Chapitre 3

202 44 22
                                    

Une semaine s'est déjà écoulée et le mariage en est toujours au même stade, c'est-à-dire au point mort. Le wedding planner d'Elisa n'a pas donné signe de vie et je commence à me demander s'il n'a pas sauté dans le premier avion qui passait pour se tirer loin d'ici.

Je dois bien reconnaître que je lui ai un peu forcé la main alors qu'en réalité, j'ai conscience que préparer tout un mariage en un mois, c'est du délire. Mais je déteste cet air triste sur le visage de mon amie et je me sens impuissante. Elle n'a pas esquissé le moindre sourire ces derniers jours. Il est évident qu'elle a perdu espoir – et commence d'ailleurs à envisager de prévenir les invités que tout est annulé – et son humeur massacrante se fait également ressentir en cours.

Je le sais parce que je suis le genre de professeure qui discute beaucoup avec ses élèves et selon leurs dires, les cours de mathématiques d'Elisa sont devenus chaotiques. Elle est souvent perdue dans ses pensées et ne cherche plus à comprendre lorsqu'il y a un problème dans la classe. Bon nombre de collégiens se sont pris des mots dans leur carnet ou se sont vus renvoyés du cours alors que d'habitude, Elisa se montre toujours aussi clémente que possible. Elle ne fait pas partie des ceux qui sanctionnent les élèves à tour de bras, bien au contraire. Mais cela a changé.

Bref, ma meilleure amie et collègue est arrivée au bout de ses forces. Nous avons encore de longues semaines à tenir avant d'être en vacances et tout semble s'écrouler autour d'elle. Il est évident que si je ne trouve pas de solutions pour lui remonter le moral, cette année ne se terminera pas bien.

Ce lundi matin, j'arrive d'un pas décidé au collège, du chocolat chaud dans un thermos et des muffins à la main pour lui offrir un peu de réconfort et de courage afin d'affronter cette nouvelle semaine. J'ai soigneusement préparé ce que j'allais lui dire. Mon discours est prêt et si bien ficelé qu'elle sera convaincue que si le mariage est reporté, ce n'est pas un drame. Je l'ai même écrit et répété pour être sûre de ne pas dire un mot de travers et il est presque aussi bien organisé qu'une dissertation.

Je remonte mon écharpe sur mon nez avant de quitter la voiture et, mes muffins au chocolat à la main, je rejoins les grilles du collège. Les élèves attendent patiemment que les surveillants viennent leur ouvrir. Il fait un froid de canard, ils pourraient les faire entrer un peu plus tôt mais... ce n'est pas moi qui décide alors je me contente de saluer ceux que je croise sur mon chemin.

Je me sers de ma carte pour entrer et m'empresse de rejoindre la salle de classe d'Elisa. En général, elle arrive toujours en avance afin d'avoir le temps de préparer ses cours de la journée ce que moi, je ne fais jamais. La liste de nos points communs ne s'allongera probablement jamais !

Je m'apprête à frapper à la porte mais je m'arrête, le poing en l'air, et tends l'oreille. Des voix s'échappent de la pièce. Mon amie est visiblement occupée et j'hésite à l'interrompre, je pourrais repasser à la pause du matin.

Je fais demi-tour et m'apprête à monter les escaliers lorsque je reconnais la voix de la personne avec qui elle discute. Il n'a pas sauté dans le premier avion ! Sans prendre la peine de frapper, je pousse la porte avec empressement. J'ai besoin de m'assurer qu'il est bien là, que je n'ai pas rêvé.

Mon interruption soudaine engendre un long silence durant lequel Alex et Elisa me dévisagent, surpris. Je les fixe chacun leur tour, soulagée de les voir dans la même pièce, mais un peu inquiète à l'idée que le jeune homme ne soit pas venu pour annoncer une bonne nouvelle.
Mon amie est la première à réagir et elle me sourit de toutes ses dents.

– Salut, souffle-t-elle. Il y a un problème ?
– Non, pourquoi il y en aurait un ? demandé-je, perplexe.
– Parce qu'on ne se croise jamais avant dix-heures, d'habitude.

Mariage de Noël ; Partenaires (in)temporelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant