Chapitre 20 : La grotte

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Le pouls saccadé , nous courons au dehors du palais. A quelques dizaines de mètres, j'aperçois  Solis et Scelta, nos fidèles destriers.  Je remarque également qu'ils sont équipés de sacoches en cuir, sûrement préparées à l'avance par le prince. Angoissée à l'entente de cris des hommes constituant la Garde Royale , je m'arrête devant mon cheval, déjà atteint. Je me tourne vers William.

"-Comment vais-je faire ? Je ne peux monter à cheval ainsi habillée.

-Ne vous inquiétez pas, j'ai tout prévu. 

-Que voulez-vous dire ?"

Il me sourit malicieusement et tire d'un coup sur le bas de ma robe. Je suis étonnée, mais heureuse lorsque je vois que celle-ci laisse place à un pantalon en tissu clair. Je le regarde avec questionnement.

"-J'ai généreusement payé le couturier afin qu'il ajuste un peu cette robe.

-Vous aviez tout prévu ? Même les chevaux...

-Oui, je voulais que tout soit parfait. Quant aux chevaux, j'ai reçu l'aide de David."

Je souris à l'entente du nom de mon ami. Il m'aide à vivre ma  propre vie, c'est un geste inoubliable.

"-A présent si vous n'y voyez aucun inconvénient... Partons, ils nous rattrapent.

-Oh, désolée. Oui, allons-y."

Agilement, nous montons à cheval. Il ne faut pas risquer de se faire attraper, alors nous partons à toute vitesse hors de cette prison qu'est le château. 

Nous sommes à présent à une centaine de mètres de la grande porte. Je tourne la tête et vois les gardes grimper à leur tour sur les chevaux de l'écurie, déjà sellés par les nombreux palefreniers. 

A travers le village, nous tentons de créer le plus d'espace possible entre eux et nous. Ayant une longueur d'avance, nous tournons dans des ruelles, sans qu'ils ne nous voient. La tâche nous est compliquée à cause des habitants qui se baladent. Certains cherchent et surveillent leurs enfants, d'autres inspectent les rues à la recherche de choses à acheter, tandis que d'autres encore se ruent sur les côtés des allées à notre passage, craignant d'être blessés. William commence alors à ralentir, puis je fais de même. Nous sommes dans un passage étroit, menant à un parc. Alors que nous nous arrêtons, j'écoute les sons. Des bruits de vaisselle, de démarches pressées, d'animaux qu'on promène. Rien que ces bruits parviennent à mes oreilles, aucun troupeau de sabots ou de cris nous appelant. Je me rassure, mais fais part de mes inquiétudes à William. 

"-Je n'entends pas les gardes. Cependant, n'importe qui pourrait nous dénoncer en échange d'une certaine somme.

-Vous avez raison. Profitons que personne ne nous ait encore trouvé pour fuir. Je connais un endroit sûr, une auberge. C'est dans le royaume mais personne ne nous trouvera là-bas. De plus, la propriétaire sera ravie de nous aider.

-Est-ce loin ? Et combien de remps resterons-nous ?

-Trois jours de marche, si il ne nous arrive rien. Et nous y resterons le temps que les recherches se calment.

-D'accord. J'ai peur, mais je ne peux renoncer maintenant. Partons à présent."

Nous observons les alentours et, sans preuve de danger, partons en direction des prés verdoyants et des terres lointaines. 


William et moi avons quitté le royaume. Nous ne croisons que bêtes, forêts et chemins. Solis et Scelta, n'étant pas habitués à de telles distances, commencent à faiblir à cause de la chaleur. Nous décidons alors de nous arrêter sous une grotte bordant la forêt qui entoure le royaume. Je desselle nos chevaux, tandis que William part chercher de quoi faire un feu. Les nuits commencent déjà à devenir fraîches au palais, alors je n'imagine pas au dehors. 

Je me munie d'une couverture que David a placé dans l'une des sacoches, puis l'installe dans la grotte, près des cailloux que nous avons installé en rond. Quelques dizaines de minutes plus tard, lorsque je brosse le poil de Solis, je vois le prince arriver, les bras chargés de brindilles et de morceaux de bois. Il les place au milieu du cercle de cailloux en les croisant vers le haut.  Il tente d'allumer un feu tandis que je pars explorer les alentours. 

Je marche seule, perdue dans mes pensées les plus profondes. Je pense à William, je pense à mon père, je pense à ce mariage annulé, je pense à notre fuite. Surtout aux conséquences de cela. Du plus profond de mon cœur, j'espère que cet acte ne causera pas de guerre. 

La nuit commençant à tomber, je me hâte à notre abri, je ne souhaite pas croiser de bêtes étant capables de m'arracher les chairs. Heureusement, je ne me suis pas trop éloigné. 

"-La balade était-elle plaisante ?

-Fort plaisante oui. Je vois que vous avez dompté le feu.

-Cela n'a pas été facile, mais j'ai enfin réussi."

Nous nous sourions, en tentant de contenir nos émotions mises à l'épreuves durant cette journée. William s'approche de moi, faisant battre mon cœur à un rythme irrégulier. 

"- Allez dormir Princesse, ce jour fût éprouvant. Je vais monter le garde, alors ne vous faites aucune inquiétude. 

-Mais vous devez vous reposer également.

-Ne vous en faites pas pour moi. Bonne nuit Charlotte."

Lorsqu'il dit ces mots, ses mains entourent délicatement mon visage, puis ses lèvres se posent affectueusement sur mon front. Je ferme les yeux, appréciant ce geste. 




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