Prologue

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PROLOGUE

— C'est ça ! Casse-toi pauvre mec ! crié-je vers Antoine, mon mec.

Ou plutôt, mon ex.

La porte claque derrière moi et je réalise que c'est moi qui pars. Et que c'est lui qui vient de me larguer après dix ans d'une relation plutôt sereine. Du moins, c'est ce qu'il me semblait !

Avec Antoine, on s'est rencontré au lycée, comme beaucoup. Ça a tout de suite collé entre nous. Et clairement, j'ai toujours été persuadée qu'il serait l'homme de ma vie, que l'on fonderait un foyer, une famille. Je nous ai vu heureux parents d'une petite Rosalie ou d'un petit Robin. Oui, je l'avoue, j'ai choisi les prénoms de nos futurs marmots alors même que l'on ne vivait pas encore ensemble.

D'ailleurs sur ce point, c'est aussi allé très vite. Ses parents sont propriétaires de plusieurs appartements dans la région et naturellement, lorsque nous avons été en âge de nous assumer partiellement en cumulant les études et un petit job, nous nous sommes installés ensemble dans l'un d'eux.

Ils nous ont confié le plus petit, celui qui n'a qu'une seule chambre et une cabine de douche étroite dans une toute petite salle de bain. Juste assez pour commencer dans la vie à deux.

Hébergés gratuitement, je peux vous dire qu'on a vite eu l'impression de vivre la grande vie. Les soirées se sont enchaînées. Nos amis, pour la plupart encore chez leurs parents sont venus chez nous quasiment tous les week-end. On a poussé les meubles une multitude de fois, sorti les matelas gonflables, les bonbecs et le pop-corn. Notre meilleure vie.

Hier encore mes amies, Mylane, Zoé et Marylou, ainsi que le chéri de cette dernière, Jean, sont venus passer le week-end chez nous. Alors que désormais ils sont tous installés dans la vie, nous n'avons pas perdu les bonnes vieilles habitudes.

Et puis ce matin, comme s'il lui prenait une envie de chier (pardonnez-moi l'expression mais je suis en colère), Antoine m'a déclaré que c'est terminé entre nous. Non, mais vous le croyez, vous ? Il ne m'a fourni aucune explication vraiment claire, juste des banalités et il n'a même pas semblé particulièrement touché ce salaud.

Bon, je vous l'accorde, notre entente n'était pas des plus cordiales en ce moment. Et si je suis honnête, je dirais que ça fait plusieurs mois que ça dure. Mais comme tous les couples, non ? Qui ne traverse pas des zones de turbulences de nos jours, avec la vie que l'on mène, on a le temps de rien !

C'est vrai, on aurait peut-être du faire plus d'efforts pour se retrouver, rien que lui et moi. Oublier un peu nos amis, toujours fourrés avec nous, et partir en balade, tous les deux, se ressourcer. Entretenir la flamme.

Au lieu de ça, on s'est laissés happer par nos emplois du temps respectifs et on s'est quelque peu perdu en chemin. Mais l'on peut encore y remédier quand on s'en rend compte. Il n'est jamais trop tard pour se rattraper et se prouver à nouveau que l'on s'aime, non ? Raviver un feu, ça ne doit pas être si compliqué.

J'ai imploré Antoine de revenir sur sa décision. J'ai même tenté de le prendre dans mes bras mais je le sentais raide comme un piquet, les bras ballants, le regard fuyant.

— Non, Lila, c'est fini, terminé, m'a-t-il dit, sans même oser me regarder.

— Mais pourquoi ? ai-je répliqué en le prenant par les épaules et en cherchant son regard. Je comprends pas, ça fait dix ans qu'on est ensemble toi et moi. On envoie pas balader dix ans comme ça, d'un coup. Il s'est forcément passé quelque chose !

J'ai eu envie de le secouer très fort. Il est resté complètement stoïque. Et bizarrement, je n'ai même pas eu envie de pleurer. Cette situation était juste irréelle. Je n'ai rien vu venir.

Amour et... Pot de miel! (WATTYS2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant