Chapitre 4

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Il n'aura pas fallu longtemps à Alex pour se manifester. S'il a pris tout son temps pour se décider, à présent, je crois qu'il n'a plus l'intention de traîner. Nous avons déjà rendez-vous en fin d'après-midi pour discuter plus en détails de ce que le couple aimerait et pour mettre en place un planning afin de s'assurer que tout sera prêt le 25 décembre. J'ai d'abord répondu que je ne viendrais pas parce que, de toute évidence, je n'ai pas mon mot à dire sur ce qu'Elisa et Loïc veulent faire. Même s'ils me demandaient de me déguiser en petit lutin du Père Noël pour offrir des chocolats aux convives, je le ferais. Mais Alex a insisté. Apparemment, le planning me concerne aussi et ma présence est requise. Dommage.

Par chance, Elisa terminait à quinze heures aujourd'hui et Loïc a pu se faire remplacer, ce qui n'est pas mon cas. Tout le monde doit déjà m'attendre dans un salon de thé non loin du collège. En bonne amie, je décide de faire sortir ma classe quelques minutes avant la sonnerie afin de ne pas être trop en retard mais ma bonne étoile a dû me lâcher parce qu'une élève me rejoint près du bureau pour discuter du roman que mes troisièmes doivent lire pour la suite de notre programme : La Parure de Maupassant.

- Est-ce que vous avez une minute ? J'ai quelques questions sur le livre
- Bien sûr Léane. Je t'écoute.

Une minute. Elle avait dit une minute. Et lorsqu'elle quitte la salle, le sourire aux lèvres et ravie d'avoir pu discuter des passages qu'elle avait fluotés dans son bouquin, vingt minutes se sont écoulées. Je suis presque autant en retard qu'Alex la semaine dernière !

Mais tant pis, ils ont sûrement commencé à évoquer les sujets pour lesquels ma présence n'était pas indispensable. Je n'allais tout de même pas presser mon élève et lui dire que je devais partir. Ceux qui restent à la fin de l'heure pour échanger sur un roman sont bien trop rares pour que je les envoie paître et j'adore ces moments que nous ne pouvons pas toujours avoir en classe entière.

Lorsque je sors du collège, il fait noir dehors. La lune pointe déjà le bout de son nez alors que la soirée ne fait que commencer. Je déteste l'hiver, en partie à cause du froid, mais surtout pour cette raison : il fait nuit quand je pars travailler, je passe la journée enfermée dans un bâtiment et je ressors dans le noir. Je ne vois pas la lumière naturelle et c'est fatiguant à la longue.

Je soupire, peu enthousiaste à l'idée de passer ma soirée à faire un planning - que je ne saurai pas tenir - et prends la direction du salon de thé situé à quelques rues d'ici. Je récupérerai ma voiture sur le parking pour repartir.

Sur le trajet, je presse le pas afin de ne pas avoir trop froid et de ne pas arriver plus en retard que je ne le suis déjà. Les talons de mes bottes claquent contre le bitume et j'ai tout le temps nécessaire pour penser à ce que j'aurais pu faire de ma soirée si je n'avais pas été convié à ce rendez-vous improvisé. À commencer par me prélasser sous un plaid, devant une série, ou prendre un bain bien chaud.

Je pousse la porte du salon et la clochette accrochée au-dessus tinte, annonçant mon arrivée. Je salue poliment le personnel avant de me diriger vers la table de mes amis. Je m'arrête à mi-chemin en découvrant le désordre qui les entoure. Je prends une longue inspiration avant de m'avancer vers eux, pas certaine d'être prête à affronter l'organisation d'Alex - ou plutôt sa non-organisation.

Des dizaines de feuilles griffonnées d'encre sont étalées sur la table, certaines sont même tombées au sol et le couple semble très concentrés sur ce que raconte Alex qui agite son stylo au rythme de ses paroles, à tel point qu'ils ne remarquent même pas ma présence.

- Faites comme si je n'étais pas là, soufflé-je en retirant mon manteau.
- Tu as eu un problème au collège ? Tu ne sors jamais aussi tard.
- J'ai été retenue par une élève, elle voulait discuter d'un roman.

Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant