Là où naissent les roses

Chapitre 22 : Vivant ?

Tellement de questions traversent mon esprit. Pourquoi seulement elle ? Pourquoi seulement Scelta ? Et à qui appartient donc tout ce sang ? Je dois aller le voir. Je me dois d'aller le chercher. Mais ses mots résonnent dans ma tête... "ne vous retournez pas". Il n'existe que peu de chances que William soit... Vivant. Mais je dois m'en assurer. Il a énormément risqué pour me sortir de mon enfer, alors je me dois d'aller le sauver. Ou plutôt d'essayer. 

Je tiens les rênes des deux chevaux en me dirigeant prudemment vers la vallée où le prince s'est réfugié. Un fin ruisseau s'écoule de la colline adjacente, venant embrasser mes pieds tâchés de sang. L'eau, bien qu'apaisante pour ceux-ci, me procure un frisson. Il faut avouer qu'elle est très fraîche. Pour la deuxième fois de la journée, j'attache les rênes à un arbre. J'avise un corps de loup brun, tâché de sang. Cependant, il respire encore. Il couine, ce qui m'oblige à m'approcher de lui. Bien que me défendre contre ces bêtes ne me dérange pas, je ne peux supporter d'en voir une souffrir. Quand je regarde ses yeux, c'est comme si cet animal me suppliait de l'achever. Je prends une grande respiration, puis enfonce mon couteau dans son ventre, mettant fin à son supplice. 

Je me remets en route, croisant trois autres cadavres. C'est cruel, mais j'espère que William est venu à bout de toutes ces bêtes. J'observe les environs, constitués de plusieurs grottes er d'arbres majestueux. Soudain, j'entends un hurlement de douleur suivi d'un couinement. Je me précipite vers la source de ces bruits. Il est vivant. Mais peut-être plus pour longtemps. Je cours, pleine d'espoir. 

Je m'arrête lorsque je vois l'une des bêtes être transpercée par une longue lame rouge. Je trouve que j'ai vu trop de sang pour aujourd'hui. Elle tombe à terre et je découvre un prince essoufflé, blessé au bras, et assez profondément. Lorsqu'il m'aperçoit, un faible sourire se dresse sur son visage. Plus que deux loups lui font face. L'un se place devant lui, prêt à lui sauter à la gorge. Je n'ai point le temps de réfléchir. Je me munis de ma dague. Je ramasse également une pierre et, après avoir sifflé, la jette sur la tête du loup. Celui-ci fuit au loin. Quant au dernier, il semble plus gros, plus féroce. J'attire son attention le temps que l'homme à terre se relève. Ceci fait, il se jette sur lui et plante son épée dans son corps plein de cicatrices. Ces loups sont enfin morts. 

Je me précipite vers William, énervée et inquiète. 

"-Mais enfin êtes-vous fou ?! Pourquoi vous être séparé de moi ? J'ai eu si peur !

-Je m'en excuse, mais je n'aurai jamais permis qu'il vous arrive quoi que ce soit. C'était la meilleure chose à faire, quitte à en perdre la vie.

-Ne refaites jamais cela. Jamais. Si j'étais arrivée plus tard... Je n'aurais retrouvé qu'une carcasse de votre personne. 

-Ne vous en faites pas Charlotte. Plus jamais je ne me séparerai de vous. Mais... Des loups vous suivaient. Vous n'avez rien ?"

Le prince se redresse, l'air confus. Il se tient le bras qui saigne à cause des morsures accumulées. Je souris, afin de la rassurer, puis lui raconte mon combat. 

William fait de nombreuses caresses à sa jument adorée, heureux de ne pas l'avoir perdue. J'ai maladroitement enveloppé sa plaie avec des morceaux de tissu pris une nouvelle fois sur ce qu'il reste de ma robe, après l'avoir nettoyé à l'eau fraîche. Nous remontons à cheval, et nous repartons dans la direction de l'auberge. 

"-Votre bras ne vous fait pas trop mal ?

-Non, c'est supportable. Cela fera une histoire à raconter plus tard.

-A qui voudrez-vous la raconter ?

-Eh bien... J'avais pensé à ma mère. Ou à mes enfants, si j'en ai un jour.

-Je vous l'espère. William."

Nous arrêtons nos chevaux et il tourne son visage vers moi, attendant que je poursuive ma phrase.

"Peu importe le temps que cela prendra, vous reverrez votre mère. Je la ferai libérer, en tant que princesse, ou en tant que reine.

-Charlotte... Vous avez dit reine ? 

-Toutes mes excuses mon prince.

-Pourquoi ces excuses ? Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ?

-Pas pour l'instant. Ne vous inquiétez de rien."

Je pars devant, le laissant dans ses pensées. Il n'a pas l'air rassuré concernant cette... Affaire.  Il sera furieux quand il se rendra compte de ma supercherie. Mais je me fiche de ce qu'il pense concernant cela. Je le fais pour nous protéger. Pour le protéger lui. Pour tous les protéger. 

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Nous arrivons à la fin du voyage. Au loin, nous apercevons l'auberge. Ni trop petite, ni trop grande, entourée de petits prés pour le bétail et de boxs pour, je présume, les montures des clients. Je me demande quel lien ont William et la personne responsable de ce bâtiment. 

Le prince se trouve à une vingtaine de mètres de moi, le sourire aux lèvres. Il est visiblement très heureux de rendre visite à cette femme, qui qu'elle soit. Je ne lui demande pas. Il faut dire qu'il n'a pas apprécié mes cachoteries d'hier. Si il savait que je fais cela pour son bien, comprendrait-il ? Ou alors serait-il en colère contre moi ou contre ma décision ? Je me pose tant de questions, mais je ne peux espérer aucune réponse étant donné qu'il n'est au courant de rien. 

Vivement que l'on arrive, Solis a bien besoin de repos et Scelta également, d'autant plus qu'elle a été blessée légèrement à la croupe par l'un des loups. Ce qui ne tarde pas. Penser est apparemment une activité qui fait passer le temps. 

La propriété est entourée d'une barrière en bois clair, qui borde chaque pré. L'entrée est une haute sculpture du même bois. Nous nous rapprochons lentement de l'auberge, et j'avise une femme assez petite, fine et aux cheveux blonds relevés en un élégant chignon. Son visage est fermé, mais son expression change du tout au tout lorsqu'elle voit celui qui m'accompagne. A présent, un magnifique sourire orne son visage légèrement marqué par le temps. 

A peine descendu de cheval, William se précipite vers la femme afin de l'enlacer tendrement.