Amour et... Pot de miel! (WATTYS2022)

Chapitre 14

Le pot de miel ! Mais c'est bien sûr ! Comment vérifier la véracité de ce que je suis en train de vivre autrement qu'en allant directement là où tout a commencé ?

C'est la première pensée qui m'assaille quand je me réveille ce matin. Il est temps d'aller faire un petit tour du côté de la forêt.

Je m'apprête à sortir du lit lorsque Guillaume fait son entrée, un plateau chargé dans les mains.

— Toc-toc, tu es déjà réveillée ?

Je regarde le réveil. Sept heure quarante-cinq. Je l'observe et remarque qu'il n'est pas encore habillé, contrairement à d'habitude. En général, il est sur le point de partir travailler à cette heure-ci.

— Oui, mais ça ne fait pas longtemps, dis-je en remettant une mèche derrière mon oreille, mal à l'aise.

Il remarque mon geste et toussote. Il approche doucement avec son plateau et le dépose au bout du lit, là où la couette est encore tendue de n'avoir accueilli personne de ce côté.

— Tu ne pars pas travailler ?

Il rougit à cette question et son regard peine à se poser sur moi. Lui aussi à l'air gêné. Il toussote à nouveau, semblant chercher ses mots.

— En fait... En fait, j'ai pensé que je pourrais prendre ma journée et qu'on pourrait la passer ensemble toi et moi. Qu'est-ce que tu en penses ? demande-t-il en relevant la tête et en plongeant son regard dans le mien.

Je sens mon coeur rater un battement. Quelle étrange sensation. Il y a longtemps que je n'ai pas ressenti ça. Dix ans, en réalité.

— Oh... Euh... C'est-à-dire que...

Mais quelle bêtasse ! Tu bafouilles comme une pauvre gamine. Je suis sûre que mes joues doivent être toutes rouges. Je sens d'ailleurs la chaleur envahir mon visage.

C'est la première fois depuis que je suis arrivée dans cette réalité que Guillaume me propose de passer du temps ensemble. En clair, il m'a laissé mon espace, n'a jamais chercher à imposer sa présence et a dormi dans une chambre d'ami sans même m'en parler. Comme s'il comprenait exactement ce qu'il devait faire. Comme s'il comprenait ce dont j'avais besoin. J'ai passé plus de temps en dehors de cet appartement, avec mes copines, qu'ici avec lui et j'imagine à quel point ça doit être difficile pour lui. J'ai regardé plus d'une fois les albums photos et il est clair que nos clichés transpirent l'amour et la tendresse, la complicité et un profond respect mutuel.

Il rompt le silence et sourit même devant ma maladresse.

— Je suis désolé, tu as certainement quelque chose de prévu. C'est juste une idée, comme ça... dit-il en baissant à nouveau le regard.

Il se lève et se dirige déjà vers la porte, comme pressé de fuir la pièce. Je l'ai vexé. Je regarde le plateau et m'aperçois qu'il est chargé de victuailles pour deux personnes. Deux croissants encore chauds, deux tasses de chocolat au lait, deux verres de jus d'oranges pressées. Un petit déjeuner d'amoureux. Il y a d'ailleurs une rose rouge couchée le long de l'arête du plateau. Ce mec est un ovni.

Je me ressaisis juste à temps et ne réfléchis pas.

— Attends !

Il marque un temps d'arrêt et se retourne lentement. Un voile de tristesse flotte dans ses yeux embués. J'en perds mon souffle. Cette fragilité qui se dégage de lui à cet instant me prend aux tripes. Je repousse la couette encore sur mes genoux et me dirige doucement vers lui tandis qu'il referme la porte qu'il vient d'ouvrir. Je respire un grand coup et lui saisis les mains. Elles sont toujours aussi douces et aussi chaudes. J'aime ce contact. Je plonge mon regard dans le sien. Une larme esseulée coule sur sa joue. Je l'essuie d'un geste tendre. Cet homme souffre. Il souffre plus que moi, c'est une évidence. J'ai perdu l'amour de ma vie quand je me suis faite larguée. J'ai compris qu'Antoine ne m'aimait plus. Ça a été brutal et inattendu et même si notre couple n'était pas au mieux de sa forme, je n'avais jamais imaginé que nous nous perdrions, lui et moi. Ça m'a fait mal mais je sais qu'il n'oubliera jamais ce que nous avons vécu. Le bon, comme le mauvais.