Le Cosy

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Je retire mon cuir et m'installe sur la chaise en face d'elle, toujours éblouit par son regard, je n'arrive pas à décrocher mes pupilles des siennes.

Gênée, elle baisse ses yeux amande habillés d'une ligne noire sur le petit livre qu'elle tient toujours dans la main. Elle le referme aussitôt en passant un doigt sur la couverture doré, comme s'il s'agissait du bien le plus précieux qu'elle possède. Je ne distingue pas la moindre écriture ni le moindre titre, juste une couverture vieillie et dorée avec quelques reliefs. Puis elle le glisse doucement avec beaucoup de précaution dans son grand sac marron.

– Bonsoir Amalia, désolé je suis à la bourre ! Est-ce que tu es là depuis longtemps ?

– Non, j'avais quelques trucs à faire en ville. Je viens d'arriver.

– Je ne suis pas du genre ponctuel, j'avais peur que tu te sauves avant que j'arrive.

– Et bien non tu vois, je suis là ! répond-elle d'un air amusé.

Le serveur s'approche de nous et j'ai l'impression qu'il est déçu de constater que la jeune femme n'est plus seule. Je le comprends, je suis certain qu'il n'est pas le seul à avoir mâté la belle brune pendant mon absence, peut être même qu'il avait prévu de l'aborder. Cette pensée me gonfle et lorsqu'il se penche bien trop près d'elle pour débarrasser sa tasse vide en s'attardant bien plus que nécessaire, je sens que je me crispe grave. Amalia lui offre alors un petit sourire timide. Et putain, j'ai envie d'être la seule raison de l'apparition de sa fossette.
Bordel, je deviens dingue.

Nous commandons chacun une bière et le serveur finit enfin par se tirer.

Amalia se tortille sur sa chaise, ses doigts dansent sur la table, elle n'a pas l'air beaucoup plus à l'aise que moi. Je sens qu'il faut que je me bouge si je n'ai pas envie qu'elle me prenne pour un gros lourd et qu'elle se fasse chier.

Aller lance-toi gros, elle va pas te bouffer.

Je me racle la gorge et prends une position plus confortable sur ma chaise :

– Tu connais ce bar ?

– Non, c'est la première fois que j'y viens. Avant que je ne quitte la région, il me semble que c'était un magasin d'appareil photo.

– Oh tu n'habites pas dans le coin ?
Je pue la déception à des kilomètres.

– En fait, je suis partie pendant cinq ans, mais je suis de retour depuis un mois.

– Ah oui et tu étais où?

Une ombre passe dans ses yeux et ses dents viennent mordre sa lèvre inférieure, une nuance blanche habille cette dernière lorsqu'elle la relâche. Et je m'imagine moi aussi y planter mes crocs. C'est le moment que le super relou, choisit pour nous apporter nos boissons. Je ne pensais pas être content de le revoir celui-ci, mais il faut avouer qu'il met fin à ce qui pourrait être un moment gênant... j'ai l'impression d'avoir posé une question de merde.

Amalia le remercie, saisit sa bière et la porte directement à ses lèvres dès qu'il a tourné les talons. Mais elle finit par reprendre :

– J'étais dans le sud, mais c'est du passé, je n'ai pas vraiment envie d'en parler.

– Oh... je suis désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

– Il n'y a pas de souci, tu ne pouvais pas deviner.

Elle me sourit pour me rassurer et une fois de plus je constate à quel point sa fossette, ses yeux de chats et son visage fin me foudroient. Je n'ai encore jamais connu une attirance pareille pour une nana et cette sensation me fait flipper. Je ne la connais pas mais, je sais déjà que cette rencontre est importante et que je ne dois pas foirer. Je la bouffe littéralement des yeux lorsqu'elle reprend :

Mon AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant