Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporels

Chapitre 16

 – Jeremy, c'est devant que ça se passe, râlé-je pour la énième fois.
– Pardon M'dame.

L'air coupable sur le visage de mon élève me fait lever les yeux au ciel. La vérité, c'est qu'il se remettra à discuter avec son voisin de derrière à la seconde où j'aurais le dos tourné.

Tout le monde est impatient d'être enfin en vacances et le marché de Noël qui nous attend met les élèves dans un état d'enthousiasme ingérable. Ils passent plus de temps à parler entre eux qu'à écouter mon cours sur le roman de Maupassant. Et c'est comme ça depuis ce matin, avec toutes les classes, peu importe le niveau.

La sonnerie retentit dans l'établissement et je n'ai même pas le temps de finir ma phrase que tous s'agitent déjà. Je ne cherche pas à les arrêter, je sais que cela ne mènerait à rien. Je m'appuie contre mon bureau, les bras croisés, et j'observe les collégiens ranger leurs affaires. Certains sortent leur bonnet de Noël et l'enfilent, le sourire aux lèvres. Les filles lissent leur jupe ou leur robe, les garçons remettent leur veste de costume et bientôt, la salle se vide.

L'après-midi ne fait que commencer mais les cours, eux, viennent de prendre fin. Les deux dernières heures ont été annulées afin que nous puissions préparer le marché et mettre au point les derniers détails pour le spectacle de ce soir. Tous les élèves qui y participent se sont mis sur leur trente et un et je dois dire que je suis surprise. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient aussi nombreux à jouer le jeu.

J'efface mon tableau, range mes affaires et m'assure que je n'ai rien oublié avant de refermer la porte derrière moi. La prochaine fois que je remettrai les pieds dans l'une de ces pièces, nous aurons changé d'année. Et le mariage d'Elisa et Loïc aura eu lieu.

Mes talons claquent dans les couloirs tandis que j'essaie de me frayer un chemin parmi la foule d'élèves qui quitte le collège. Je fais un détour par la salle de pause afin de me servir un café, puis je rejoins l'endroit où nous avons fait installer une scène. Le spectacle de ce soir sera répété trois fois par les collégiens qui se sont portés volontaires afin qu'un maximum de parents puisse y assister. Chant, danse, magie et humour, tous ont travaillé très dur pour que tout soit parfait aujourd'hui.

– Non, non, non ! À gauche, j'ai dit à gauche !

Je n'ai même pas encore passé la porte que j'entends déjà la voix d'Elisa. Lorsque j'arrive dans la pièce, je me fige et écarquille les yeux. Bordel, qu'est-ce qu'ils font ?

– Gauche Lisa ! La gauche c'est de l'autre côté !

La jeune fille se retourne pour regarder sa prof de maths, elle se prend les pieds dans le rideau rouge qu'elle tentait d'accrocher avec l'aide de ses camarades et elle glisse dessus.

– Oh mon Dieu, chuchoté-je, surprise par le bruit de sa chute.
– Tout va bien ? demande Elisa en se précipitant vers elle.

La jeune fille éclate de rire, à moitié enroulée dans le rideau, et les autres élèves la suivent dans son hilarité. Je suppose qu'elle ne s'est pas fait mal.
Elisa l'aide à se relever, puis récupère le rideau avant de revenir vers moi. Elle me le fourre entre les bras alors que je n'ai même pas encore posé mon sac.

– On a besoin de ton aide, soupire-t-elle.
– Et je peux savoir pourquoi c'est à moi de monter sur cette échelle ?
– Parce que moi, je suis en talons.

Je hausse un sourcil et jette un coup d'œil à sa tenue. Elle porte effectivement des talons noirs, ainsi qu'une jolie robe de la même couleur et dont le buste est recouvert de dentelle. Un adorable serre-tête avec deux petits sapins qui scintillent complète son look de Noël.
Mais son excuse n'est pas valable pour autant.