Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporels

Chapitre 2

Ma journée a été beaucoup plus calme que celle de la veille, bien moins mouvementée en tout cas, mais cela n'a pas dû être le cas de celle d'Elisa. Elle n'est pas passée une seule fois par la salle des profs pendant les pauses et je ne l'ai même pas croisée au déjeuner. Je suis persuadée qu'elle est morte de trouille à l'idée que l'ami de Loïc ne leur vienne pas en aide. Je ne sais pas ce qu'ils feront dans ce cas, il semble être leur dernière chance de, peut-être, maintenir le mariage. Les invitations ont été envoyées il y a plusieurs semaines déjà, ce serait un véritable enfer de tout annuler et de retrouver une autre date. Une nouvelle épreuve que mon amie n'est assurément pas prête à surmonter. Le stress des derniers mois a déjà failli avoir raison d'elle, repartir au point de départ va l'anéantir.

Je range les copies que j'ai corrigées dans ma pochette et rassemble les autres sur le coin de mon bureau. Il faut que je termine mes corrections avant demain, j'espère que ce rendez-vous ne s'éternisera pas sinon, ma nuit s'annonce bien plus longue que prévu.

J'enfile mes chaussures et mon manteau, éteins toutes les lumières et quitte l'immeuble. Je suis tentée de me rendre au bar à pieds, situé à quelques rues à peine de chez moi, mais le vent glacial m'en dissuade et je retrouve le confort de ma voiture.

Arrivée au point de rendez-vous, je me faufile entre les tables installées dans la partie droite du bar et cherche mes amis. Il ne me faut que quelques secondes pour repérer mon couple préféré qui patiente déjà. Au moins, ils ne risquent pas d'être en retard !

Heureuse de m'accorder une pause dans mon travail, je prends place à côté d'Elisa et entame joyeusement la conversation.

– Salut ! Vous avez passé une bonne journée ?
– Ça va, souffle Loïc.

Je hausse un sourcil, surprise par son manque d'entrain flagrant et le silence de sa fiancée, et relève la tête de mon sac que je dépose à mes pieds. Un mince sourire étire les lèvres du jeune homme et Elisa, elle, tire une tête d'enterrement. Je ne pensais pas cela possible mais ils viennent de me ruiner le moral sans même bouger le petit doigt. Deux mots et ma bonne humeur s'est dissipée.

– Wow, quelle ambiance ! Sur une échelle de un à dix, vous avez l'air angoissé à quinze. Je sens qu'on va passer une bonne soirée ! ironisé-je.
– Désolé, on est un peu inquiet.
– Je sais mais ton pote n'est pas un dieu du mariage, à moins qu'on ne m'ait pas prévenu de la venue soudaine des divinités dans le monde des mortels. Ça ne sert à rien de vous faire un sang d'encre. S'il ne peut pas vous aider, on se débrouillera, assuré-je.

Je serre la main d'Elisa dans la mienne et lui offre un sourire que j'espère rassurant. Ce mec a carrément intérêt à être un dieu du mariage, ou au moins un demi-dieu, parce qu'en réalité, je n'ai absolument aucune idée de ce que nous pourrons faire pour les sortir de ce pétrin sans décaler la date. J'ai déjà du mal à suivre mes plannings de cours, comment pourrais-je aider qui que ce soit à organiser un mariage en si peu de temps ?
Ce n'est pas la peine de compter sur moi pour sauver ce qu'il reste des préparatifs. Mais autant garder cette information pour moi pour le moment. Mes amis sont déjà au fond du gouffre, je ne vais pas en rajouter une couche en leur avouant que la personne que nous attendons est réellement leur dernier espoir.

La tension est palpable autour de la table et rien ne semble apaiser le couple alors je décide de commander à boire en attendant le wedding planner. L'heure du rendez-vous arrive sans qu'il ne pointe le bout de son nez. Je raconte ma journée, je parle de mes parents qui ont décidé de repeindre la façade en plein mois de novembre et je conte même quelques anecdotes sur mes élèves pour distraire Elisa et Loïc. J'arrive à leur décrocher quelques sourires mais aucun ne daigne parler et je commence à perdre patience. Je suis à court de sujet de conversation et toujours pas d'organisateur de mariage en vue.