Chapitre 9

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Moins de dix minutes plus tard, le pot est scellé, posé au centre de la table.

Avec Mylane, nous l'observons en silence. A présent que j'ai prononcé la formule magique et englué la photo d'Antoine dans le miel, je ne suis plus aussi convaincue qu'au départ.

Je me sens vraiment ridicule d'avoir pu penser qu'un tour de magie me rendrait mon mec. Qu'est-ce que j'imaginais au juste ? Qu'une bonne fée allait apparaître sous nos yeux, faire un moulinet avec sa baguette magique rehaussée d'une étoile pailletée et effacer les deux jours merdiques que je venais de passer ? Des délires de gosses. Ou d'ivrognes.

Je relativise et me dis qu'au pire, on a juste bousillé un vieux pot de miel dont personne ne semblait se soucier.

— Tu n'auras plus qu'à aller t'en débarrasser demain, me dit Mylane en étouffant un bâillement. Tu m'excuseras mais pour ma part, je vais aller me coucher.

Elle se lève et contourne la table pour venir me faire une bise sur la joue. Elle me prend dans ses bras et me chuchote à l'oreille :

— Magie ou pas, je suis sûre qu'Antoine va revenir sur sa décision. En tout cas, je sens qu'il va t'arriver de grandes choses.

Je lève mon regard vers elle alors qu'elle se redresse en passant sa main dans mes cheveux.

— J'aimerais te croire. Advienne que pourra, dis-je en lui serrant doucement les doigts de la main que je viens de lui attraper.

Elle me tourne alors le dos et se dirige vers le couloir d'un pas nonchalant, ses pantoufles traînant sur le sol.

Un coup d'œil à l'horloge m'indique qu'il est déjà deux heures moins le quart. Le réveil va être difficile et la journée de travail hyper longue.

Je me tourne vers mes copines toujours profondément endormies, insouciantes.

Je n'ai pas envie d'aller me coucher, pourtant il le faudrait bien.

Je me lève de ma chaise et m'approche du canapé-lit. Zoé s'est entortillée dans la couette et étalée en travers du matelas. On dirait un burrito géant, avec juste une touffe de cheveux qui dépasse. Si je voulais me glisser près d'elle, je serais obligée de la bousculer un peu pour qu'elle se libère de son carcan et me fasse un peu de place.

Je regarde le pot de miel et prends ma décision en une fraction de seconde. Je vais aller m'en débarrasser ce soir même. Je ne veux pas attendre. Qui sait si, au réveil, je ne reviendrai pas sur ma décision, me trouvant trop bête de croire à ces foutaises.

J'attrape le pot sur la table et pars vers le couloir. J'y retrouve mes affaires dont je m'étais défaites à la hâte en rentrant plus tôt dans la soirée.

J'enfile mon manteau et remets mes chaussures. J'ouvre la porte et me fige sur le paillasson, une main encore accrochée à la poignée. Je suis complètement folle. J'ai bu pas mal d'alcool ce soir et ce n'est vraiment pas raisonnable de prendre le volant.

Cela dit, du temps s'est écoulé depuis mon dernier verre. Je me sens un peu fatiguée mais suffisamment alerte et puis, l'endroit où je veux aller n'est pas très loin.

Je me promets de ne jamais recommencer.

Je ferme le battant derrière moi et descends les escaliers sans bruit pour ne pas déranger le voisinage.

Le froid me saisit quand je passe la porte de l'immeuble. Ça a le mérite de me mettre un violent coup de fouet et de me réveiller !

Je sers mon col contre mon cou et cours jusqu'à la voiture en remerciant encore le ciel d'avoir pu me garer tout près de l'entrée.

Amour et... Pot de miel! (WATTYS2022)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant