Chapitre 6 - Une légère déception

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-C'est incroyable.

-Oui, incroyable.

-Et il était dans votre lit ? Transformé en humain ? McGonagall demande, incrédule.

-Oui, je dis avec amertume. Dans le plus simple appareil.

Je croise les bras sur mon torse. Je suis dans le bureau de la directrice en plein milieu de la nuit, encore, pour discuter du petit problème de Malefoy. Encore.

Par Godric Gryffondor, je manque tellement de sommeil que je peux littéralement sentir les cernes sous mes yeux se creuser d'heure en heure ! Malefoy est dans le même état que moi : il est affalé sur sa chaise, habillé d'un de mes t-shirts et d'un pantalon trop grand, sa tête oscille tandis qu'il s'efforce de garder les yeux ouverts.

-Avez-vous vu ce qui a provoqué ce changement ?

Je me passe la main sur le visage.

-Non. Je dormais.

-Vais-je rester comme ça ? Malefoy ânonne.

McGonagall le regarde avec inquiétude. Elle porte une robe de chambre et ses cheveux détachés encadrent son visage sévère. Elle a sauté du lit quand j'ai frappé à sa porte et elle semble vraiment inquiète pour son élève.

-J'ai peur de ne pas le savoir. C'est difficile à dire...

-Ok... (Il fixe le sol sans le voir. Je pense qu'il est trop fatigué pour être déçu.) Je vais... retourner à mon dortoir alors, ça ne sert à rien de rester là à attendre et à discutailler.

Il tente de se lever, mais se met à tituber aussitôt. Je me précipite pour le soutenir.

-Wow ! je m'exclame. Tu ne pourras pas marcher jusqu'au dortoir des Serpentards tout seul ! Nous allons t'aider à descendre les escaliers et...

-Non, McGonagall m'interrompt brusquement. Mr Malefoy va rester ici avec moi pour le moment.

Elle me jette un regard appuyé, il me faut trois bonnes secondes pour piger. Ah oui, c'est vrai. On ne sait toujours pas qui l'a transformé en serpent, il pourrait se faire attaquer à nouveau.

-Mais où va-t-il dormir ? je demande.

Elle me regarde fixement, se demandant probablement si je suis stupide ou idiot. Elle sort sa baguette de sa poche et l'agite, faisant apparaître un lit de camp avec un drap propre devant la cheminée.

-Oh. Avec la magie. Bien sûr, je lâche d'un ton plat.

J'aide Malefoy à s'installer dans son lit. Je suis un peu troublé de le sentir contre moi, sa peau est si chaude. C'est bizarre, après avoir eu le contact de ses écailles froides sur moi toute la journée... Je baisse les yeux vers lui. Ses paupières sont closes, il semble si innocent. Ses cils blonds (les cils peuvent être blonds ?!) sont si fins... et ses cheveux...

-Il est en sécurité ici, dit McGonagall d'un ton rassurant. Vous pouvez y aller, Mr Potter, vous méritez quelques heures de sommeil...

Je cligne des yeux.

-J'étais... Vous pensez que je suis... (Je rougis.) Non ! Non-non-non-non-non ! Je ne suis pas inquiet pour lui ! J'étais juste- Je- Il-

Elle me tapote l'épaule avec sympathie.

-Il va bien maintenant.

J'abandonne. Je bâille et lui souhaite bonne nuit. Je quitte son bureau en traînant les pieds.

Merci Merlin, cette histoire de serpent est enfin terminée !

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

-Mec. Si tu continues comme ça, tu vas te noyer dans ton porridge, se moque Ron.

-Harry. Harry. (Silence.) HARRY JAMES POTTER !

Sursautant, je renverse ma tasse de thé par accident, inondant la table. Hermione secoue la tête.

-Quoi ? Quand ? Qui ? je balbutie, hébété.

Ron mord dans une saucisse.

-Tu dors dans ton assiette.

Je gémis, enfouissant mon visage dans mes mains.

-Je suis trop fatigué ! Je vais être explosé toute la journée, je n'arriverai jamais à me concentrer sur les cours...

-Que s'est-il passé hier soir ? me demande Ron. Et où est ton pote rampant à présent ?

J'ouvre la bouche pour répondre, quand j'entends quelqu'un se racler la gorge juste derrière moi. Je me retourne. Je dois me mordre la langue pour ne pas gémir de désespoir.

McGonagall se dirige vers moi, portant un serpent vert vif –et à l'air plutôt boudeur.

Et merde.

Je me lève avec résignation et me dirige vers elle.

-Il était de nouveau sous cette forme quand je me suis réveillée ce matin, explique-t-elle d'un air désolé. Il a refusé de manger.

Je soupire. Depuis que j'ai trouvé Drago dans l'arbre du parc, nous le nourrissons avec des petits morceaux de viande crue, c'était trop difficile pour lui d'avaler des grenouilles ou des souris vivantes. Je fais un gros effort pour sourire. Malefoy fixe le sol, il est raide et semble sur le point d'exploser.

-Alors... Tu n'as pas mangé ce matin... Qu'est-ce qui ne va pas ?

Sa queue se balance nerveusement.

-Ne me... parle pas aujourd'hui, lâche-t-il, sa voix tremblant de colère.

Je regarde le serpent. Puis je tends les deux bras vers McGonagall.

-Donnez-le moi. Je vais m'en occuper.

Elle me passe le serpent. Il ne bouge pas, il reste là dans mes paumes. Il refuse de glisser le long de mon bras. La directrice s'éloigne, je cogite pendant une minute.

-Harry ? Hermione m'appelle. Tout va bien ? Pourquoi Malefoy était-il avec McGonagall ?

-Oui, euh... (Je me racle la gorge.) Je dois lui parler, je vais déjà aller en classe, je mens.

-Ok, à plus tard alors.

Je sors de la Grande Salle et monte les escaliers. Je ne fais pas attention aux regards des élèves fixés sur moi. Je traverse le château.

Malefoy est toujours en train de bouder. Au bout d'un moment, il se rend compte que je marche dans la mauvaise direction.

-Hey. (Je l'ignore.) Hey, idiot. (Il relève la tête et tire la langue, irrité.) La salle de classe est à l'opposé ! Où vas-tu ?

Je ne réponds pas.

-Attends, c'est le dortoir des Gryffondors, n'est-ce pas ?

Je donne le mot de passe à la Grosse Dame, le portrait pivote. Je traverse la salle commune et je me rend directement à mon dortoir.

J'enlève mes chaussures et grimpe dans mon lit. Je ferme le rideau et je m'allonge. Je pose le serpent sur mon ventre et ferme les yeux.

-Arrête de m'ignorer, l'Elu de mes fesses ! Pourquoi tu es venu ici ? me harcèle-t-il.

-Je croyais que tu ne voulais pas que je te parle aujourd'hui ? je ricane.

Je le sens bouger légèrement sur moi.

-Potter...

-Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je n'ai pas eu sept heures de sommeil en trois jours. Je suis épuisé, complétement à côté de la plaque et je suis sûr que je ne supporterai pas une journée entière de cours alors...

J'ouvre un œil et le regarde d'un air interrogateur, il me fixe en retour.

Il s'enroule finalement sur mon abdomen et pose sa tête sur ma poitrine. Je ricane.

-C'est bien Malefoy, gentil serpent...

-La ferme... grommèle-t-il d'une voix déjà lointaine.

Nous nous endormons en moins d'une minute.

Drarry : Une vie de serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant