Chapitre 26

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J'ai comme un arrière goût de déjà vu lorsque j'ouvre les yeux. Une violente douleur me scie les tempes et je crois qu'un démon a pris possession de mon estomac pour y danser je ne sais quelle gigue. J'ai une sérieuse envie de vomir, aussi je me penche sur le côté et attrape le seau qui semble n'attendre que moi. Fausse alerte.

Je me redresse difficilement, les cheveux me tombant devant les yeux. Je fais une rapide mise au point. D'abord, où suis-je ?

Je reconnais cette chambre. Bordel de cul ! Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis chez Antoine, dans son lit. Notre ancien lit en fait, car rien n'a changé. La pièce est telle qu'elle était lorsque j'y suis entrée pour la dernière fois. Je regarde alors à mes côtés et j'aperçois la bosse que son corps forme encore sous la couette. Il semble dormir profondément. Je ne réfléchis pas plus longtemps et le secoue comme un prunier dont je voudrais faire tomber les fruits mûrs. Il se réveille en sursaut, et marmonne des paroles incompréhensibles.

— Antoine, putain, réveille-toi ! crié-je en le secouant toujours.

— Hmm, késkia...

J'en profite pour regarder sous la couette. Ouf, cette fois-ci je suis habillée. Mes habits de la veille. Le repas des témoins. Bien mangé. Bien bu.

Trop bu, pensé-je en portant une main à mon front.

Une fraction de seconde, j'ai cru être de retour dans mon ancienne réalité. Non pas que cela m'aurait déplu mais deux voyages spatio-temporels en l'espace de quelques semaines ne seraient pas supportables, psychologiquement s'entend.

— Qu'est-ce que je fous dans ton lit ?

Ce dernier finit par se redresser, se frottant les yeux comme un petit enfant. Il est mignon, je ne peux m'empêcher de penser. J'ai toujours aimé les traits de son visage le matin. Les petits yeux plein de sommeil, les cheveux en bataille. Je constate que lui aussi est habillé. Tout est flou dans mon esprit mais je tente de me persuader que nous n'avons rien faire de répréhensible.

Il baille aux corneilles, en étirant ses longs bras au dessus de sa tête.

— Tu avais trop bu, alors Mylane à proposé de te ramener chez elle mais tu as insisté pour continuer la soirée dans un bar. Tes copines n'étaient pas très partantes alors je les ai convaincues que j'allais veiller sur toi.

— Ça n'a pas du être une mince affaire, dis-je en pensant à mes vieilles amies.

— Elles ont promis de m'arracher les yeux, de me découper en morceaux et d'aller donner mes restes aux cochons s'il t'arrivait quoique ce soit. Je ne suis même pas sûr qu'elles plaisantaient.

J'éclate de rire en les imaginant toutes les trois, plaquant Antoine contre un mur et en le menaçant des pires sévices si un malheur devait m'arriver en sa compagnie.

— D'ailleurs, reprend-t-il, tu devrais leur envoyer un message, histoire de les rassurer. Je n'ai pas envie de les voir débarquer ici armées de couteaux, d'une grande bâche et de sacs poubelles.

— Elles t'en veulent beaucoup tu sais. De m'avoir laissé tomber.

Antoine ne répond pas, soudainement mal à l'aise. Il se cale contre les oreillers et fixe son regard sur un point imaginaire.

Je profite du silence ambiant pour amorcer mon départ. La matinée est déjà très avancée, il serait judicieux que je quitte cet appartement où je n'aurais jamais du me trouver. J'ai abusé de l'alcool, tant et si bien que je me souviens à peine de la fin de la soirée de la veille. C'est une sensation dont j'ai horreur. Je pense même que je ne supporterais pas de vivre ça une nouvelle fois. Avec ce qui m'est arrivé dernièrement, rester sobre et lucide me paraît plus que nécessaire pour rester maître de moi-même. Je décide intérieurement d'en finir avec l'alcool. Enfin, plus à outrance. Juste à petite dose quoi. Un verre par ci, un verre par là.

Amour et... Pot de miel! (WATTYS2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant