Amour et... Pot de miel! (WATTYS2022)

Chapitre 15

Guillaume n'est pas du genre à faire les choses à moitié. Il décide de mettre en pratique ses paroles dès ce soir. Et son idée me séduit plus que je ne voudrais l'avouer. En effet, il me donne rendez-vous au bar dans lequel nous avons passé notre première soirée, et techniquement, la seule soirée à laquelle moi j'ai assisté dans mon ancienne vie.

Si j'en crois le rapide résumé qu'il m'en a fait un soir, c'est la même que celle que j'ai vécu.

Après être rentrés de la forêt, nous avons déjeuné ensemble et avons beaucoup discuté. J'ai pu me rendre compte que cet homme, en plus d'être relativement beau, est aussi très intelligent et plein d'humour. Nous ne nous sommes plus embrassés, comme si nous ne voulions pas aller trop vite. J'ai compris qu'il voulait reprendre de zéro afin de ne pas perdre la moindre chance de me reconquérir.

Si je n'ai pas le souvenir d'être tombée un jour amoureuse de lui, je ne peux que facilement en imaginer la possibilité. Jusqu'à présent, je n'ai jamais vraiment eu d'idéal masculin. Ou du moins, je n'y ai pas vraiment réfléchi. Quand je me suis mise avec Antoine, nous étions très jeunes et insouciants. On se plaisait, point. Étions-nous fait pour être ensemble ? Peut-être pas. J'ai eu tout le loisir de repenser à nous. On était très différents. Nous n'avions aucun point en commun. C'est vrai, quoi ! A part son boulot et ses livres rien ne passionnait ce casanier. Il n'avait jamais envie de sortir alors que je rêvais d'aller danser le week-end. Ce dont je ne me suis pas privé quand même, merci les copines !

On passait presque tous les dimanches chez ses parents. J'avais plusieurs fois proposé de faire autre chose mais rien ne pouvait lui faire changer ses habitudes et sa routine.

Recevoir les copains ne le dérangeait pas puisque, au moins, il ne fallait pas sortir de l'appartement. On partait en vacances mais jamais trop loin, et même sur place, il préférait végéter au bord de la piscine avec un bouquin, mais n'y trempait même pas un orteil. En fait, ce gars était chiant. Mais c'était mon chiant.

A contrario, et si j'en crois les albums que j'ai pu regarder depuis que je me suis réveillée dans cette réalité – et je les ai regardé un nombre incalculable de fois – avec Guillaume nous avons vécu tellement de beaux moments. Des week-ends, des vacances, des restos et même des séances ciné. Des jolies balades, des moments en famille, entre amis. Et chacun de ces moments a été immortalisé par une pluie de magnifiques photos, le passe-temps de Guillaume.

Vous me croyez si je vous dis que je commence à ressentir de la frustration de me voir sur ces clichés et de ne pas me souvenir de ces moments ? J'ai l'impression d'être réellement amnésique. J'essaie même de puiser dans les ressources de mon cerveau pour tenter de créer ces souvenirs comme s'ils en étaient vraiment. Mais c'est peine perdue. Je sais d'où je viens et la vie que j'ai quitté. Ces moments ne seront jamais que le fruit d'un tour de magie qui a mal tourné. Du moins, je pensais qu'il avait mal tourné mais, finalement, c'est peut-être une chance que la vie me donne de trouver le véritable bonheur.

L'heure du rendez-vous approche et je sens une petite boule d'angoisse qui s'installe tranquillement dans mon estomac. Guillaume a déjà quitté l'appartement et m'a demandé de le rejoindre directement devant le cabinet médical.

Je passe à la salle de bain et prends le temps de me préparer. J'ai envie de me faire jolie et c'est la première fois depuis que je vis ici. J'ai envie de plaire. Je me sens comme une adolescente qui se rend à son premier rendez-vous. Surexcitée et stressée. J'aurais bien besoin de voir mes copines pour me détendre avec un verre de vin mais je n'ai pas le temps. Arriver à ce rencard légèrement pompette n'est pas la meilleure idée non plus.

Ce dressing est gigantesque ! Il n'y a que dans cette vie que j'ai les moyens d'avoir autant de fringues. Par où commencer ? Je me concentre et choisis une petite robe patineuse noire sans manches, sertie de quelques strass sur l'encolure, et y associe un petit boléro. Une paire de collants satinés dans de jolis escarpins et me voilà prête. Je regarde ma montre. Il me reste encore trente minute avant le rendez-vous. J'ai mal au ventre !