Chapitre 10

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La sonnerie stridente de mon téléphone me tire de mon sommeil. Je bougonne un moment avant de réaliser que je ne suis pas chez moi et que si mon réveil sonne, c'est qu'aujourd'hui encore, le travail m'appelle.

Je retire le bras d'Alex de ma taille et quitte le canapé, complètement engourdie. J'ai mal partout, comment peut-il passer toutes ses nuits sur ce divan ?
Il émerge de son profond sommeil au moment où je me dirige vers la cuisine.

Après le baiser que nous avons échangé cette nuit, nous sommes allés nous coucher, tous les deux épuisés par la longue soirée que nous venions de passer. C'est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. Je ne sais pas comment je suis censée réagir, ni ce que ce bisou signifiait, mais je suppose que nous finirons par en parler. J'espère qu'il n'entamera pas la discussion ce matin. J'aimerais avoir le temps d'y réfléchir au calme, chez moi, avant de me jeter dans l'inconnu.

J'ai besoin de temps. Et d'un café aussi. Surtout d'un café pour démarrer cette journée comme il se doit.

Je fouille dans les placards et prépare deux mugs. Je reviens dans le salon quand Alex se redresse enfin sur le canapé. Ses cheveux sont ébouriffés, ses yeux chocolat encore à moitié clos et lui, comme moi, portons encore nos vêtements de la veille.

– Salut, souffle-t-il en posant son regard sur moi.
– Salut, je t'ai préparé du café. J'espère que ça te va.
– Je suis le pire des hôtes. C'est moi qui aurais dû préparer ton petit-déjeuner.

Je balaie ses paroles d'un geste de la main. Je me fiche bien de savoir qui de nous deux aurait dû faire à manger pour l'autre. J'étais levée la première, je trouve cela normal de m'en occuper.
Je lui tends une tasse et m'assieds en face, de l'autre côté de la table, sur le tapis blanc.

– Je n'arrive toujours pas à croire que tu aies rangé et décoré l'appartement, chuchote-t-il en observant son salon, les yeux brillants de bonheur.

Je souris et suis son regard. Il fixe le sapin, scintillant, et comme un retour en arrière, je sens à nouveau ses lèvres sur les miennes. Je revois la manière dont il me regardait, la douceur de ses gestes, la chaleur de ce baiser. Mes joues sont sûrement aussi rouges que des tomates. Je plonge le nez dans ma tasse et me demande si, lui aussi, repense à ce qu'il s'est passé la veille.

Je ne sais toujours pas comment nous en sommes arrivés à... ça ? J'étais venue pour l'aider, pas pour l'embrasser. Pourtant, cela s'est fait naturellement, c'était peut-être juste l'euphorie du moment, sa façon à lui de me remercier pour ce que j'avais fait.

Trop de questions se bousculent dans ma tête. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il y a entre nous, de ce que nous partageons. Je ne sais même pas si j'ai envie que notre relation, si je peux nommer cela ainsi, évolue d'une manière ou d'une autre. C'est encore le brouillard et j'ai terriblement besoin d'y voir plus clair.

Je pourrais demander conseil à ma meilleure amie, mais je doute qu'elle me soit d'une très grande aide. Elle risque de sauter de joie en apprenant que nous nous sommes embrassés, puis elle jurera comme un charretier en découvrant que nous n'avons pas été plus loin.

– Il faut que je rentre prendre une douche et me changer avant les cours, annoncé-je en jetant un coup d'œil à l'horloge au-dessus de la cheminée.

Et il faut surtout que j'esquive la conversation qui pointe le bout de son nez.

– Ok...

Sa déception est évidente mais je ne sais pas si elle est engendrée par mon départ précipité ou par le fait que nous ne prenions pas le temps de discuter. En vérité, je ne sais pas ce qu'il attendait de moi ce matin. Aurait-il voulu parler ? Que je reste plus longtemps ? Que nous oubliions ce baiser ? Ou... Ou j'en sais rien. Et je n'ai pas envie de le savoir pour le moment.

Je dépose mon mug dans l'évier, le lave rapidement et le laisse sécher dans l'égouttoir. Sous le regard indéchiffrable d'Alex, je récupère mes chaussures et mon manteau, j'attrape mon sac et me dirige vers la porte. Il me rejoint, le sourire aux lèvres.

– Merci de m'avoir tenu compagnie hier.
– Ce n'est rien, ça m'a fait plaisir aussi.
– Allez, file avant d'être en retard. On se voit samedi !
– Samedi ? Qu'est-ce qu'on fait samedi ?

Il lève les yeux au ciel avant d'éclater de rire. Je n'ose pas imaginer la tête que j'ai dû faire mais... Qu'est-ce qu'on a prévu samedi ? Il faut vraiment que je mette des rappels sur mon téléphone ou que je tienne un planning, je ne retiens pas la moitié de ce que je dois faire. Je vais finir par m'emmêler les pinceaux entre les réunions au collège et les rendez-vous pour le mariage.

– C'est les essayages, reprend-il.
– Ha... J'avais oublié. Je serai là, pas de problème.
– J'espère bien sinon Elisa ira te chercher elle-même, c'est certain, plaisante-t-il.
– Pas faux, sourié-je. Bon allez, j'y vais.

Je me hisse sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur la joue avant de disparaître dans les escaliers. Je remonte ma capuche sur ma tête le temps de m'engouffrer dans ma voiture.

Dehors, il fait encore nuit noire, de la neige fondue tombe du ciel et les routes sont recouvertes d'une très fine couche blanche qui ne devrait pas tarder à disparaître. Je n'ai pas intérêt à rouler trop vite si je souhaite arriver au travail en un seul morceau.

À peine rentrée chez moi, je me glisse sous le jet d'eau brûlante de ma douche et m'accorde quelques minutes pour me détendre et faire le point sur la soirée de la veille.
Je dois être honnête, j'ai passé un bon moment. Travailler en compagnie d'Alex est loin d'être désagréable. Même le silence n'était pas gênant, bien au contraire.

Son appartement chaleureux et accueillant, les délicieuses pizzas, un peu de vin et le tour était joué. La conversation était facile, je me suis tout de suite sentie très à l'aise et pourtant, nous nous connaissons encore à peine. Tout est tellement naturel entre nous que c'en devient étrange. Est-ce qu'il pourrait y avoir plus qu'un simple partenariat pour sauver un mariage entre nous ? Peut-être, mais que se passera-t-il quand l'année se terminera et que nous retournerons chacun à nos occupations ?

Je crois que le plus simple serait de ne pas y songer pour le moment. Je vais laisser les choses se faire naturellement, comme cette nuit, parce que j'ai l'impression que c'est ce qui fonctionne le mieux, finalement.
Pas de pression, juste l'instant présent.

Je veux juste que le mariage d'Elisa et Loïc se déroule comme prévu, que tout aille bien, et la suite... Ce ne sera que du bonus.

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