Chapitre 22

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Ça y est ! Je la sens s'installer la petite boule d'angoisse. Direct dans le fond de mon estomac. Mais ce n'est pas vraiment la même que celle qui s'incruste avant un rencard. Je ne suis pas réellement surprise que Jean ait choisi Antoine pour officier en tant que témoin. Après tout, ils font partie du même cercle d'amis depuis quelques années maintenant.

J'envisage un instant d'aller trouver Jean pour lui demander de changer et de choisir quelqu'un d'autre mais qui suis-je pour avoir une telle exigence ? En plus, Antoine ferait quand même partie des invités.

J'imagine également que Guillaume n'a pas encore eu le temps de s'intégrer dans mon cercle amical, notre pseudo romance ayant débuté il y a à peine un an. En tout cas, pas suffisamment intégré au point d'être choisi comme témoin de mariage

.

Les plateaux et le pichet vide, la soirée semble sur le point de se terminer lorsque Jean fait son apparition. Nous ne manquons pas de le féliciter. Lui aussi est allé fêter la nouvelle avec ses copains. Il a même aussi très certainement annoncé à trois d'entre eux qu'il les veut comme témoins. Il semble légèrement pompette. Beaucoup moins cela dit, que sa future épouse, qui lui saute au cou en trébuchant. Les tourtereaux s'échangent des baisers langoureux sans se soucier de notre présence.

— Tu d'vais pas rentrer normla..., mornal... normalement mon amour, roucoule Marylou, la voix pâteuse.

— Je sais, mais j'avais tellement, tellement envie de voir ma future femme, répond Jean en l'embrassant dans le cou.

— Eurk ! crache Zoé. Ça pue l'amour ici. Je crois qu'il est temps de les laisser consommer leur bonheur, les filles. On peut terminer la nuit chez moi, si vous voulez.

— Non, non... dit Marylou. Vous z'avez toutes beaucoup bu. Hors de question de vous laisser partir dans zet état, non, non, non.

— Elle a raison, intervient Jean. Vous n'avez qu'à camper ici. J'ai un matelas gonflable s'il le faut.

— Oh oui ! crié-je, en montrant les muscles. Je suis une pro du gonflage de matelas maintenant.

Le souvenir du week-end en camping me revient en mémoire. Je me sens tout à coup tellement mélancolique. Je nous revois, partant vers l'aventure dans son van aménagé. Installer le lit. Le restaurant. Les glaces tombées par terre et nos fronts qui se cognent. Nos fous rires.

Je chasse ces pensées et reviens parmi mes amis.

Nous nous activons pour installer un campement de fortune au milieu de la pièce mais alors que les futurs mariés sont partis se coucher, des bruits sans équivoque parviennent à nos oreilles, émanant directement de leur chambre.

Tout en riant, nous décidons d'aller dormir dans la chambre que j'occupe depuis mon arrivée la veille. Le lit est assez grand pour nous accueillir toutes les trois. Entendre les gémissements de l'une de mes meilleures amies me met franchement mal à l'aise. Je suis contente pour eux, j'en conviens, mais de là, à assister à leurs ébats en dolby surround... Merci, mais non merci.

La nuit est courte, nous nous levons aux aurores sans avoir réellement dormi. Zoé ronfle quand elle a trop bu, et Mylane marmonne dans son sommeil. Seuls les amoureux dorment encore, les chanceux.

Je traverse cette journée dans un brouillard épais, ne m'arrêtant que pour manger à la pause du midi. Guillaume s'est fait porter pâle. Je ne peux m'empêcher d'être à la fois soulagée et inquiète pour lui. J'aimerais avoir assez de courage pour aller lui rendre visite à l'appartement et m'assurer qu'il va bien mais le courage, justement, ne fait pas partie de mes qualités en ce moment. Aussi, je me dégonfle et rentre directement à l'appartement de Marylou dès la fin de mon service.

Amour et... Pot de miel! (WATTYS2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant