plus que tout, il faut que je recharge la batterie de mon téléphone qui est à plat depuis deux jours.

Je retiens un soupir et, à la place, je souris et hoche la tête avec enthousiasme, impatiente de me débarrasser de cette mère bien trop inquiète pour l'avenir de son fils chéri. À croire que ses bonnes notes ne sont pas suffisantes pour elle. Que lui faut-il de plus pour être rassurée ? J'ai même mis une super appréciation, je ne vois pas pourquoi elle est encore devant moi. J'espère qu'elle ne fait pas le même cinéma avec tous mes collègues parce que son fils risque de dormir ici, lui aussi.

– Vous comprenez ? Ce serait vraiment terrible qu'il redouble.
– Je vous assure qu'il n'y a aucune raison pour que cela arrive, la rassuré-je.

Mais rien n'y fait. Elle tourne en boucle sur l'avenir de sa progéniture. J'ai l'impression qu'elle est assise sur cette chaise depuis des heures et je crains qu'elle ne reste là encore longtemps. Il va falloir que je la congédie sans paraître impolie, ce qui ne va pas être une mince affaire. Elle a l'air d'être le genre de femme susceptible. Elle serait capable d'aller se plaindre au proviseur.

Je m'apprête à lui couper la parole lorsque quelqu'un frappe à la porte, déjà ouverte. Nous tournons toutes les deux la tête au même moment et je hausse les sourcils, surprise, en rencontrant le regard d'Alex. Mais qu'est-ce qu'il fait ici ?

– Bonsoir, désolé de vous interrompre mais ce serait bien que Madame laisse sa place à la personne suivante, c'est-à-dire moi, parce que je n'ai pas l'intention de camper dans ce couloir toute la nuit, déclare-t-il, sarcastique.

Si tous les parents derrière lui n'observaient pas cette scène, je lui aurais volontiers sauté dans les bras pour le remercier de son intervention. Grâce à lui, la mère de mon élève quitte enfin la salle de classe, toujours aussi inquiète qu'en arrivant, mais ce n'est plus de mon ressort. Bon débarras.

Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant