Chapitre 9 : Aime moi

59 12 9
                                    


J'ai passé la journée dans la chambre. Tantôt je regardais la télé et tantôt je jouais sur mon téléphone. Bref, la belle vie quoi. Je suis seul dans une chambre luxueuse avec possibilité de contacter n'importe qui pour avoir n'importe quoi ( J'ai hésité à appeler le room service pour qu'il m'apporte un clope mais bon... à part m'attirer des ennuis, je ne recevrai rien).

Je sais ce que vous penser en ce moment même. Vous vous demandez pourquoi je ne porte pas plainte contre cet enfoiré de prof. Eh bien, cessons le roi du silence (vous avez gagné de toute façon), je vais vous répondre en deux axes. Tout d'abord, vous vous en doutez, c'est humiliant. Je me suis fait piégé par un vieillard aussi ridiculement qu'un enfant serait attiré dans une camionnette avec une sucette.

Ensuite, il n'y a aucune preuve solide contre lui. Je sais exactement les questions qu'ils me poseraient et je sais pertinemment que je ne pourrais y répondre que par la négative. «Avez vous des traces de la drogue qu'il vous a faite prendre ?» «Pourquoi ne pas avoir résisté ?» «Vous a-t-il menacé avec une arme ?» «Vous a-t-il frappé ?» «Vous a-t-il violé ?». Et ça, c'est si j'ai de la chance. Parfois, ils essaient de vous faire vous sentir coupable ou de retourner la situation pour que vous le soyez vraiment. Pour mon cas, ils me demanderaient certainement pourquoi je fume à mon âge.

J'imagine que vous comprenez mieux pourquoi j'essaie de ne pas y penser : il n'y a pas de justice pour les cas comme moi. Alors s'il vous plaît, est-ce que je pourrais essayer de passer à autre chose sans que vous ne me traitiez d'insensible ? Tournons la page et pensons à l'homme le plus beau de l'univers.

Il est déjà presque 18 heure et Haeli n'est toujours pas rentré. Habituellement, nos sorties se terminent dans les alentours de vingt heure mais aujourd'hui, comme c'est le dernier jour et qu'il faut rassembler nos affaires pour le lendemain, elle est raccourcie à seize. Donc... que fait ma poupée en dehors de sa chambre depuis deux heures ?!

Pour une raison ou pour une autre, je prends peur. J'enfile un gilet par-dessus mon t-shirt et mets rapidement mes chaussures avant de me précipiter vers la sortie. Je longe les couloirs en marchant rapidement, le cherchant des yeux, puis descends au rez-de-chaussée et au restaurant, en vain. Et si... Non ! N'y pense pas, Shun. Mais tout de même. Ne me dites pas que... que cet enfoiré l'a emmené dans sa chambre !

Il faut que j'y aille. Je sais, mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas. Mes jambes refusent de répondre. J'ai peur. Cet endroit... me fait peur. Bordel ! Shun ! Reprends toi ! Haeli est peut-être en danger ! Contrairement à toi, lui n'a pas assez de force pour repousser un adulte et s'enfuir sous l'effet de la drogue. Tu dois l'aider. De quoi as-tu peur ?! Tu es au maximum de tes capacités en ce moment même et...

– Dojin ! l'interpelé-je, le voyant passer devant.

Il s'arrête, irrité et pose les yeux sur moi.

– Qu'est-ce que tu veux encore ?!

Je déteste parler avec cet enfoiré mais il faut bien que je le fasse.

– Tu sais où est Song Haeli ?

– Pourquoi ?

Tss... réponds juste à ma question.

– Il faut qu'on range la chambre et il n'est toujours pas rentré.

– La dernière fois que je l'ai vu, il était dans l'arrière cour.

Ah oui... j'ai oublié cet endroit.

– D'accord, merci, Pablo !

Après l'avoir salué, je marche vers l'endroit indiqué et y pénétre.

– Haeli... ?

Adossé contre le mur, il pleure silencieusement en essuyant désespérément ses joues.

BUNCH OF LIARSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant