Chapitre 2 : Liberté privée

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Je suis à présent entourée de gardes. Je préférerai être à cheval. Je me débrouille assez bien dans cette discipline. Notre allure est rapide, ce qui rend le trajet turbulent. La calèche marque une pause. Je vois par la fenêtre l'un des gardes s'avancer vers moi. 

"-Vous devriez vous reposer princesse, nous arrivons ce soir.

-Ce soir ? Cela ne fait même pas une journée que nous sommes partis.

-Vous avez dormi toute la nuit. Et vous semblez ignorer où nous nous rendons.

-Nous allons chez mon père, je le sais.

-Visiblement vous ne savez pas. Sur ordre du roi, nous allons directement chez votre fiancé. J'espère qu'il saura vous discipliner.

-Je ne vous permet pas ! Comment osez-vous me manquer de respect ! Demi-tour, on va chez mon père. Il n'est pas question que j'aille chez cet homme.

-Vous n'avez pas le choix."

Suite à cette révélation, il s'en va sans rien me dire de plus. Je sors discrètement de cet abri et me rapproche d'un cheval. Sans plus attendre, je me hisse sur son dos musclé. Je lui donne un coup de talon, ce à quoi il répond en s'élançant à grande vitesse. Les hommes le remarquent et en quelques secondes, ils se retrouvent eux aussi à cheval et à ma poursuite, une fois de plus. Le champ dans lequel je galope n'est pas vert. Les arbres sont brûlés et l'herbe est jaune. J'entends des cris, mais ils ne viennent pas des gardes. Ce sont des hurlements. Plus qu'une dizaine de mètres et je serai à la frontière. 

J'arrête mon cheval d'un coup et le choc me fait tomber à terre. Avec difficultés, je me relève. En face de moi, il n'y a rien que le feu n'ai pas détruit. Des centaines d'hommes se battent, ravageant la nature. L'un des conseillers de mon père m'avait prévenue de na pas aller plus loin. C'est une bataille. Il y a deux drapeaux, mais je n'en reconnais qu'un. Celui de mon "futur mari", donc cela veut dire que l'un de ses fils, ou les deux sont en train de combattre. Sans que je m'en aperçoive, l'un de mes assaillants me saute dessus pour m'empêcher de bouger. Ils seront sûrement renvoyés de l'armée royale pour avoir traité la fille d'un roi comme ça. Il me traîne à nouveau dans la charrette. Ce n'est toujours pas confortable, mais cela devrait tenir jusqu'au château. Je tenterai de m'enfuir une fois là-bas. Je m'endors...

Je suis réveillée par un à-coup. Je sors la tête et observe les alentours. Nous sommes dans un magnifique quartier. Le lierre a envahi les maisons, les pierres des nombreux puits sont grises et ont l'air lisses comme le verre. Les parterres de fleurs sont colorés et font la longueur des ruelles. Les habitants arpentent les rues principales à la recherche de marchands. Tandis que j'admire le paysage, mon escorte s'arrête devant une porte en bois importante et sculptée par les mains les plus habiles du royaume. Tout doucement, nous avançons dans la cour du château. De ma fenêtre, je peux deviner une partie de l'écurie. Construite de briques, celle-ci s'ouvre sur un splendide pré, où règnent des chevaux de robes différentes. Le capitaine de la garde fait signe aux garçons d'écurie, qui accourent vers nos animaux pour s'en occuper. Le garde nommé Simon, d'après ce que j'ai entendu, vient m'ouvrir et m'aide, sans aucune gentillesse, à sortir. 

Je regarde les hommes s'en aller avec nos bêtes. Une main me pousse vers l'avant. Je ne vais sûrement pas assez vite pour eux.

Debout, figée devant la somptueuse porte ornée de fleurs de lys, je me fais une vague idée de ce que sera ma vie à partir d'aujourd'hui. Le plus âgé des gardes frappe à la porte, et suite à ce geste, une jeune femme arrive et nous ouvre. Le hall est décoré d'une dizaine de tableaux. Un grand tapis pourpre se trouve sous nos pieds, rendant la pièce festive et enchanteresse. Un lustre brillant orne le plafond doré.

"-Mademoiselle, veuillez me suivre. Je vais vous mener à vos appartements."

Je me tourne et décide de suivre la femme de chambre.

"-Où va-t-on au juste ?

-Dans les appartements du roi. Vos affaires ont déjà été transportées là-bas.

-J'aimerais une chambre pour moi. Pas avec cet homme.

-On m'a donné des ordres Princesse. Jusqu'au mariage, vous devez rester avec votre fiancé. Passer le plus de temps ensemble.

-Nous verrons bien. Bon, puis-je me changer ?

-Certainement."

Nous pénétrons dans une chambre. Bien plus spacieuse que celle que j'avais. En revenant dans la pièce, je tente d'apprendre à connaître celle qui restera à mes côtés pendant un long moment. Nous sommes cependant prises de court par l'arrivée du roi :

"-Te voilà enfin. Ma future épouse."

Là où naissent les rosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant