Le dragon

72 14 79
                                    

Le temps semble incroyablement long, plus personne ne parle dans la pièce, on pourrait entendre une mouche voler, mais même ces dernières semblent fuir l'atmosphère pesante de la boutique.

Le proprio ne lâche pas Amalia du regard, Amalia ne quitte pas le sol des yeux et moi je suis planté là à les observer comme un couillon. Je me sens en trop dans le scénario de ce mauvais polar.

Pour mettre fin à ce moment plutôt désagréable, je m'approche d'eux en m'éclaircissant la gorge.

– Bonsoir, moi, c'est Axel. Sympa votre boutique !

Le type relève le nez et me regarde d'un air dur, ses sourcils épais tellement froncés qu'ils rentrent presque en collision. Je reçois une espèce de grognement en guise de réponse.

OK, ça aurait pu être pire, j'imagine.

Amalia sors enfin de son mutisme, elle s'approche de moi et saisit ma main, c'est alors que je sens les tremblements de son corps résonner contre moi.

– Écoute, c'était... bien de te revoir André. Je reviendrai bientôt.

Amalia est mal à l'aise, elle danse d'un pied à l'autre, le regard dans le vide. J'aimerais pouvoir la rassurer, l'apaiser, mais comme je ne comprends pas ce qui se passe, la seule chose qui me vient à l'esprit est de serrer sa petite main dans la mienne et de caresser ses doigts fins pour lui montrer que je suis là.

– Tu as intérêt gamine, on doit avoir une conversation tous les deux.

Le ton du type est sec, mais je vois tout l'amour qu'il porte à ma brune lorsque ses yeux se posent sur elle. Il est fâché, c'est clair, mais il semble soulagé de voir la jeune femme en vie.

Sans me lâcher la main, Amalia se dirige vers un bac, attrape un Vinyle et dépose un billet sur le comptoir.

Puis, nous nous dirigeons vers la sortie du magasin sous le regard de l'homme.

– À bientôt André ! dit doucement la jeune femme.

– À bientôt gamine !

– Au revoir monsieur.

– Mmmhhh.

Sérieux, encore un grognement ?! C'est quoi son problème ?

– Amalia ! résonne la voix grave du vieux rockeur. Fais-moi plaisir et manges bordel, on croirait que tu vas te briser !

En guise de réponse Amalia hoche simplement de la tête et m'entraîne l'extérieur.

Nous marchons d'un pas rapide, je la suis silencieusement à travers les ruelles, attendant qu'elle ouvre le dialogue.

Et c'est ce qu'elle fait lorsqu'elle doit considérer que nous sommes assez loin de « son endroit ».

– Désolée... désolée pour tout ça, dit-elle d'une petite voix coupable.

– Tu n'as pas à l'être, mais...

– Mais ?

– Mais, j'aimerais comprendre. Qu-est-ce qu'il vient de se passer ? Qu-est-ce qu'il voulait dire ?

Et là, je sens que j'aurais mieux fait de la fermer. Amalia me lance un regard plus noir que les ténèbres, je recule de deux pas.

Merde, merde, merde, la suite ne va pas me plaire c'est certain.

– Laisse tomber, ok ! Tout ça, c'était vraiment une très mauvaise idée ! dit-elle en nous balayant nous et l'espace qui nous entoure de la main.

– Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

Mon AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant