Prologue

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~Hortense~

Cinq années ont passées depuis que Froy m'a abandonnée. Je m'étais réveillée dans mon lit, avec aucun souvenir de ce qu'il s'était passé. Mon père était assis sur une chaise à côté de mon lit et Lincoln sur le bord de mon lit. Ils avaient une mine inquiète. Ils attendaient mon réveil. Ils m'ont vu et se sont tout de suite sentit soulagés. J'étais encore dans une sorte de brume, comme noyée dans un immense brouillard. J'avais mal à la tête et étais super fatiguée. Les jours passèrent et les souvenirs revenaient. Tout devenait de plus en plus clair. Les longues matinées passées à m'entraîner au combat, les après-midis à apprendre à utiliser une arme à feu, les soirées à discuter avec Froy, et les nuits à penser à ma famille. Mais une seule chose restait encore flou. Un souvenir que je n'arrivais pas à visualiser pleinement, comme un vieux rêve qui s'efface tout doucement. Des paroles que Froy m'aurait dîtes avant de dormir, ou alors c'était simplement mon esprit qui divaguait déjà. Les semaines passèrent et quand tout était revenu - le bâtiment en feu, Alvin - mon père prit la décision de nous envoyer à l'étranger mon frère et moi. Froy lui avait laissé des instructions très précises sur ce que devait faire mon père pour me protéger des représailles de la mort d'Alvin. Personne n'était au courant de la réelle identité du meurtrier, excepté ma mère et Froy. Les journaux télévisés ainsi que les autorités avaient directement accusés Froy dû à leur passé houleux mais aussi car celui-ci s'était dénoncé en laissant sa signature sur le corps inerte d'Alvin. Mon père n'appréciait pas que, même partit, Froy avait un contrôle sur le reste de ma vie, car à tout moment, il pouvait se résigner et révéler notre secret (mais ça mon père ne le savait pas, il pensait simplement que je ferais les frais des guerres entre gangs). Mais il était forcé d'admettre que c'était la meilleure des solutions. Alors, après trois mois à errer dans la maison, mon père prit les faux passeports que Froy nous avaient conçus, des billets d'avions, fait nos valises et envoyé dans une grande ville aux États-Unis, celle de San Francisco.

Je m'appelle Margaux Miller depuis cinq ans maintenant. Mon frère n'était plus Lincoln Ryles mais Archibald Miller. Lincoln n'a pas du tout apprécier le choix de son prénom fait par Froy, mais moi j'ai plutôt trouvé ça drôle. Nous habitons dans un appartement en colocation avec Alice Dejean et Théa Harper. Deux meilleures amies qui ont bien voulu nous accepter chez elles, à San Francisco. Alice, une brunette aux yeux noisette, fait des études de pharmaceutique, mon frère et elle se sont beaucoup rapprochés ces dernières années et sortent ensemble depuis bientôt trois ans. Théa, blonde aux yeux verts, fait des études de lettres, elle est ma meilleure amie ici. On s'est tout de suite très bien entendu. Mon père a réussi à réunir assez d'argent pour payer la fac de médecine de mon frère. Lincoln adore ce qu'il fait, bien que se soit compliqué parfois, il s'en sort super bien. Quant à moi, je travaille dans une librairie le jour et dans un petit bar la nuit. Je n'ai pas voulu faire d'études, je ne trouvais pas ce que je voulais et nous n'avions pas assez d'argent pour payer deux facs, car les prix sont très élevés et je n'ai pas obtenu de bourse d'étude. Mais cela m'allait très bien, je ne suis pas faite pour les études et j'adore mes deux jobs. Même si cela me fait des journées à rallonge, je prends plaisir à travailler. Et si surprenant que cela puisse être, je parle maintenant très bien anglais. J'y ai été forcée, j'ai terminé mon cursus scolaire dans un lycée publique et travailler au contact des gens nécessite de maîtriser la langue. Je suis plutôt fière de moi, je me suis bien adaptée et je suis très heureuse ici. Nos parents sont restés en France mais ils nous rendent visite souvent. Ils sont toujours séparés, Froy était juste une excuse pour ma mère de quitter mon père. Ils ne s'entendaient plus depuis longtemps mais ne voulaient juste pas l'admettre. Ma mère a d'ailleurs rencontré un autre homme avec qui elle semble très heureuse. Je ne le connais pas beaucoup mais il semble gentil. Quant à mon père, il est obnubilé par Froy, il cherche à tout prix à le retrouver. C'est devenu obsessionnel. Il le traque sans relâche mais Froy semble avoir disparu des radars il y a cinq ans. Je n'ai pas non plus eu de nouvelles. Je ne sais pas si j'en veux. Après tout, il m'a abandonnée et n'est pas resté avec moi pour traverser tout ce que j'ai enduré ces dernières années. Même si je me sens plus heureuse qu'avant, tuer un homme, même s'il est une pourriture, ne laisse pas indifférent.

La plupart du temps, j'essaie de ne pas y penser, de faire comme si tout cela n'avait pas existé. J'aurais aimé ne pas me souvenir de ça. Lorsque la mémoire m'est revenue, j'ai cru revivre la scène une deuxième fois. Je fais des cauchemars toutes les nuits et j'évite au maximum de dormir, je mange moins qu'avant, je travaille le plus possible pour ne pas avoir à y penser, je continue de m'entraîner au combat en m'étant inscrite dans plusieurs club de sport. Je ne sais pas comment j'ai fais pour tenir cinq années comme ça, Lincoln m'a à plusieurs reprises conseillé d'aller voir un spécialiste, le problème est qu'il pense que l'abandon de Froy est la cause de mon mal être, certes c'est en parti le cas, mais le vrai problème est que j'ai tué un être humain. Je me demande bien comme va réagir le psychologue quand je le lui dirais. Cependant, outre mon train de vie mouvementé, je me sens très heureuse, je me sens moi-même, je me sens plus forte qu'avant.

Il est tard dans la nuit quand je finis de ranger les chaises et de nettoyer les tables. J'aime mon travail, mais cette soirée a été plus qu'épuisante, et j'ai hâte de rentrer chez moi pour aller me coucher. Je n'ai pas dormi plus de cinq heures ces trois derniers jours et je sens qu'il est vraiment temps de dormir un minimum, sinon je risque de faire un malaise. Molly (brune aux yeux de braise et qui travaille avec moi) doit aussi le voir puisqu'elle insiste pour que je rentre et que je la laisse faire la fermeture du bar seule ce soir. Je lui affirme que je vais bien mais elle court chercher mes affaires dans le vestiaire et me les tend. Puis elle me pousse vers la porte en me disant de prendre un taxi pour rentrer dormir.

« -Je vais très bien m'en sortir sans toi ne t'en fais pas, me dit-elle en fermant la porte du bar derrière moi. »

Je ris et décide de rentrer à pied. De toute façon, il y a peu de taxi à cette heure-ci et j'aime marcher. Je traverse les rues d'un pas calme et admire la ville sous la nuit. Perdue dans mes pensées, je manque de me faire renverser par une voiture en traversant. Je me ressaisis et en conclue que je dois faire plus attention, ou mon sommeil sera éternel. Je marche dans les petites rues, dans la partie historique de la ville. C'est vraiment une ville agréable, surtout la nuit. Après plusieurs minutes de marche, je tourne enfin dans la rue qui est la mienne, quand soudain, j'entends des coups de feu. Je me plaque contre le mur, ils viennent de la rue d'en face. La peur monte.

Ils m'ont retrouvé ! C'est sûr ! Ils savent que c'est moi et ils viennent me tuer ! Hortense, pour l'amour du ciel ressaisis-toi !

Je plonge la main dans mon sac, à la recherche de mon arme. J'en possède une depuis mon arrivée ici, au cas où ce genre de situation arriverait. Je suis vraiment contente d'avoir continué mes entraînements au stand de tir. Je savais que ça allait me servir un jour. Je tourne la tête pour voir le visage de mes agresseurs. Mais il n'y a rien dans la rue. Personne. Ils ont dû partir. Je décide d'aller voir quand même, juste pour être sûre qu'ils soient partit. Je marche doucement, pointant mon arme devant moi. Mon pied se pose dans une flaque et je continue d'avancer avant de réaliser qu'il n'a pas plu depuis un bon moment. Je comprends, pour mon plus grand désespoir, que ce n'est pas une flaque d'eau, mais sans doute de sang. Je tourne ma tête et vois une silhouette dans la pénombre. Je m'approche. C'est un homme, il est assis sur le sol, mais il ne ressemble pas à un SDF. J'aperçois une arme dans sa main, mais il ne bouge pas. Il est probablement mort. Je me met à sa hauteur et met ma main sous son nez. Il respire encore, difficilement, mais il respire. Je décide de le secouer, il s'est peut-être évanouie tout simplement.

Il revient lentement à lui et me voit. Il pose avec difficulté son arme sur ma tempe et je le repousse facilement. Il n'est pas très lucide mais il est en vie. Je ne peux pas le laisser comme ça. Je ne sais pas qui c'est mais il est blessé. Je devrai sans doute appeler les secours avant qu'il ne meurt pour de bon. Soulagée, j'entends des sirènes qui se rapprochent. Je ne peux pas rester là, je suis armée et ils vont peut-être penser que c'est moi qui lui ait tiré dessus. Mais avant de partir, je veux voir son visage, de sorte à l'éviter si l'on se recroise, car il n'a pas l'air d'avoir de bonnes fréquentations. Je soulève sa tête, penchée vers le sol, en prenant sa mâchoire dans ma main, et la met dans la lumière produite par le lampadaire. Je reconnu son visage immédiatement. Je le reconnaîtrais entre mille. Son regard n'avait pas changé, toujours froid avec une pointe amusée. Il n'avait pas changé.

« -F-Froy?! » 

***

Bonjour à tous ! Je suis très heureuse de vous poster le prologue du tome 2 de LIVE, qui était très attendu ! 

J'espère que vous l'avez apprécié et j'attends avec impatience vos retours !

Je vous poste la suite très bientôt :)

Loïs

(RE)LIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant