Chapitre 12

180 41 33
                                    

Je récupère mes affaires et quitte le collège en même temps que mes élèves. Je remonte mon écharpe aussi haut que possible et presse le pas pour me réchauffer.
Je déteste cette période de l'année. Il fait bien trop froid pour les personnes aussi frileuses que moi, c'est insupportable. J'ai encore du mal à comprendre pourquoi Elisa aime tant ce moment, celui où les températures dégringolent à une vitesse fulgurante et où il fait noir à l'heure du goûter.
Heureusement, la ville a été décorée et les nombreuses illuminations dans les rues me mettent un peu de baume au cœur.

Je retrouve ma voiture et me rends au café dans lequel Elisa m'a donné rendez-vous. Lorsque j'arrive, elle est déjà sur place, un paquet de devoirs maisons à corriger devant elle, une tasse de chocolat chaud entre les mains.
Je la rejoins et après une rapide accolade, je m'installe en face de mon amie.

– Prête pour cette séance de correction ? demande-t-elle, loin d'être ravie de passer sa fin de journée ici.
– Pas vraiment mais il le faut bien.

Je commande également une tasse de chocolat chaud et sors les derniers devoirs du trimestre. Elisa et moi avons pris pas mal de retard sur nos corrections à cause des préparatifs du mariage. Nous avons décidé de bloquer notre après-midi ensemble pour travailler. C'est toujours plus motivant d'être deux, dans un endroit chaleureux et autour d'une boisson chaude, que seule dans son appartement.

– Tu as rempli tous les bulletins ?
– Pas encore, soupire-t-elle. Et toi ?
– J'ai presque terminé.
– Il va falloir que je me dépêche, souffle-t-elle en récupérant son stylo rouge.

J'acquiesce d'un mouvement de tête et nous nous mettons au travail.

Durant plus d'une heure, nous corrigeons en silence, n'échangeant que quelques brèves paroles entre deux copies, tout en savourant notre chocolat chaud. De nombreuses personnes défilent dans le café et j'aime cette ambiance. Je préfère définitivement travailler à l'extérieur de mon appartement, avec quelqu'un. La soirée avec Alex et cette session de correction avec Elisa me prouve à quel point je suis plus efficace en compagnie d'une autre personne.

Je relève la tête de mes feuilles quand mon téléphone vibre sur la table. Je suis surprise de découvrir un texto d'Alex, et je souris en le lisant.

* J'ai trouvé ton pull de Noël pour le mariage. J'ai hâte de te voir avec, il te correspond tellement bien ! *

Je réponds rapidement et relève la tête de mon écran. Je croise les yeux bleus de mon amie qui me fixe, un sourcil haussé, intriguée.

– Je peux savoir ce qui t'amuse autant ?

Je lui montre le message d'Alex et un demi-sourire apparaît sur son visage.

– Je vois... Vous avez l'air de bien vous entendre.
– C'est le cas. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que ton mariage ait lieu le 25 décembre.
– Bien sûr... Tu ne vas quand même pas essayer de me faire croire que le temps que vous passez ensemble n'a rien à voir avec votre attirance ?
– On parle de pulls et toi, tu me parles d'attirance ? Ton mariage te monte à la tête, me moqué-je. D'ailleurs, tu as prévenu les invités pour les tenues ?
– Oui, j'ai envoyé des messages à tout le monde.
– Cool ! J'ai déjà hâte de voir ça, m'enthousiasmé-je.

Après ma discussion avec Alex, à la boutique de robe la semaine dernière, j'ai tout de suite parlé à Elisa de mon idée de pulls de Noël. J'ai dû insister un peu, sortir quelques cartes que je gardais dans ma manche, et je l'ai fait plier en quelques minutes à peine.

Depuis, elle a contacté toutes les personnes invitées afin qu'elles viennent avec un pull de Noël après l'échange des alliances à la mairie. Je ne sais pas comment elle a pu céder à une telle demande, mais je suis plutôt fière de moi. Je doute que Loïc soit ravi de ce nouveau changement de programme, il n'a sans doute pas voulu contrarier davantage sa fiancée. Il faut croire que ces préparatifs de dernière minute ne regorgent pas que de points négatifs en ce qui me concerne.
Je pourrais conseiller n'importe quoi à mon amie, elle a tellement peur qu'un nouveau problème ne survienne qu'elle accepterait tout.

– Tu sais que je ne suis pas aveugle ? reprend-elle alors que je m'étais replongée dans mes corrections.
– Ha bon ? Tu m'apprends quelque chose, la taquiné-je.
– Ce n'est pas parce que j'étais obnubilée par le choix de ma robe que je n'ai pas vu ton rapprochement avec Alex.
– Quel rapprochement ?
– Vous étiez complices, presque collés l'un à l'autre dans le fauteuil et vous vous dévoriez du regard tous les deux. Il s'est passé un truc entre vous ?
– Ok, ça va, c'est bon. On s'est embrassés la semaine dernière, avoué-je.
– Je le savais !

Toutes les personnes assises autour de nous se retournent dans notre direction, ce qui ne semble pas déranger Elisa qui les ignore. Je leur adresse un sourire d'excuse, un peu gênée, avant de reporter mon attention sur mon amie qui sourit comme une idiote.

– C'était juste un baiser, pas de quoi s'enflammer. On n'est plus en primaire, hein.
– J'étais sûre qu'il allait se passer quelque chose ! Tu ne pouvais pas rester toute une nuit chez lui juste pour bosser. Raconte-moi tout, je veux les détails. Allez, s'impatiente-t-elle, le regard pétillant de malice.

Je lève les yeux au ciel et commande une nouvelle boisson. J'ai l'impression que nous n'allons pas sortir d'ici rapidement.

Je prends une longue inspiration et me jette à l'eau. Je raconte la soirée de jeudi à mon amie. Je ne passe rien sous silence, parce qu'elle serait capable de se rendre compte qu'il manque des informations. Je lui parle du temps qu'Alex passe à travailler, de l'aide que je lui ai apportée, des pizzas, de la décoration et de tout ce que j'ai fait dans son appartement pendant qu'il dormait. Puis j'évoque comment nous nous sommes finalement embrassés avant de nous endormir.

Elle m'écoute avec beaucoup d'attention, puis elle me pose de nombreuses questions auxquelles je tente de répondre du mieux que je le peux. Je lui raconte enfin la discussion que nous avons eue lorsque j'essayais ma robe pour le mariage.

– Il te kiffe, j'avais raison, déclare Elisa en hochant vigoureusement la tête.
– Je crois qu'il est encore un peu tôt pour le dire.
– Il t'a demandé ce que ce baiser représentait pour toi ! Ça veut dire que pour lui, c'était important !
– Ou qu'il avait peur que je lui passe la bague au doigt dans une semaine alors que lui veut juste s'amuser en attendant de repartir à l'autre bout du monde.
– Eh bien demande-lui, qu'on gagne du temps, s'exaspère-t-elle.
– Non ! Je ne sais même pas ce que moi, je veux. J'ai dit qu'on ne se prenait pas la tête, on verra bien où tout cela nous mènera. Tu vas devoir te montrer patiente, soufflé-je.
– Ce n'est pas mon point fort, marmonne-t-elle en croisant les bras.

Est-ce qu'elle va se mettre à bouder comme les enfants à qui on refuse un jouet ? Il semblerait que oui.

– Je promets de tout te raconter s'il y a une évolution.
– T'as plutôt intérêt ! Tu viens toujours avec nous ce week-end ? On va commencer à acheter la décoration pour la salle.
– Ai-je le choix ?
– Pas vraiment. Fais-moi penser à acheter du gui.
– Du gui ? Pourquoi faire ?

Elle lève les yeux au ciel, comme si la réponse était évidente et que j'étais complètement stupide.

– Pour que tu embrasses Alex en dessous pendant le mariage, voyons ! Il paraît que ça s'apparente à une promesse de mariage, s'enthousiasme-t-elle.
– Tu me fatigues.
– Peut-être, mais tu m'aimes aussi pour ça.

Je ne réponds pas et me replonge dans mes corrections, mais mon sourire lui suffit. Elle a raison, c'est aussi pour cela que j'aime autant ma meilleure amie. Ma vie serait terriblement ennuyeuse sans elle.

– Je dois acheter le pull d'Alex, on pourra passer dans un magasin de vêtements en même temps ?
– Évidemment. Allez, terminons de corriger ces fichues copies et tu viens manger un bout à l'appart. Loïc sera content de te voir.

Nous terminons toutes les deux notre travail, puis nous quittons le café pour rejoindre son appartement. Les journées passent trop vite à mon goût. Demain, nous serons déjà le premier décembre. Elisa a son deuxième rendez-vous avec la fleuriste pour choisir son bouquet.

Dans vingt-cinq jours, ma meilleure amie épousera son fiancé. Je sais que ces prochains jours vont passer à une vitesse folle et que je dois garder le rythme si je veux tenir jusque-là.
Nous entrons dans la dernière ligne droite, les dernières semaines de préparation. C'est aussi les plus longues au collège, avec toutes les réunions et les conseils de classe qui vont commencer à pointer le bout de leur nez. Mais je vais m'accrocher et être là pour mes amis.

Ils sont si près du but et pourtant, encore tellement loin d'être prêts pour le jour J.

🎄🎁🎄

Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant