L'ensorceleuse

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Je me place à côté d'Amalia devant la porte vitrée ou j'aperçois une feuille blanche scotchée à la va vite. Je plisse les yeux pour déchiffrer l'écriture grossière :

Absent, revenez plus tard !

Le moins qu'on puisse dire c'est que l'endroit n'est pas accueillant.
Si c'est une boutique, c'est franchement étrange, elle ne dispose d'aucune visibilité sur la rue, pas non plus d'enseigne et l'entretiens des lieux laisse clairement à désirer.

Je suis dubitatif devant le papier qui semble presque nous engueuler, lorsque la jeune femme à côté de moi sort une clé de sa poche.

Elle inspire profondément et glisse la clé dans la serrure. Je la regarde faire sans trop savoir ce qui se passe réellement... mais où est-ce qu'elle me traine, bordel ?

La porte s'ouvre et le visage de mon bijou s'illumine, elle avance de quelques pas et prend encore une grande bouffée d'oxygène.

Je la suis et pénètre dans une immense pièce où règne un bordel sans nom.

Amalia appuie sur un interrupteur et une légère lumière jaune s'allume. Un peu comme ces lumières dans les films d'horreur, qui pendouille en se balançant et qui n'éclairent pas franchement.

Je balaie la pièce du regard, complètement sidéré. Je ne sais pas comment décrire les lieux. On se croirait dans un grenier où peut-être une caverne d'Ali Baba pour amoureux de la musique.

Il y a aux murs des dizaines et des dizaines d'affiches de concerts, de festivals, des billets de spectacles, on distingue à peine la vieille tapisserie jaunie aux motifs géométriques marron.
Je repère Queen, les Doors, Led Zeppelin, Depp Purple et tant d'autres... je ne sais plus où donner de la tête.

Au milieu de la pièce, il y a un nombre de bacs impressionnant remplis de milliers de Vinyles, c'est hallucinant. L'atmosphère est vieillotte et poussiéreuse, mais étrangement ça n'est pas désagréable... Je me sens comme un gamin lâché dans un magasin de jouets.

Dans un coin, appuyée contre une étagère, la brune m'observe, sa jolie fossette habillant son visage.

- Viens par-là, si tu veux bien.

Je la rejoins et nous traversons le reste de la pièce. C'est dingue, démesuré, on ne s'attend clairement pas à cela de l'extérieur.
J'avance en slalomant entre les bacs à Vinyles et les piles de magazines jaunis traînant par-ci par-là.

Amalia s'arrête au fond du magasin, elle retire son long manteau qu'elle dépose sur un vieux rocking chair, je la regarde faire. Elle est si belle, si sensuel sans même le savoir.

La brune attrape deux énormes coussins en velours qu'elle dépose au sol.

- Viens, je ne vais pas te manger !

Si seulement....

Je m'approche d'elle et m'installe sur le canapé de fortune qu'elle vient de nous concocter. Un petit rire s'échappe de sa bouche lorsqu'un nuage de poussière s'envole du coussin. Amalia, bat l'air de la main pour dissiper les paillettes autour de nous.

- J'aime cela !

- Quoi ? La poussière ? dit-elle, étirant tout grand ses yeux de chats.

- Non, que tu sois une nana qui n'ait pas peur de s'asseoir dans la poussière !

La jeune femme sourit en fouillant dans son sac. Après quelques mouvements vains, elle en sort fièrement une fiole en métal. Elle la dévisse lentement et me la tend.

- C'est quoi ?

- Du whisky.

- Ah, désolé, mais je ne le bois qu'avec du coca.

Mon AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant