Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporels

Chapitre 24

Je récupère le petit sac à mes pieds et le fais passer par-dessus la table afin de l'offrir à Elisa. Elle l'attrape, les sourcils froncés avant de jeter un coup d'œil à l'intérieur.

– Un cadeau ? En quel honneur ?
– Pour aucune raison particulière. Je faisais les magasins hier et je suis tombée là-dessus, c'était beaucoup trop mignon pour que je le laisse dans le rayon.

Elle sort le lapin en peluche de couleur crème que j'ai acheté la veille et le tend devant elle afin de l'observer. Impossible de rater l'étincelle qui brille dans ses yeux à ce moment-là.

– Oooh ! Il est absolument adorable !
– C'est ce que je me suis dit aussi ! sourié-je en trempant une frite dans la sauce.

Elle pose sa main sur son ventre arrondi sans quitter des yeux la peluche qu'elle tient toujours entre les mains.

Il y a presque un an jour pour jour, Elisa et Loïc unissaient leur vie. Aujourd'hui, ils filent le parfait amour et attendent leur premier enfant. Ma meilleure amie enceinte est encore plus belle et rayonnante que le jour de son mariage et je ne pensais pas cela possible.

– Tu manques beaucoup aux élèves, lui confié-je.
– Ils me manquent aussi mais je dois bien admettre que ce congé maternité est une bénédiction. Je serais incapable de gérer des classes de trente gosses agités en ce moment.
– Tu m'étonnes ! Vous devez avoir hâte que ce bébé pointe le bout de son nez.
– Loïc ne parle plus que de ça, rit-elle. Je crois qu'il est impatient de devenir père alors que moi, j'ai encore du mal à réaliser que nous allons être parents.
– Ma meilleure amie va devenir maman... C'est fou, soufflé-je.
– Je sais, sourit-elle.

Sa grossesse reste notre sujet de discussion principal durant une bonne partie de notre déjeuner.
J'ai été la première à apprendre qu'Elisa était enceinte. Nous étions ensemble, chez elle, lorsqu'elle m'a confié avoir des doutes. Nous sommes rapidement allées chercher un test de grossesse et je suis restée à ses côtés jusqu'à ce qu'il nous donne une réponse. J'ai été aussi heureuse qu'elle et nous avons eu beaucoup de mal à tenir notre langue quand Loïc est rentré du travail. Elisa voulait d'abord faire une prise de sang afin de s'assurer que son test n'était pas un faux positif et moi, je n'avais qu'une seule envie, la prendre dans mes bras tant j'étais contente pour elle.

Depuis, ils sont sur un petit nuage. La grossesse de mon amie se déroule merveilleusement bien, la chambre de leur progéniture est prête à accueillir le nouvel arrivant et moi, je suis la copine insupportable qui pose trop de questions et qui offre des dizaines de cadeaux à un bébé qui n'est même pas encore né. Et comme pour me mettre à l'épreuve, le couple a refusé de connaître le sexe du bébé avant le jour de l'accouchement et honnêtement, je n'ai pas la même patience que mes amis. Ils n'ont même pas voulu partager leurs idées de prénom avec moi ! Je sais qu'ils ont fait leur choix, qu'ils ont choisi un prénom mixte mais je ne saurai rien avant sa naissance. C'est injuste.

Tandis que notre déjeuner touche à sa fin, la discussion dérive sur Alex et moi. Aux yeux de tout le monde, notre relation ne semble pas avoir évolué depuis l'année dernière, pourtant, moi, j'ai l'impression que nous avons parcouru beaucoup de chemin tous les deux.

Nous avons mis du temps à trouver un équilibre, mais nous ne nous sommes pas précipités, bien au contraire. Au cours des derniers mois, nous avons multiplié les allers-retours entre son appartement et le mien. Ce n'était pas toujours évident mais nous avions pris le rythme et cela nous convenait parfaitement. J'aimais l'idée d'avoir encore un chez-moi, un endroit où m'installer pour travailler et recevoir mes amis et ma famille.
On dit souvent qu'il ne faut pas mélanger vie professionnelle et vie personnelle. Moi, j'avais du mal à mélanger ma relation avec Alex avec... le reste ? C'était comme si je voulais protéger du monde extérieur ce que nous étions en train de construire, seuls dans notre coin.