Chapitre 9 : Une fiancée

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Nous venons de franchir la grande porte du village. Les forêts et les champs s'étendent à perte de vue. En ce moment, tous les problèmes s'envolent.

"-Que diriez-vous d'une course ?

-C'est une bonne idée. Parions quelque chose.

-Avec plaisir. Si je gagne, vous me laissez monter Scelta.

-Vous auriez pu me le demander directement, mais j'accepte. Et si je gagne, nous dînons ensemble. Sans mon père et sans Robert.

-Vu qu'il n'y a aucune chance que vous gagniez, j'accepte également."

Il rit, visiblement amusé de mes paroles. 

"-Bien. Au moment où cette pierre touchera le sol, nous pouvons y aller."

Il descend de son cheval pour s'emparer de la pierre en question. Une fois de retour sur le dos de sa jument, le prince me regarde, sourit, puis lâche la pierre. Nous nous élançons à travers le pré verdoyant. Nous galopons à toute vitesse. C'est une sensation que je n'ai pas ressenti depuis longtemps. La liberté. Avoir le choix de partir, de s'élancer vers l'inconnu. Des milliers de possibilités s'offrent à moi. Je pourrai juste dévier ma course et fuir cette situation, mais je n'en fais rien. Je serai poursuivie jusqu'à ma mort. Je crois aussi que j'ai peur. La peur de perdre le peu de choses que j'ai construites. Mon amitié avec Line, la nouvelle complicité que je partage avec Solis, et ce lien entre le prince et moi. Je n'ai jamais connu autre chose que l'amour maternel, donc je ne sais pas ce que je ressens avec William. Toutes ces émotions qui m'envahissent quand je suis avec lui. Je me sens juste bien, moi-même.

Cependant, je crois qu'il est temps de me faire une raison. Je ne peux pas fuir mes devoirs en  tant que future reine. Je vais donc épouser cet épouvantable roi. Pour les héritiers, il devra attendre. Même si le mariage a toujours été consommé lors de la nuit de noces, j'essaierai de changer cette règle. Après tout, ne dit-on pas que les règles sont faites pour être transgressées ?

Nous sommes à présent à ce que j'estime être le milieu de la course. Scelta est rapide, mais Solis, lui, est plus jeune. Nous sommes côte-à-côte. Je n'ose pas pousser mon cheval. En revanche, je n'aime pas perdre. Je me penche sur l'encolure de mon hongre, et, comme allégé d'un poids, il bondit en avant, dépassant d'une bonne dizaine de mètres le prince. Je chancelle mais m'accroche, au dernier moment, à la longue crinière de ma monture. En une dizaine de secondes, j'arrive à la limite du pré. Une fois mon adversaire arrivé, je le regarde, un rictus victorieux aux lèvres, puis tends ma main vers lui. Il la prend.

"-C'était une belle course.

-Oui. Vous savez très bien monter.

-Je vous retourne le compliment.

-Je vous remercie. C'est quand même dommage, j'aurai adoré dîner avec vous.

-Eh bien... Je pourrais changer changer mon vœu.

-Vraiment ? Scelta va être triste.

-Mais vous, non."

Il reste bouche-bée, mais sourit et acquiesce.

"-Cela me coûte de l'admettre, mais vous avez raison. Il commence à se faire tard. Rentrons, vous devez avoir faim."

Sur ce, nous nous mettons en route, lentement mais sûrement.

Nous sommes à présent dans la salle du trône. Apparemment, le roi a une grande nouvelle à nous annoncer. Je dois bien admettre que cette salle est somptueuse. De grands murs rouges, décorés de sculptures. Un tapis pourpre et une estrade sur laquelle se trouvent les sièges du roi et de la future reine, moi. Le roi est assit en nous regardant avec dédain. Pourquoi regarderait-il son fils comme cela ? Après une longue inspiration, il commence à parler. Puisse-t-il être rapide.

"-J'ai failli attendre. Où étiez-vous ?

-Nous nous promenions à cheval, père.

-Encore !? Bon. Ne nous énervons pas. Je te suis porteur d'une grande nouvelle, William."

Il a un sourire qui ferait fuir le plus valeureux des chevalier. Que va-t-il annoncer ? William doit-il partir se battre ? Ou doit-il être sanctionné pour une quelconque erreur ?

"-Demain, un déjeuner sera organisé avec le roi d'un pays proche. Tu tâcheras de faire bonne impression devant lui et sa famille.

-Pourquoi ? Nos affaires vont-elles mal ?

-Non. Tu vas épouser sa fille."

Là où naissent les rosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant